Le temps des machines intelligentes est presque sur nous. Entre les aspirateurs automatiques, les simulacres d'animaux de compagnie et les prototypes de robots capables d'aider les grands-mères dans leur vie de tous les jours, on se dit que la réalité est en train de prendre le pas sur la fiction. Reste qu'on appréciera toujours la sinistre extrapolation que représente la série des Terminator, avec ces robots tueurs, désireux d'exterminer la race de ses créateurs. Alors que le quatrième épisode de la célèbre série s'apprête enfin à déferler dans les salles obscures, Warner se devait de nous servir une bonne grosse adaptation vidéoludique des familles. Hélas...
Skynet a bel et bien mis son plan d'extermination de la race humaine à exécution. Perdu dans les décombres fumants de Los Angeles, nous retrouvons ainsi un John Connor déterminé mais qui n'est encore qu'un simple sous-fifre. En effet, le bonhomme n'occupe pas encore le poste auquel on le sait destiné : celui de chef de la résistance humaine. En ce sens, Terminator Renaissance constitue davantage un prélude au film qu'une adaptation pure et dure. De fait, le scénario présenté ne cherche finalement qu'à mettre en scène le réveil du héros, sa prise de conscience de ses qualités de leader. Au début de l'aventure, John Connor va ainsi contester les ordres directs de son supérieur en refusant d'abandonner des soldats humains coincés sur le champ de bataille. S'ensuivra une série de niveaux lors desquels notre fier héros, qui n'a d'ailleurs pas les traits de Christian Bale, s'évertuera à porter secours à des soldats en péril. Bref, disons le clairement, le scénario de Terminator Renaissance ne vole pas bien haut.
Du coup, comme on ne profitera pas d'une grande aventure riche en rebondissements, on tentera de se rabattre sur le gameplay en lui-même. Mais là encore, nos généreux espoirs s'effondrent rapidement au contact d'une froide et dure réalité. Terminator Renaissance prend effectivement la forme d'un jeu de tir à la troisième personne tout à fait quelconque dans lequel vous passerez l'essentiel de votre temps à affronter les 4 mêmes ennemis. Comptez ainsi sur de nombreux drones volants, des tripotées d'araignées mécaniques, des T600 qui logiquement, se contentent de marcher vers vous comme des automates, puis des androïdes absolument semblables aux T600 à ceci près qu'ils arborent un semblant de peau humaine. Pour vaincre ce minuscule cheptel de robots, une seule méthode à répéter pendant les 4 heures que dureront l'aventure : le contournement. A l'exception des fragiles Aerostats, les ennemis ont tous la bonne idée de ne pas avoir de blindage dans le dos. Un défaut sans doute imputable à la crise économique, Skynet cherchant sans doute à réduire les coûts de production de ses machines à tuer.
En plus d'imposer des affrontements ultra répétitifs lors desquels on cherchera toujours à sauter de couverture en couverture pour contourner l'adversaire, cette jolie mécanique n'a même pas l'élégance de fonctionner correctement. Pourquoi ? Parce que les joyeux collègues qui vous accompagnent lors de vos pérégrinations s'avèrent généralement aussi compétents que des bigorneaux de combat. Même lorsque vous vous arrangez pour qu'une araignée tourne le dos à vos potes, ces derniers mettront parfois plus de trente secondes avant de profiter de l'occasion pour la blaster. Cela dit, le problème peut être en partie évité en invitant un de vos potes à partager votre calvaire en écran splitté, seule possibilité pour parcourir le jeu à deux. Mais le fait de fonctionner en binôme n'a qu'un seul effet tangible, celui d'écourter sensiblement la durée de vie d'un soft qui ne brille déjà pas par sa longévité. Même avec un collègue, la grande répétitivité des affrontements ainsi que leur platitude n'en seront pas altérées pour autant.
