Une suite à Escape From Butcher Bay, on attendait ça depuis longtemps. Inutile alors de dire que l'idée de voir cette suite accompagnée d'un remake HD de l'excellent jeu original avait de quoi susciter de grands espoirs, juste avant de nous aider à comprendre que parfois, l'original vaut mieux que sa suite.
C'est un sacré paquet qui nous est livré avec ce Chronicles of Riddick : Assault On Dark Athena. Un paquet dans lequel on a fourré 3 gros morceaux de qualité bien inégale. Le premier d'entre eux est le fameux Escape From Butcher Bay, première adaptation de la licence cinématographique qui avait en son temps bluffé tout le monde. Non seulement parce que son moteur 3D était un avant goût du futur mais également parce qu'il offrait un gameplay véritablement original mêlant corps-à-corps, aventures et furtivité. L'évasion de Riddick de Butcher Bay était et est toujours une pièce vidéoludique de qualité et le fait que peu de jeux, pour ne pas dire aucun, ne l'aient copié l'aide à conserver une certaine fraîcheur malgré ses 5 années. Emprisonné, Riddick joue ici la carte de la discrétion pour mettre en branle son évasion, rendant service à certains prisonniers, se battant avec d'autres, évitant les balles des gardiens puis les créatures peuplant les sous-sols, et se livrant au passage à quelques conversations pas piquées des vers. Le rafraîchissement de son moteur permet de plus de gommer un peu les rides néanmoins apparentes. Si le jeu connaît une légère cure de jouvence, il fait toujours son âge. Dommage également que Starbreeze n'ait pas également appliqué quelques corrections mineures, comme des quêtes un peu plus explicites. Quoi qu'il en soit, Escape From Butcher Bay reste un "classique". On ne va pas en refaire le test ici, ceux qui souhaitent en savoir plus peuvent consulter le test d'origine du jeu.
D'ailleurs, il est tellement bon qu'il en éclipse complètement sa suite, Assault on Dark Athena. Se déroulant après l'évasion, Dark Athena voit l'ami Riddick cette fois retenu sur un vaisseau de mercenaires dirigé par Revas. L'activité principale de cette joyeuse bande consiste à enlever hommes, femmes et enfants pour en faire des drones fantômes, des cyborgs pourvus d'une intelligence artificielle sommaire mais dont on peut prendre le contrôle à distance en cas de besoin. Ces drones peu redoutables seront d'ailleurs vos principaux adversaires dans votre traversée du Dark Athena. Plus tard seulement viendront s'y ajouter les mercenaires, pas tellement plus futés mais nous y reviendrons.
Assault on Dark Athena reprend certains éléments de Butcher Bay. Le corps-à-corps est toujours présent, les armes blanches en étant reines, de même que la vision spéciale de Riddick qui lui permet de voir dans l'obscurité. Le couple qui donne vie au gameplay furtif du jeu, nous plaçant dans les bottes du pire des prédateurs de l'espace, sera pourtant rapidement évincé par les armes à feu. S'il est impossible de désarmer un drone, on peut déjà dès le début de la campagne utiliser leurs armes en les portant et il ne faudra pas longtemps avant que l'on puisse entrer en possession des fusils d'assauts des mercenaires qui, contrairement à celles de Butcher Bay, ne sont pas bloquées par un code ADN. Très vite, l'aspect prédateur disparaît donc en partie au profit d'un gameplay de FPS plus classique. Un aspect qui n'est malheureusement pas le point fort du jeu en raison de sensations bien peu convaincantes et d'une IA dans les choux. Si on peut pardonner les drones pour leur manque de cervelle, on a plus de mal à comprendre la bêtise des mercenaires qui se laissent littéralement prendre comme des lapins éblouis par des phares. Difficile du coup de comprendre pourquoi Starbreeze a choisi de donner une part si importante aux séances de tirs, se privant du coup de l'un des gros points forts de son gameplay.
