Nous poursuivons notre tour d'horizon des MMORPG free to play (téléchargeables et jouables gratuitement) avec Metin 2. Son accessibilité et son petit côté hack'n slash ont su convaincre, depuis sa sortie française en juin 2007, un public majoritairement constitué de nouveaux adeptes du genre. Le jeu cumule pourtant une brouette de défauts et souffre d'un manque de finition particulièrement dommageable.
Le monde de Metin 2 était jadis constitué d'un seul et unique Empire, mais les choses changèrent à compter du moment où un énorme météore s'écrasa au centre du continent. Appelée Metin, cette pierre commença à répandre des maladies et à changer les animaux en monstres. L'Empire se divisa alors en trois factions aux motivations différentes. Le royaume Jinno, situé au sud du continent, décida de faire face à ce désastre par les armes, tandis qu'à l'est, le royaume Chunjo trouva refuge dans la spiritualité et qu'à l'ouest, le royaume Shinsoo tenta d'ignorer cette menace en continuant à développer ses échanges commerciaux. Avant même de créer votre personnage, vous devez donc choisir votre région d'origine. Même si leur topographie n'est pas la même, les trois zones de départ disposent d'environnements, de PNJ et de quêtes identiques. Mais au fur et à mesure de votre progression vers le centre du continent, vous atteindrez des zones communes aux trois factions, l'occasion de vous mesurer aux joueurs d'autres royaumes si tel est votre souhait. Toutefois, avant de pouvoir profiter de ces possibilités de RvR diablement séduisantes, vous vivrez un véritable chemin de croix.
Car pour tout avouer, Metin 2 développe à-peu-près à l'idée inverse qu'on se fait de l'immersion. Reliées entre elles par des portails de téléportation, les différentes zones du jeu sont fort peu agréables à parcourir : moches (aussi bien sur le plan artistique que sur le plan technique), dépouillées mais truffées de monstres peu originaux et peu variés (cf. la quinzaine de déclinaisons de loups croisées lors des premiers niveaux), elles se résument à de vastes parcs à monstres qui n'incitent pas à l'exploration. Les rares villes sont peuplées de PNJ qui vous proposent des quêtes a priori plus intéressantes que la moyenne, mais cela n'est que poudre aux yeux : une fois l'emballage ouvert, vous y retrouvez le trio infernal monster bashing/drop/coursier. Bref, le noyau de pèche dont vous avez besoin a probablement été avalé par des sangliers et le livre que vous cherchez a sans doute été volé par des chiens (sic). D'autres quêtes, dites "de chasse", vous sont assignées automatiquement à chaque niveau franchi, sans qu'il soit besoin de revenir en ville ; on vous propose même de choisir le type de créature à occire. Certains apprécieront... D'autres beaucoup moins. Du reste, les nombreux soucis techniques, du pathfinding désastreux aux bugs de quête en passant par les problèmes de collision, n'aident pas vraiment à s'immerger dans l'univers. Mais sous cet aspect ingrat se cache peut-être, comme il est de coutume dans les MMO free to play coréens, un système d'évolution intéressant ?
Pas vraiment, et c'est là où le bât blesse. Pour commencer, seules quatre classes de personnages sont disponibles : Guerrier, Chaman, Ninja et Sura (une sorte de guerrier/mage). Depuis peu, il vous est possible de choisir le sexe de votre incarnation, mais ne comptez pas sur de quelconques options de personnalisation. Les clones pullulent et pour changer de coupe de cheveux, il faut en passer par l'Item Shop. Quant aux pièces d'équipement, peu nombreuses et qui voient leur utilisation restreinte à une classe et à un groupe de niveaux donnés, elles ne sont pas toutes visibles sur votre avatar (un comble quand il s'agit d'un bouclier). Mais on l'a déjà dit : l'immersion a été le moindre des soucis des développeurs. Par contre, on était au moins en droit d'exiger une personnalisation statistique plus poussée, ce qui est malheureusement loin d'être le cas. Chaque niveau franchi permet de répartir quatre points de statistiques (vitalité, intelligence, force et dextérité), ainsi que d'upgrader une de ses compétence. Problème : ces dernières sont extrêmement peu nombreuses. En dépit de la possibilité de se spécialiser une fois le niveau 5 atteint (le guerrier peut par exemple devenir tank ou berserker en fonction de l'arbre de compétences choisi), il faudra faire avec cinq ou six compétences d'un bout à l'autre du jeu. Le développement des personnages se montre donc décevant car il n'offre aucune latitude particulière (les builds sont peu variés). Il ne fait surtout pas le poids comparé à ce que peut offrir la concurrence en la matière.
