Il était une fois un jeune homme qui habitait seul avec son chat au fin fond d'une épaisse forêt. Sans famille, ce jeune homme amnésique menait une vie paisible en retrait de la folie du monde. Un jour cependant, un mystérieux individu se présentant comme un professeur d'alchimie l'invite à rejoindre la prestigieuse Académie d'alchimie d'Al Revis. C'est alors, pour notre héros qui s'ignore, le début d'une aventure passionnante. En revanche, pour nous, c'est le début d'un véritable cauchemar. A peine arrive-t-on à Al Revis que les problèmes techniques sautent aux yeux. Temps de chargements ahurissants, animations saccadées, plantages... L'histoire vient tout juste de démarrer qu'on a déjà envie de balancer l'UMD de Mana Khemia aux orties.

Pourtant, il y avait de quoi s'amuser entre les diverses tâches que nous confient nos professeurs, le système d'alchimie passionnant inspiré des Atelier Iris et les nombreux environnements extérieurs à explorer. Le campus qui nous sert de quartier général est immense, on peut discuter avec de nombreux personnages, la liste des objets à récupérer et à combiner est impressionnante. Le scénario à la Harry Potter est plutôt sympa. On peut choisir les cours que l'on souhaite suivre. Au fur et à mesure de la progression, notre équipe s'agrandit et de nouvelles missions deviennent accessibles. Seulement voilà, le moindre changement de zone, le moindre dialogue et le moindre accès au menu impliquent tous un temps de chargement allant parfois jusqu'à une bonne quarantaine de secondes. Et ce n'est pas tout ! La première fois que notre héros saute dans le décor ou s'approche d'un point de sauvegarde par exemple, l'action se fige un instant le temps que la console retrouve l'animation sur l'UMD. Les titres mal optimisés ne sont pas rares sur PSP mais Mana Khemia est bien parti pour devenir une véritable référence en la matière.

Evidemment, les phases d'exploration et de collecte des matériaux à l'extérieur de l'Académie ne sont pas épargnées par les soucis de programmation. Toutefois, on prend quand même un certain plaisir à se promener dans les décors à la recherche des ingrédients rares qui nous permettront de synthétiser des objets puissants. Les monstres visibles à l'écran n'attendent qu'une erreur d'inattention de notre part pour nous tomber sur le dos mais les combats au tour par tour qui en découlent sont assez sympathiques. Classiques dans leur approche, ils mettent en scène trois personnages de notre équipe qui peuvent au choix attaquer, utiliser des capacités spéciales ou encore aller chercher des objets dans leur sac à dos. Pour peu qu'on le juge nécessaire, il est possible à tout moment de remplacer un combattant en difficulté par un personnage de réserve et si l'on sent que l'on ne s'en sort pas, rien ne nous empêche de fuir.

Contrairement à la plupart des jeux de rôle, l'expérience gagnée durant les affrontements n'est pas immédiatement utilisable. En effet, il faut d'abord déverrouiller les nombreux embranchements d'une carte de progression en fabriquant des objets particuliers pour pouvoir acheter des bonus et améliorer les statistiques de nos coéquipiers. Ceci nous pousse donc à accorder encore plus d'attention au système de synthèse qui est au coeur de Mana Khemia. Remarquablement riche, celui-ci tient compte de nombreux paramètres comme la nature des ingrédients, le niveau d'Ether, ou encore le soutien de nos amis. En principe, un tel système aurait pu retenir notre attention durant des heures mais la navigation dans les menus est constamment ralentie par, devinez quoi, d'incessants temps de chargements. Au point que les développeurs, pris de remords, ont concocté à la va-vite une petite option permettant de stocker les données de notre inventaire sur le Memory Stick. Pas de chance, on ne ressentira les minces effets de cette installation gourmande en ressources que sur les dernières versions de PSP, et encore...

Au final, Mana Khemia génère donc un immense sentiment de frustration. On devine qu'il s'agit d'un bon jeu de rôle, ce que les heureux possesseurs de la version PS2 peuvent d'ailleurs confirmer, mais dans les faits, l'expérience se révèle tout simplement atroce. A moins d'avoir une revue à portée de main pour se distraire durant les dizaines d'écrans de chargements qui plombent complètement l'aventure ou de faire preuve d'une patience surhumaine, il est virtuellement impossible de profiter de ses mécanismes de jeu intéressants et de son univers accrocheur. Comment peut-on lancer sur le marché une adaptation aussi mal programmée ? On se le demande encore...