On ne change pas un principe qui gagne, il suffit de l'améliorer. Et c'est justement ce que fait l'équipe de développement de Related Designs avec Anno 1404, le prochain volet de sa série vedette. Plus beau, plus complet, plus complexe, plus prenant, cet opus a clairement tout pour plaire comme nous avons pu le constater lors d'un long essai organisé par son éditeur, Ubisoft.
Cela fait déjà plusieurs années, ponctuées par de nombreux opus, que la série des Anno a réussi à imposer son principe un rien atypique la démarquant de la grande majorité des jeux de stratégie en temps réel. Car, même si c'est le genre auquel cette licence appartient, elle intègre beaucoup d'éléments qui la placeraient plutôt dans ce sous-genre qu'il convient d'appeler les «city-builders», comprenez des jeux dans lesquels la prospérité de la ville que vous avez fondée, et de votre peuple, est plus importante qu'une éventuelle victoire militaire sur le voisin. Le but final est de conquérir la carte en y installant des pionniers dont les attentes de première nécessité, les capacités techniques et artisanales mais aussi les aspirations intellectuelles évolueront. Cette progression de la civilisation impose au joueur d'être capable d'exploiter dans un premier temps les matières premières qui se trouvent dans le décor.
Par exemple, si on veut construire des huttes, il faut du bois. Ce n'est qu'à partir du moment où on exploitera des carrières de pierre qu'on pourra bâtir des maisons en briques. Ce type de bâtiment attirera alors une population plus raffinée tout en faisant progresser celle qui s'est déjà établie. En tant que joueur et seigneur du coin, vous pourrez alors prélever des impôts un peu plus élevés. Et, comme il se doit, cet argent vous servira à financer d'autres projets qui participeront à votre réputation, ainsi qu'à celle de votre ville. On tire sa satisfaction d'une partie d'Anno en étant capable d'atteindre la fin des différents arbres de progression technologique, en ayant déverrouillé tous les bâtiments que le jeu propose mais, surtout, en ayant sous les yeux une métropole énorme et fonctionnelle dont on peut dire «C'est moi qui l'ai faite.».
Croyez-nous, parvenir à ce résultat exige énormément de méthode et un vrai sens stratégique. Il faut déjà gérer le positionnement de bâtiments essentiels afin que leur rayon d'influence touche un maximum d'habitants. Il est également indispensable de conserver en permanence un esprit ouvert, de ne pas s'enfermer dans une production donnée mais d'être capable de conduire de front un très large éventail d'activités diverses. Négliger un facteur, c'est souvent rendre impossible une production ultérieure et aussi perdre énormément de temps à rectifier son erreur, sans compter que vos sujets seraient alors particulièrement énervés.
Sur le schéma faussement simple qui sert de postulat de base à la licence dans son intégralité, Anno 1404 apporte son lot de nouveautés caractéristiques. La première de ces innovations est esthétique. Ce prochain opus va être magnifique. Les détails des bâtiments et des environnements sont impressionnants, de même que la richesse des textures. Résultat, on passe son temps à admirer ce qu'on a créé et, très important pour l'implication du joueur, à (s') y croire. En conséquence, on veut sans cesse aller de l'avant pour découvrir ce que le jeu nous réserve un peu plus loin dans la progression. Et, avec l'arrivée de monuments comme les cathédrales, on n'est pas déçu. Contrairement aux autres bâtiments, celles-ci ne sont pas construites en un tour de main. Il faut des années pour élever un tel édifice, sentiment de lenteur que les développeurs ont voulu rendre dans leur jeu. Et Anno s'offre également un certain aspect éducatif. Pour preuve, toujours durant l'édification des cathédrales, on peut regarder le fonctionnement des engins de levage de l'époque. Mais, encore une fois, il n'est pas toujours simple de regarder le paysage quand on entame une partie d'Anno.
Autre grosse nouveauté de cet opus : la civilisation moyen-orientale. Comme il se doit, ce peuple a ses propres traditions et attentes, à commencer par le fait qu'il n'est pas question pour eux de produire de l'alcool. Et, bien entendu, cette partie du jeu rassemble des bâtiments à l'apparence totalement différente de celle des constructions de la civilisation européenne. En résumé, ce prochain volet d'Anno devrait hisser la licence au sommet du genre des "city-builders". En respectant son principe de base à la lettre mais en apportant un lot important de nouveautés ainsi qu'une indéniable progression technique, il se pourrait fort que le mot " indispensable " soit lâché lors d'un prochain test.