La chasse n'est cependant pas totalement abandonnée et certains segments du jeu lui seront consacrés. C'est d'ailleurs là un problème de Dark Athena. Son découpage est grossier et peu naturel, devenant du coup hautement prévisible alors que son ancêtre l'était nettement moins. Et l'architecture des niveaux est elle-même à cette image. Un coup on passe en furtif, un coup on tombe dans le combat armé, un coup on doit s'adonner à une séquence "spéciale". Ces passages particuliers sont assez basiques et là encore sans surprise. Deux fois on devra évoluer en évitant un faisceau lumineux, prendre le contrôle d'un drone ou encore piloter un mecha. Chacune de ces épreuves manque de pêche et rappelle de plus des séquences issues du premier volet... en moins bien. Cette ressemblance ratée avec Butcher Bay se retrouve d'ailleurs dans d'autres aspects du titre. Pour parvenir à fuir le Dark Athena, Riddick devra se faire des amis parmi les prisonniers d'un bloc de détention. Il devra parler avec eux, leur rendre un service, leur apporter un objet qui deviendra un outil puis collaborer avec l'un d'entre eux pour fuir. La différence, c'est que les missions sont ici peu nombreuses, très dirigistes, qu'on ne trouve plus de missions annexes et que les quêtes principales vous envoient dans un coin, vous font revenir, repartir et ainsi de suite. En somme, après l'accent mis sur la furtivité, c'est l'aspect aventure qui passe à la trappe, le second point fort de Butcher Bay. Le rendu final de cette campagne évoque un gros manque d'imagination, de cohésion et de fluidité dans la progression, un assemblage pas très bien ficelé d'éléments divers.
De là à condamner purement et simplement la campagne Assault On Dark Athena, il y a encore un pas. L'ambiance si particulière de la licence est toujours présente, le doublage est une fois de plus d'excellente facture et certaines séquences ne sont pas dénuées d'intérêt. Le hic, c'est qu'en jouant à cette suite moderne, on a le sentiment qu'il ne s'agit que d'une extension bien moyenne de Butcher Bay qui aurait vu le jour quelques mois après sa sortie originale. C'est étrange d'acheter un jeu neuf et de constater que la meilleure partie est celle qui a déjà 5 ans.
Outre ces deux campagnes solos, Dark Athena initie également Riddick aux joies du multijoueur. On en retiendra principalement le mode Pitch Black dans lequel un joueur incarne Riddick pendant que les autres, équipés d'armes à feu et de lampes torches, s'efforcent de lui exploser la face jusqu'à ce que l'un d'entre eux y parvienne et prenne sa place. Le mode Butcher Bay Riot oppose pour sa part 3 groupes (gardes, prisonniers, mercenaires) qui s'en mettent plein la tête en ayant la possibilité de s'acheter du matériel entre chaque manche. Le reste est si banal qu'il tombera rapidement dans l'oubli, Deathmatch, Team Deathmatch, Capture de Drapeau et Arena. Reste maintenant à faire la part des choses dans le pavé de notes.
- Graphismes14/20
Malgré le coup de jeune apporté, Escape From Butcher Bay porte les marques de son âge, notamment au niveau de ses animations. Des problèmes qui se retrouvent dans la campagne Assault on Dark Athena qui fait de plus preuve d'une certaine paresse dans le design.
- Jouabilité16/20
Escape From Butcher Bay a su conserver sa fraîcheur, n'ayant pas vraiment été copié. Il reste donc une valeur sûre par son rythme maîtrisé et son habile mélange des genres. Assault on Dark Athena fait en revanche figure de pâle copie en comparaison, ayant perdu une grande partie du charme du premier volet. Un comble de constater un tel retour en arrière et le fait que le titre de 5 ans soit encore un must.
- Durée de vie14/20
Avec 8 heures de jeu pour le premier volet et 6/7 heures pour le second, on obtient un score assez honorable quand on voit la moyenne actuelle des FPS.
- Bande son17/20
Si une fois encore les vieux dialogues percutent plus que les nouveaux, le style est conservé et le doublage toujours aussi excellent.
- Scénario14/20
Quitte à lasser, il faut une fois de plus faire la part des choses. Si Butcher Bay savait engluer le joueur dans une trame fluide, cohérente se déroulant dans un lieu riche de vie, Assault on Dark Athena se montre bien moins habile. Trame décousue, pauvre, raccords qui sentent l'artificiel à plein nez, on n'est pas gâté.
The Chronicles of Riddick : Assault On Dark Athena est un cas complexe. Des trois segments qui le composent, l'un est toujours excellent mais a presque 5 ans, le second est une suite juste moyenne, le troisième un multijoueur qui ne restera pas gravé dans l'histoire. Quiconque a déjà posé les mains sur Escape From Butcher Bay n'aura guère d'intérêt à payer le prix fort pour ce drôle de pack mais pourra lui accorder un essai à petit tarif. Ceux qui en revanche ont raté à l'époque ce titre encore assez unique peuvent trouver ici l'occasion de rattraper leur retard, même si l'on n'a pas vraiment l'habitude de payer si cher pour un titre aussi ancien.