Sous des dehors austères et peu engageants, N+ est un titre assez stupéfiant qui prouve encore une fois que les concepts les plus simples sont souvent les meilleurs. Lâché dans une série de tableaux piégés à l'extrême, vous allez réaliser que la plate-forme peut parfois offrir un avant-goût de l'enfer. N+ nous oblige à réapprendre la réussite par l'effort et la persévérance, une évidence que l'on avait presque fini par oublier.
Ne regardez pas les images ! Ou alors si, mais ne vous y attardez pas inconsidérément. Assumant totalement son graphisme épuré, N+ affiche également un gameplay d'une simplicité effrontée. Une croix directionnelle pour se mouvoir et un bouton pour sauter sont les seuls contrôles de jeu dont vous disposerez durant toute la durée du soft ! Mais n'allez pas croire que cela fasse de N+ un jeu basique, car son intérêt réside justement dans la gestion ultra poussée des sauts, des déplacements et autres rebonds qu'il va vous falloir maîtriser à la perfection si vous voulez vous en sortir.
L'une des grandes particularités du titre réside ainsi dans la physique du personnage, calculée à partir des notions d'angle et de vitesse d'une manière archi pointue, le but étant de pousser la plate-forme dans ce qu'elle peut offrir de plus exigeant. Les spécialistes de "speed run" (terminer un jeu le plus rapidement possible en jouant à la perfection) apprécieront. Les autres devront mettre leur sang-froid à rude épreuve pour surmonter les défis que représente chacun des tableaux du jeu. Certes, il faut être zen pour accepter de retenter une épreuve dix fois, trente fois, et même parfois cinquante fois de suite avant de la réussir, mais le résultat n'en devient que plus gratifiant. N+ nous fait ainsi passer de la tension extrême à l'allégresse la plus totale en l'espace de quelques secondes, la plupart des tableaux pouvant se terminer à une vitesse hallucinante pour peu que l'on maîtrise le maniement très poussé du ninja de N+.
S'il ne s'embarrasse pas d'un contexte narratif très recherché, le soft prend tout de même place dans un univers futuriste qui ne semble peuplé que par des drones de surveillance programmés pour réduire en miettes toute présence humaine. Résolu à mettre la main sur chacune des pépites d'or disséminées dans plusieurs centaines de niveaux, un ninja doit s'infiltrer dans ces complexes placés sous haute surveillance et tenter d'atteindre la sortie sans y laisser la vie. S'appuyant sur l'utilisation des effets "ragdoll" pour donner au héros des allures de poupée de chiffon, la mort foudroyante du ninja donne lieu à des animations surréalistes où le corps du personnage se retrouve projeté sur plusieurs mètres de distance et réduit en miettes dans des gerbes de sang. Notez que cette petite touche gore n'est absolument pas choquante dans la mesure où on parle ici de quelques pixels rouges rappelant davantage un feu d'artifice qu'un corps humain. Sans compter que l'ajout du sang peut être désactivé.
Faciles dans un premier temps, les niveaux se compliquent à mesure qu'apparaissent de nouveaux dangers : mines, robots de patrouille, tirs de laser, canons à missiles, etc. Le chrono défile à toute vitesse et seule l'acquisition régulière de pépites d'or permet de freiner un petit peu son cours. L'architecture des niveaux se révèle étonnamment variée et inspirée, chaque tableau obligeant le joueur à se surpasser pour tirer parti du potentiel acrobatique du personnage. Le challenge paraît souvent insurmontable mais un minimum de persévérance et d'astuce permettent généralement d'en venir à bout, le plus difficile étant d'aligner cinq niveaux successifs pour boucler un épisode dans sa globalité. La possibilité de recourir à des vies illimitées et le fait de pouvoir recommencer instantanément sans la moindre seconde de battement font passer la pilule plus facilement. Au final, on ne baisse les bras que temporairement, le temps de reprendre son souffle avant de se lancer dans un nouveau marathon. Comptant déjà plusieurs centaines de niveaux en solo, le soft est également conçu pour les parties en multijoueur, online ou en local. Les matches à plusieurs autorisent toutes sortes de variantes de jeu (coopératif, compétitif, course, survie, matches classés ou personnalisés), chaque joueur pouvant apporter sa propre contribution à N+ en créant de nouveaux tableaux via l'éditeur de niveaux. Pour peu que l'on accroche au concept de base, l'expérience de jeu se révèle donc suffisamment plaisante et enrichissante pour mériter l'investissement.
- Graphismes10/20
Le parti pris graphique des développeurs pourra choquer les joueurs les moins ouverts, mais il se révèle on ne peut plus efficace dans un jeu où le moindre pixel de l'écran a son importance. L'effet "ragdoll" et la qualité des animations rendent le tout particulièrement plaisant à regarder.
- Jouabilité17/20
Le soft impressionne réellement sur le plan du gameplay, beaucoup plus exigeant qu'il n'y paraît à première vue. La physique des mouvements du ninja est gérée de manière très pointue, le joueur devant doser avec une précision d'orfèvre la vitesse des déplacements et l'angle des sauts.
- Durée de vie16/20
Le mode solo comporte à lui-seul près de 300 niveaux, redoutables pour la plupart, auxquels s'ajoutent les variantes de jeu en multijoueur (local ou online), les packs téléchargeables via le marketplace et les niveaux personnalisables au moyen de l'éditeur. Ceux qui réussiront à en faire le tour ne seront d'ailleurs pas les premiers à s'en lasser.
- Bande son14/20
Sans exagérer, la difficulté du titre exige une telle concentration qu'on ne fait guère attention à l'environnement sonore. Le style techno colle tout de même assez bien au contexte futuriste de N+.
- Scénario/
Destinés aux amateurs de challenges corsés capables de plier n'importe quel oldies en quelques minutes, N+ pousse la plate-forme dans ses derniers retranchements. Partant d'un concept simple mais ultra exigeant dans son gameplay, le titre nous fait réapprendre la persévérance et fascine plus qu'il ne rebute. Une expérience à ne pas manquer, en solo comme en multijoueur.