Original de prime abord, Spectral Force Genesis combine à la fois jeu de rôle, stratégie en temps réel et wargame pour nous proposer ce que ses développeurs appellent "une expérience unique". Un point sur lequel on sera volontiers d'accord mais probablement pas pour les mêmes raisons qu'eux.
Ravagé par des guerres incessantes, et abandonné des Dieux, le monde de Neverland est sur le point de sombrer dans le chaos. Ses habitants sont divisés et ses quarante nations, jadis unies sous la bannière d'une république fédérale, sont désormais livrées à elles-même. Placé à la tête de l'une de ces provinces souveraines, le joueur aura donc pour lourde tâche de conquérir les 39 autres afin d'instaurer à nouveau une ère de paix et de prospérité. Il devra administrer son territoire, recruter des officiers, lever des armées, et remporter de nombreuses batailles contre ses voisins tout en ménageant ses relations diplomatiques. La ressemblance avec la série Nobunaga's Ambition de l'éditeur Koei est assez frappante dès le début de la partie. Mais le malaise ne fait que s'accentuer quand on s'aperçoit que la plupart des mécanismes de jeu de Spectral Force Genesis sont clairement copiés sur ceux de la série Romance of the Three Kingdom. De fait, en guise d'"expérience unique", le joueur comprendra rapidement qu'il a plutôt affaire à un médiocre plagiat de ces titres vieux de plusieurs années.
Le gameplay de Spectral Force Genesis est basé sur une succession de phases représentant chacune un mois complet. Néanmoins, si le mois de janvier est invariablement consacré aux finances et à l'enrôlement de soldats, toutes les phases suivantes sont déterminées... aléatoirement ! Ainsi, le joueur ne sait jamais quand il va pouvoir développer son territoire, se lancer dans une bataille ou effectuer des tractations diplomatiques. C'est le hasard qui décide à sa place ce qu'il a le droit de faire ou pas. Comment une idée aussi saugrenue a-t-elle pu germer dans le cerveau des développeurs ? On se le demande encore. Et on vous laisse imaginer à quel point ce système ridicule complique l'élaboration d'une stratégie cohérente. Mais ce n'est pas bien grave au fond car les possibilités sont tellement limitées qu'il n'est même pas nécessaire d'en définir une. En effet, le commerce se résume à échanger quatre ressources pour faire des bénéfices ahurissants (l'argent n'est plus un problème dès la première année), l'entretien de nos troupes est automatique, et la gestion des provinces consiste simplement à se préoccuper de deux misérables variables : la défense et la productivité. Par ailleurs, la diplomatie est surévaluée au point de ruiner la partie. Il est par exemple possible de recruter l'intégralité des officiers d'une nation ennemie en moins d'un tour et même d'obtenir la soumission de son chef alors qu'il était justement sur le point de nous écraser militairement.
On pourrait penser que les combats en temps réel s'élèvent un peu au-dessus du lot. Hélas, il n'en est rien. Bien qu'il existe des dizaines d'unités différentes réparties en trois catégories se neutralisant les unes les autres selon le principe pierre–feuille-ciseaux, on ne peut contrôler que trois d'entre elles sur des champs de bataille absolument minuscules. Après avoir sélectionné nos officiers et lancé l'offensive, on n'a pas le temps de sortir le stylet pour les diriger qu'elles se retrouvent déjà au contact des troupes ennemies. A partir de là, tout ce qu'on peut faire c'est activer des capacités spéciales au fur et à mesure que l'on reçoit ou inflige des dommages. Triste et ennuyeux à mourir. Et les sièges qui ont lieu après une éventuelle victoire ne sont guère plus réjouissants puisqu'ils consistent à regarder nos troupes monter à l'assaut de la forteresse ennemie à trois reprises en priant pour qu'elles parviennent à la faire tomber. Bien entendu, en ce qui concerne la défense de nos propres bastions, une passivité totale est également de rigueur. Au final, on a donc un jeu qui s'inspire sans le moindre scrupule de deux séries bien connues des amateurs de stratégie pour en massacrer sans vergogne tous les mécanismes. Il n'y a plus qu'à espérer qu'une brillante version DS de Nobunaga's Ambition ou Romance of the Three Kingdom vienne un jour réparer l'outrage.
- Graphismes12/20
Les graphismes importent peu quand il s'agit de jeux de stratégie ou de gestion. Ceux de Spectral Force Genesis sont corrects, sans plus.
- Jouabilité8/20
Le joueur n'a aucun contrôle sur les différentes phases qui se succèdent durant l'année. Du coup, il est extrêmement difficile de se fixer des objectifs précis. La gestion de notre territoire se limite à peau de chagrin, les combats en temps réel sont très décevants. Quant à l'aspect jeu de rôle, on le cherche encore.
- Durée de vie10/20
Il ne faut pas plus de quelques heures pour s'apercevoir qu'une partie de Spectral Force Genesis se résume à effectuer encore et encore les mêmes tâches sans intérêt. Les différences entre les 7 nations jouables sont par ailleurs minimes.
- Bande son6/20
Seul, un thème sans relief tourne en boucle jusqu'à ce que l'on trouve enfin le moyen de le désactiver dans les options.
- Scénario8/20
Bien que chaque nation bénéficie d'une histoire unique illustrée de temps à autre par quelques dialogues en anglais, le scénario reste largement à l'arrière-plan.
S'inspirant très largement des productions Koei, Spectral Force Genesis ne parvient pourtant à aucun moment à en approcher le niveau. La gestion de notre domaine est ultra basique, les combats en temps réel sont inintéressants, et la succession aléatoire des différentes phases de jeu ruine tous nos efforts pour construire une stratégie à long terme.