Suite au succès phénoménal des derniers épisodes PSP de Monster Hunter au Japon, tous les éditeurs prennent aujourd'hui modèle sur le célèbre hit de Capcom pour essayer de réaliser à leur tour des profits faramineux. Cette fois-ci, c'est Koei qui s'y colle en bousculant le concept de sa série phare Dynasty Warriors. Nouveaux graphismes, fonctionnalités inédites, système de commerce, mode multijoueur, les développeurs de Strikeforce se sont manifestement donnés à fond dans l'espoir de séduire le plus de joueurs possible. Y parviendront-ils ? Réponse dans ce test.
On ne compte plus le nombre d'épisodes que compte la prolifique série des Dynasty Warriors. Chaque fois, il est question de revivre la magnifique épopée des Trois Royaumes à travers des batailles épiques mettant en scène des armées entières et des héros fameux. Si sur le fond, Strikeforce ne déroge pas à la règle en nous invitant une fois de plus à matraquer les boutons de la console pour terrasser des hordes d'adversaires, sur la forme, on peut dire que beaucoup de choses ont changé.
Tout d'abord, les différents environnements que l'on peut parcourir ont été découpés en zones fermées plus petites, séparées entre elles par des limites fictives comme dans Monster Hunter. Le soin apporté aux graphismes est flagrant et si les ennemis sont bien moins nombreux qu'auparavant, ils sont incontestablement plus variés et moins stupides. On rencontre même des créatures gigantesques qui nous feront passer un sale quart d'heure. Ensuite chaque héros peut se transformer en super guerrier et se battre aussi bien sur la terre ferme que dans les airs. Ils emportent maintenant deux armes customisables avec eux et des pouvoirs spéciaux leur permettent de réaliser toutes sortes d'exploits. Enfin, le joueur aura la possibilité de visiter une ville entre chaque mission pour troquer tout un tas de matériaux glanés au hasard de ses pérégrinations avec des marchands ou des artisans.
Ceci dit, la nouveauté la plus marquante de Dynasty Warriors Strikeforce est incontestablement son mode multijoueur. S'inspirant largement de la série Monster Hunter, ce dernier permet en effet de convier jusqu'à trois amis à nos côtés pour tenter de remplir des dizaines de missions officielles et abattre des boss surpuissants. A vrai dire, on ne sera pas trop de quatre sur le champ de bataille tant la difficulté de certains challenges est élevée. Que cela soit sur terre ou dans les airs, les officiers ennemis sont redoutables et on ne peut pas faire cent mètres sans tomber sur une baliste ou un générateur de boules de feu planqué dans les décors. Les combos dont on dispose sont très pauvres, les statistiques de nos héros évoluent avec une lenteur consternante et pour peu que l'on ne soit pas assez riche pour s'offrir les meilleurs équipements en ville, notre espérance de vie est vraiment limitée. Heureusement, en remplissant une jauge de pouvoir, il est désormais possible d'activer un mode Furie qui ne prend fin que lorsque notre réserve d'énergie est vide ou que l'on déclenche l'un des fameux Musou bien connus des fans de la série. Dans cet état, on frappe plus fort, on saute plus haut, et l'apparence de notre personnage change pour en mettre plein la vue à nos coéquipiers et à nos adversaires. De fait, l'utilisation judicieuse du mode Furie est essentielle pour espérer l'emporter.
Si l'aventure est plutôt stimulante à plusieurs, les joueurs solos, eux, risquent bien de jeter l'éponge devant la nécessité de refaire cinquante fois les mêmes missions pour améliorer leur équipement et booster les statistiques de leurs personnages. Il faut dire que si certains défis sont déjà difficiles à relever en multijoueur, ils deviennent carrément frustrants quand on ne peut compter que sur soi. Nous avons eu beau relancer la première mission légendaire une bonne dizaine de fois après avoir passé des heures à nous entraîner dans des quêtes annexes, nous avons été absolument incapables d'en venir à bout. Dès lors, nous avons de sérieuses raisons de penser que sans l'aide de quelques amis disposés à venir nous prêter main-forte, il est virtuellement impossible de sortir vainqueur de ce type d'affrontements. Et il y a plus grave encore. La caméra est tellement mal placée qu'à moins d'avoir des coéquipiers pour surveiller nos arrières, on sera régulièrement attaqué à l'improviste ou blessé par les divers projectiles sillonnant l'écran. Sachant qu'une bonne partie des combats se déroule à présent dans les airs, nous vous laissons imaginer à quel point, les soucis de visibilité habituels de la série deviennent préoccupants dans Strikeforce. En fait, si les développeurs n'avaient pas implémenté un système de lock pour éviter de perdre de vue nos adversaires trop souvent, le titre aurait tout simplement été injouable.
