Alors que le nouvel opus arrive sur PC, la série Anno part également à la conquête de la Wii et de la DS. L'arrivée d'un city-builder sur les deux consoles les plus "grand public" du marché s'est-elle faite au prix d'un grand nombre de concessions ? Début de réponse...
Avant tout, plantons le décor. Si vous n'avez jamais utilisé un titre de la série Anno, vous pourriez être déstabilisé par son principe. D'accord, cela ressemble à un jeu de stratégie en temps réel comme il en existe des rayonnages entiers chez votre revendeur préféré. Et cela tombe bien puisque c'en est un. Oui, sauf qu'alors que d'autres vous proposent de construire la plus grosse armée disposant des meilleures armes afin de raser le camp adverse qui se trouve dans le coin opposé de la carte, Anno vous impose de vous préoccuper avant tout du bonheur de vos sujets. Dans cette série, un royaume qui se développe est un royaume qui sait attirer le chaland, des colons qui seront heureux de venir s'y établir, qui pourront y trouver du travail, qui verront qu'on met tout en oeuvre pour satisfaire leurs moindres désirs et qui, au bout du compte, seront ravis de s'acquitter des impôts que vous leur prélèverez. Une fois cet argent perçu, vous devrez le réinvestir afin de faire évoluer votre peuple selon cinq stades de civilisation. Ceux-ci iront de la bande de pionniers tout juste débarqués de leur bateau et habitant dans des huttes en tirant leurs ressources de la nature qui les entoure jusqu'aux aristocrates logés dans des demeures magnifiques et qui fabriqueront des produits d'un raffinement sans pareil. Anno, c'est tout ça et, croyez-nous sur parole, la gestion y est rapidement beaucoup moins simple qu'il n'y paraît.
Et si ce concept a depuis longtemps séduit les joueurs sur PC, on peut comprendre la perplexité des développeurs du studio Blue Byte quand l'idée de l'adapter sur Wii et sur DS leur a été suggérée. Quinze mois plus tard, après des premiers essais qui ne s'étaient vraiment pas avoués probants, le résultat nous a été présenté dans les locaux parisiens de l'éditeur de la licence : Ubisoft. En préambule, les représentants de Blue Byte ont partagé avec nous la philosophie qui a guidé le travail de l'équipe de développement : " Les joueurs sur Wii ne sont pas les mêmes que sur PC. Pour parvenir à un résultat cohérent sur cette console et sur sa petite soeur, il fallait que nous nous préoccupions en priorité de l'accessibilité ". Eh bien justement, parlons-en. La Wiimote dans une main pour accéder aux différentes options disponibles et nous déplacer sur la carte en amenant le curseur sur les bords de l'écran, nous appuyons sur le bouton B pour faire apparaître notre première construction : un entrepôt dans lequel seront stockés les vivres essentiels à la survie de vos pionniers. Autre figure imposée au début : la construction de maisons pour votre communauté. Tout cela se fait simplement en parcourant divers menus en forme de cercle. Le premier s'affiche, on choisit le type de bâtiment qu'on souhaite bâtir : production, loisir ou habitat. Sur le suivant, on indique plus précisément ce qu'on veut. Par exemple, si la communauté a besoin d'un bûcheron pour assurer ses besoins en bois, on va dans production et on sélectionne la hutte spécifique à cette profession. Cela fait, on se retrouve sur la carte active et on n'a plus qu'à placer le bâtiment qui est apparu à l'écran à l'endroit désiré. C'est simple et très rapide, en un mot... accessible. Quand le préposé à la présentation nous précise que sa fille de huit ans s'en sort sans problème, on ne peut que le croire.
Précisons d'ailleurs que les développeurs ont eu la bonne idée de colorer les toits des maisons selon un code qui indique leur fonction. Orange, c'est une habitation ; jaune, un bâtiment de production et le bleu indique un lieu de divertissement. Résultat : même quand on dézoome au maximum, la structure de la ville reste lisible. Cette lecture facile se retrouve également dans les diverses animations en rapport avec les bâtiments. Quand un bûcheron a produit une unité de bois, ce n'est pas un simple 1 qui apparaît au-dessus du toit de sa hutte -comme on peut le voir dans la version PC- mais une bûche. Quand la civilisation évolue et que les bâtiments déjà construits progressent eux aussi, leur nouvelle apparence prend la place de l'ancienne dans un halo de lumière qui ne peut qu'attirer l'oeil. Il n'en va de même pour les explications qui accompagnent les premiers pas des novices. Elles font davantage appel à des illustrations qu'à des textes.
Malgré ses couleurs vives et sa facilité d'utilisation, Anno sur Wii proposera un challenge qui n'aura que peu à envier à la version d'origine. En attirant de nouveaux habitants, on obtiendra des points d'honneur qu'il sera indispensable de dépenser dans les recherches technologiques rendues accessibles par l'avancée de sa civilisation. Si au premier stade on ne pourra qu'acheter l'établissement de liens commerciaux, dès le deuxième niveau, il faudra choisir entre deux options en fonction de sa manière de jouer. Si vous voulez que votre peuple vous aime, vous préférerez construire des maisons de thé afin de le distraire. Si vous privilégiez votre politique commerciale, la possibilité d'obtenir de meilleurs prix de vente et d'achat en dépensant des points d'honneur devrait vous intéresser. Et, ultérieurement, il faudra faire des choix essentiels pour la suite des événements comme des pompes à eau, indispensables pour transformer un désert en zone agraire.
La version Wii d'Anno proposera un mode jouable à deux en coopération. En toute franchise, le rôle du second larron se limitera à des actions très simples comme de tirer des feux d'artifice pour remonter le moral des habitants ou de circonscrire l'éventuel incendie de leur maison en renversant là où c'est nécessaire une icône en forme d'arrosoir. Eh oui, une île dominée par un volcan s'avérera plus fertile mais plus dangereuse... Le deuxième joueur pourra également donner un boost de vent aux voiles de vos navires ou augmenter la production de certains bâtiments en cliquant dessus. Mais, aussi simple soit-il, ce rôle pourrait séduire les plus jeunes ou les moins expérimentés. Cette volonté évidente de ratisser large et d'attirer le plus de public possible devant le poste de télévision est, on le sait, l'un des points essentiels de la philosophie de Nintendo en ce qui concerne sa console.
Ce premier tour d'horizon n'aurait su être complet si nous n'avions pas jeté un petit coup d'oeil à la version DS. Première remarque : cette version ressemble énormément à ce que nous avons pu voir sur Wii, tant au niveau du principe et du contenu qu'en ce qui concerne le style graphique là aussi simplifié et flashy. Précisons toutefois que les options de parties seront nombreuses : taille des îles, or à disposition au départ, fréquence des événements comme les catastrophes naturelles, niveau auquel se trouve votre peuple au départ, etc. Le plus intéressant -et étonnant quelque part...-, c'est qu'on pourra modifier tous ces critères au beau milieu d'une partie. En résumé, Anno : Construisez votre Monde sur Wii et DS pourrait constituer une bonne entrée en matière à ceux qui n'ont jamais goûté à cette série. En tout cas, il nous a semblé suffisamment riche pour tenir la comparaison avec ce qu'on avait pu voir jusque là sur PC sauf au niveau graphique, bien entendu. Mais comparons ce qui peut l'être...