Tous ceux qui ont joué au premier Still Life s'en souviennent : l'aventure se terminait par une séquence haletante où Vic MacPherson abattait le tueur. Mais son corps tombait dans la rivière et ne fut jamais retrouvé, emportant ainsi le secret de son identité... Depuis quelques semaines, les développeurs du studio Gameco prennent un malin plaisir à torturer les joueurs en multipliant les hypothèses sur le site officiel du jeu. Etait-ce David Miller, le coéquipier de Victoria ? Ou plutôt son patron, Todd Browning ? A moins qu'il ne s'agisse de Richard, son fiancé ? Voire de son propre père Patrick ? Le mystère continue de planer... Mais plus pour longtemps, rassurez-vous, car à la fin de Still Life 2, vous saurez. Toutefois, n'allons pas plus loin dans ce registre ô combien sensible et concentrons-nous donc plutôt sur la nouvelle enquête de Vic.

Car un nouveau tueur en série sévit. Rapidement baptisé "le Bourreau de la côte est" par les médias, il a déjà enlevé et assassiné plusieurs jeunes femmes. Le problème, c'est qu'il est très habile, ne laissant jamais aucun indice derrière lui à part quelques vidéos où il en profite pour narguer tout le monde... Vic piétine, son enquête est au point mort, et la jeune journaliste aux dents longues Paloma Hernandez lui met la pression. Jusqu'au jour où elle se fait kidnapper à son tour. L'histoire alterne alors les phases de jeu : tantôt dans la peau de Vic MacPherson qui suit la trace du tueur, tantôt dans celle de Paloma qui tente d'échapper à ses griffes. Le scénario, qui puise son inspiration dans quelques grands thillers cinématographiques, est plutôt bien ficelé. Bien sûr, on n'échappe pas à quelques clichés du genre, comme la rivalité police locale/FBI... Mais il faut reconnaître que l'atmosphère est très réussie, notamment grâce à l'excellente bande-son. Dommage que les graphismes ne soient pas à l'avenant... Still Life 2 pâtit de personnages grossièrement modélisés (il faut voir ce pauvre agent Garris) et de textures datées. Néanmoins, quelques décors intérieurs parviennent à sortir du lot pour imposer leur cachet délicieusement glauque. Les joueurs qui recherchent avant tout une ambiance forte peuvent donc se laisser séduire, à condition d'avoir le coeur bien accroché.

Au niveau du gameplay, le constat est également mitigé. Selon le protagoniste incarné, le jeu prend une tournure différente. Avec Victoria, Still Life 2 prend des airs des Experts. Comme dans le premier opus, elle est équipée de tout le matériel de la police scientifique, pour prélever et analyser empreintes, sang et autres preuves matérielles. Sans oublier son téléphone mobile, qui lui permet de rester en contact avec Claire, la légiste. Dans le rôle de Paloma, le gameplay se veut plus proche des jeux d'aventure traditionnels, avec des énigmes à résoudre pour tenter de se soustraire des geôles du tueur. Tel Jigsaw, le "tueur" de Saw, le Bourreau est un adepte des pièges retors. Il aime donner une chance à ses victimes de s'en sortir, tout en observant leur progression via ses caméras. Cette alternance entre deux personnages, même si elle n'est pas nouvelle dans le genre (le premier Still Life usait d'ailleurs déjà de ce procédé), permet de rythmer la partie. Elle est donc bienvenue.

Au rayon des moins bonnes idées, il y a cette fameuse gestion de l'inventaire. Celui-ci ne propose que 16 cases, probablement dans un souci de réalisme. Fini les point'n click où le héros se trimballe une baignoire, un fauteuil Louis XVI et un morse ivre en même temps dans les poches. Cette limitation part donc d'une bonne intention, mais dans les faits le système se révèle peut convaincant. Comme nous le soulignions déjà dans la preview, c'est source d'incohérences : impossible de porter à la fois un matelas et une petite lime à ongles de rien du tout... Et si vous avez 10 cases de libres et qu'une masse en prend 8, elle refusera tout de même de rentrer si vous ne lui faites pas de la place dans le bon sens. En effet, la masse est un objet facétieux qui refuse de se ranger horizontalement, elle reste désespérément bloquée à la verticale. Bref, vous l'aurez compris, cet inventaire a tout de la fausse bonne idée. Quant aux déplacements, ils souffrent également d'une certaine rigidité. Lorsque vous êtes en haut d'un escalier, n'espérez pas le descendre en cliquant sur le sol en bas des marches, un geste qui vient pourtant naturellement chez tous les habitués des jeux d'aventure. Il faut cliquer sur l'escalier lui-même pour lancer l'interaction. Sans ruiner l'expérience de jeu, ces quelques défauts empêchent Still Life 2 de soutenir la comparaison avec les autres point'n click du moment comme Memento Mori et surtout Secret Files 2.