Pour autant, même en solo, les fans de la première heure auront du mal à lâcher leur console tant cet épisode est rafraîchissant. Ainsi, les villes constituent un net progrès par rapport aux épisodes antérieurs. On y trouve des marchands et des artisans prêts à nous fournir les plus beaux objets ou à nous enseigner des techniques redoutables en échange d'un peu d'or et des matériaux adéquats. On peut par exemple acheter des dizaines d'armes et placer sur chacune d'entre elle des orbes afin de leur attribuer différents bonus. On peut également attribuer quatre capacités spéciales à son personnage lui permettant de sauter plus haut ou de gagner plus d'expérience. Par ailleurs, une épicerie vend tout un tas de potions et de pièges à utiliser sur le champ de bataille et un bazar nous permet de troquer nos matériaux inutiles. De temps à autre, on rencontrera l'un des officiers bien connus de Dynasty Warriors qui, au lieu de nous assister au combat, nous offrira des cartes pour améliorer les boutiques. On aura également le choix entre plusieurs membres de notre faction au fur et à mesure du déroulement de l'histoire. Bref, il y a de quoi s'extasier devant le travail de Koei. Le problème, c'est qu'à moins d'être un fan inconditionnel de Dynasty Warriors ou d'avoir des amis prêts à jouer avec nous, on aura bien du mal à supporter les défauts dont souffre la série en général et cet épisode en particulier.
- Graphismes14/20
Jamais un épisode PSP de Dynasty Warriors n'avait bénéficié d'un tel soin au niveau des graphismes. Les décors sont variés, les arrière-plans sont beaux et les nombreux officiers sont bien modélisés. Toutefois, une fois tout équipé, notre héros ressemble parfois à un sapin de Noël et les bugs de collision sont encore légion.
- Jouabilité12/20
Des combats aériens, des transformations en super guerrier, des boss gigantesques, des villes, un mode multijoueur, Dynasty Warriors Strikeforce avait tout pour asséner une grande claque aux fans de la série comme aux néophytes. Malheureusement, en solo, la progression est extrêmement lente et la difficulté de certaines missions est telle qu'on risque de se décourager dès le début de l'aventure. De plus, la caméra pose constamment problème, les coups sont basiques et les affrontements sont très répétitifs.
- Durée de vie15/20
On peut choisir entre les trois factions habituelles des Trois Royaumes et diriger une bonne quarantaine de héros. Il y a des centaines de matériaux à ramasser dans les décors et d'objets à acheter dans les magasins. Par ailleurs, les missions officielles et les quêtes annexes sont très nombreuses.
- Bande son12/20
Rien ne distingue vraiment la bande-son de cet épisode de celle des autres opus. Les batailles se déroulent donc sur fond de guitare électrique tandis que des airs typiquement chinois nous accompagnent dans les villes.
- Scénario13/20
Les trois scénarios proposés (un pour chaque faction) suivent fidèlement l'histoire des Trois Royaumes. Néanmoins, ils sont désormais illustrés par de superbes cinématiques.
Clairement orienté multijoueur, Dynasty Warriors Strikeforce ne vaut vraiment le détour que si l'on a l'opportunité de réunir quelques amis autour de soi pour se lancer ensemble sur le champ de bataille. En solo, bien que l'on puisse se réjouir dans un premier temps du soin apporté aux graphismes ou des nouveaux mécanismes de jeu, on jettera vite l'éponge devant la difficulté ahurissante de certaines missions et les problèmes de caméra récurrents.