Du coup, en dépit de la possibilité d'effectuer des combos à partir du niveau 30 (il était temps), les combats se montrent sacrément répétitifs. C'est d'autant plus dommage que leur tendance à vous opposer à des groupes de plusieurs adversaires et à vous permettre de les attaquer en même temps (via un cône de frappe ou des sorts de zone) les rend assez dynamiques et leur procure au final un aspect hack'n slash fort sympathique. Le nombre de points d'expérience requis augmentant de façon exponentielle, l'essentiel de votre temps de jeu sera consacré au monster bashing. Mais vous pouvez toujours vous regrouper avec d'autres joueurs ou recourir à l'Item Shop pour évoluer plus vite. Si l'ennui vous gagne, quelques donjons de qualité médiocre (et remplis de singes !) vous attendent ; vous pouvez aussi chercher et détruire les pierres de Metin qui apparaissent aléatoirement dans le monde, pour espérer récupérer quelques joyeusetés. Mais le propre du jeu est de ne distiller ses fonctionnalités qu'au fur et à mesure de votre progression. Ainsi, il vous faudra attendre le niveau 15 pour pouvoir attaquer d'autres joueurs. Sachez toutefois que le PvP est basé sur un système d'alignement bien pensé et que vous ne manquerez pas de subir les conséquences de vos exactions (pseudo en rouge, possibilité de perdre des objets à partir du niveau 50). Parvenu au niveau 25, vous pourrez disposer d'un poney, qu'il vous faudra nourrir mais qui pourra progresser en niveau jusqu'à devenir un cheval de guerre, vous offrant des possibilités de combat monté.
Mais c'est le niveau 30 qui constitue le pallier le plus notable, en vous donnant accès à l'artisanat et en vous permettant d'intégrer une guilde. Assez sommaire, l'artisanat comprend trois volets : la pêche, le minage et l'herboristerie. Obtenus en utilisant une pioche sur les veines disposées ça et là, les minerais peuvent être raffinés chez l'alchimiste pour intégrer et booster vos bijoux, tandis que les herbes vous permettent de concocter des potions diverses. Pour améliorer votre équipement, vous pouvez aussi vous rendre chez le forgeron qui essaiera d'en monter le niveau contre espèces sonnantes et trébuchantes, sachant que le taux d'échec est particulièrement élevé. Vous avez aussi la possibilité de glisser, dans vos armes et armures, des pierres de bonus que vous trouverez essentiellement en détruisant les Metins. De son côté, la gestion des guildes est assez poussée : les membres lui apportent leur contribution en Yangs (monnaie du jeu) ou en expérience ; en échange ils obtiennent des rangs et des responsabilités plus ou moins importantes, peuvent utiliser des bâtiments réservés (pour peu qu'ils aient été construits) et prendre part à des guerres de guildes. Ces dernières prennent la forme de duels ou de Capture the Flag, sur les maps traditionnelles ou sur des maps dédiées. Metin 2 propose donc son lot de fonctionnalités (on aurait encore pu parler de la polymorphie, du mariage, des boutiques...), mais pour en profiter, il faut pouvoir s'accommoder de la brouette de défauts relevés tout au long de ce test.
- Graphismes7/20
On pardonnera bien entendu le rendu visuel complètement obsolète de Metin 2, sorti en 2004 en Corée (seules la modélisation et l'animation des personnages tirent encore leur épingle du jeu). En revanche, le naufrage artistique (le level design est à pleurer) et les nombreux problèmes techniques (bugs graphiques, problèmes de collision, caméra pénible) sont impardonnables.
- Jouabilité10/20
Étonnamment sommaire pour un MMORPG free to play coréen, le système d'évolution des personnages se montre peu convaincant et peu gratifiant. Bien que Metin 2 soit particulièrement accessible, la jouabilité souffre de légers problèmes d'ergonomie : l'interface est perfectible (les boîtes de textes sont trop petites et les caractères à peine lisibles) et les problèmes de pathfinding sont agaçants à la longue.
- Durée de vie13/20
Les zones de jeu sont suffisamment nombreuses et le contenu suffisamment étoffé pour que vous passiez de longues heures sur Metin 2, qui malgré son système de progression peu stimulant et sa propension à distiller au compte-goutte ses fonctionnalités, est susceptible de délivrer l'effet addictif propre au genre.
- Bande son13/20
Les thèmes musicaux sont entraînants et réussis, mais leur style décalé (du heavy metal dans un paisible village médiéval, ça peut surprendre) risque de laisser quelques joueurs sur le carreau et de les pousser à remplacer les fichiers originaux par leurs propres mp3. Hormis les impacts de coups durant les combats, les bruitages se montrent par contre un peu trop discrets.
- Scénario8/20
Bien qu'elle ait le mérite d'exister, l'histoire de Metin 2 n'est pas suffisamment développée. Les quêtes ont le mérite de contenir quelques éléments de background, mais cet effort paraît bien superflu vu qu'elles débouchent au final sur un inévitable monster bashing aussi impersonnel que répétitif. Le tout manque sacrément de souffle épique.
En dépit de son accessibilité et de son aspect hack'n slash plutôt sympathique, Metin 2 traîne à peu près toutes les casseroles qu'il est possible de rencontrer dans le MMORPG asiatique traditionnel. Mais bien plus que l'austérité de son univers et son gameplay ultra-répétitif, bien plus que ses faiblesses techniques et son manque de finition, c'est la pauvreté de son système d'évolution qui nous pousse à lui préférer – et de loin – la grande majorité de ses concurrents. Le jeu pourra à la rigueur remplir son office dans le cadre d'une première initiation au genre, mais il est conseillé de passer rapidement à autre chose.