Bon, Terminator Renaissance tente bien de nous offrir un peu de diversité en incluant quelques séquences qui ne fonctionnent pas sur le traditionnel schéma "moi vois, moi contourne tant bien que mal, moi tue". On se retrouvera par exemple opposé aux terribles Hunter-Killers, gros vaisseaux à la puissance de feu démesurée, qu'on ne pourra d'ailleurs abattre qu'à grands coups de roquettes dans le pare-chocs. Il sera également question de séquences insipides de shoot sur rails lors de poursuites en véhicules, le tout culminant en une scène assez pitoyable lors de laquelle vous prendrez le contrôle direct d'un Harverster, colosse de métal, pour le retourner contre les machines. Mais une fois encore, le grand classicisme de ces ajouts les empêche généralement de faire monter la pression et d'accélérer le rythme de l'aventure que bien des joueurs qualifieront indubitablement de "over méga giga molle". Ce sentiment sera d'ailleurs renforcé par la relative faiblesse de l'arsenal disponible. Très limité, ce dernier ne parvient jamais vraiment à procurer la moindre impression de puissance. On ne ressentira que rarement les impacts, au point qu'on sera parfois surpris de voir un T-600 s'effondrer sous une pluie de balles en mousse.
Bref, il est probablement temps d'arrêter les frais, l'addition commençant à se montrer salée. Terminator Renaissance a semble-t-il été balancé dans le commerce le plus rapidement possible, afin d'accompagner la sortie du film et donc de générer encore un petit peu plus de pépètes. Court, déséquilibré, répétitif, insipide, le soft oscille en permanence entre le mauvais et le quelconque. Au final, Terminator Renaissance entre avec un certain panache dans le sinistre clan des adaptations malhonnêtes, dénuées de qualités ludiques. Difficile dans ces conditions de le recommander à quiconque, même le temps d'une location.
- Graphismes12/20
En dehors de certaines animations réussies lors des changements de couverture, le moteur de Terminator n'a vraiment pas de quoi faire tomber à la renverse, sans pour autant faire preuve d'une véritable laideur. Il est simplement très moyen et esthétiquement bien peu inspiré.
- Jouabilité8/20
Si le système de couverture basé sur un petit menu radial fonctionne correctement, c'est davantage la nature des affrontements qui laisse à désirer. Le jeu repose en grande partie sur une seule mécanique : le contournement. Une manoeuvre parfois difficile à effectuer en solo, du fait de la passivité de vos compagnons d'armes et de la forte propension des ennemis à ne voir que vous. Pour le reste, Terminator Renaissance enchaîne les lieux-communs et s'enferre dans une progression terriblement uniforme.
- Durée de vie5/20
Un point par heure de jeu en Difficile, beaucoup moins dans les modes inférieurs... Terminator Renaissance s'avère effectivement très court (ce qui entre nous, ne constitue pas vraiment un défaut) et ne propose aucun bonus ni aucun objet à collecter. Côté multi, on se contente d'un mode coopération en écran splitté, point barre.
- Bande son12/20
La plupart des thèmes musicaux nous viennent directement des films, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Mais on n'en dira pas autant des dialogues en anglais, plats et débités sans trop de conviction. Dommage puisqu'il s'agit tout de même des voix des véritables acteurs, John Connor excepté.
- Scénario8/20
Un scénario ultra basique censé se dérouler 2 ans avant les événements du film. On y découvre l'irrésistible ascension de John Connor (qui n'a d'ailleurs pas les traits de Christin Bale) à la tête de la résistance humaine. Le tout est maladroitement haché par de trop nombreuses cinématiques à la réalisation approximative. Pour couronner le tout, la platitude de la mise en scène ne parvient jamais à insuffler un semblant de vie à une histoire dont on ne pourra que se désintéresser au bout d'un quart d'heure.
Pur produit marketing, Terminator Renaissance est né d'un développement nécessairement bref, et cela se sent. Alignant une intelligence artificielle chevrotante, un level-design sans envergure, un gameplay au ras des pâquerettes ainsi qu'un contenu maigrichon, le titre passe du quelconque dans ses meilleurs moments au carrément médiocre dans ses pires instants. On ne saura vous conseiller qu'une seule chose : laissez tomber le machin, gardez votre argent et contentez-vous des films.