Suite directe de Phantasy Star Universe paru fin 2006 sur consoles de salon et sur PC, Phantasy Star Portable a réalisé un véritable carton au Japon l'an passé en s'écoulant à des centaines de milliers d'exemplaires. Il faut dire que ce jeu de rôle futuriste clairement orienté action n'est pas sans évoquer la série Monster Hunter dont raffolent les Japonais. Son succès s'explique-t-il néanmoins uniquement par cette seule référence à la célèbre saga de Capcom ? Réponse en quelques lignes.
Les fans de la très regrettée Dreamcast se souviennent sans doute avec nostalgie de Phantasy Star Online, le pionnier des jeux consoles en ligne édité par Sega en 2001. Il y était question de former des groupes de quatre joueurs pour partir explorer les diverses planètes d'un lointain système solaire. Bien qu'à l'époque, à peine 15% des foyers français disposaient d'une connexion Internet (les "box" n'existaient pas encore), le succès de Phantasy Star Online augurait déjà du meilleur pour le jeu en réseau sur consoles. Huit ans plus tard, toutes les consoles, traditionnelles ou portables, disposent désormais d'un accès au Net et les titres multijoueurs permettant de s'affronter ou de coopérer à distance sont légion. On se réjouissait donc de pouvoir inviter notre correspondant anglais ou notre petit cousin de Montréal pour aller massacrer quelques monstres sur PSP grâce à cette version portable de Phantasy Star. Eh bien, énorme déception, c'est tout simplement impossible vu que le titre ne gère que le multijoueur local ! Toutefois, malgré ce sacrilège impardonnable, Phantasy Star Portable est loin d'être dénué d'intérêt.
Reprenant l'univers de science-fiction aux accents fantasy découvert il y a plus de 20 ans sur Master System, l'aventure débute au sein d'une colonie de Guardians chargés de veiller sur la sécurité d'un système solaire et de rendre service à ses habitants. Appartenant lui-même à cette police de l'espace, le joueur devra enquêter sur les agissements criminels d'un groupe de terroristes propageant un terrible virus que les autorités croyaient avoir éradiqué depuis des années. Avant toute chose, il s'agira cependant de créer un personnage original à l'aide de l'éditeur très complet que les développeurs ont mis à notre disposition. On pourra ainsi opter pour un humain connu pour sa polyvalence, un Numan spécialisé dans la magie, un CAST doué avec les armes à feu, ou encore un Beast redoutable au corps-à-corps. On définira ensuite précisément l'apparence physique et le look vestimentaire de notre avatar, puis on choisira un métier de base qui corresponde à ses aptitudes (guerrier, ranger, etc). On sera alors invité à faire connaissance avec les autres Guardians avant de découvrir les diverses fonctionnalités du jeu à travers quelques missions d'entraînement et de nombreux tutoriels.
Globalement, l'essentiel du gameplay de Phantasy Star Portable consiste à explorer des environnements immenses en massacrant tout ce qui bouge. A l'instar d'un Diablo ou d'un Sacred, on passe donc son temps à donner des coups de sabre, à jeter des sorts ou à tirer sur des hordes d'ennemis enragés. On cherche des clés pour accéder à de nouvelles zones, on casse des coffres et on croise les doigts pour finir par trouver un objet rare qui nous permettra de faire de notre avatar une véritable machine à tuer. Bien que le titre soit clairement orienté multijoueur comme tous les épisodes de la série, il est possible de recruter en mode solo des personnages dirigés par l'intelligence artificielle pour qu'ils viennent nous prêter main forte sur le champ de bataille. Ainsi, même si l'on n'a pas d'amis disposés à jouer avec nous, on pourra se battre aux côtés d'un, deux voire trois partenaires et avoir l'illusion d'être épaulé. Illusion, c'est bien le mot car la stupidité de ces acolytes virtuels fait froid dans le dos. Tantôt bloqués dans le décor, tantôt occupés à poursuivre un poussin pendant qu'on se fait piétiner par un auroch géant, ils sont notamment incapables d'attaquer au corps-à-corps si l'on ne se jette pas nous-mêmes sur l'objectif. Très pratique quand on joue un tireur d'élite...
Pourtant, la sauce prend assez vite en raison de l'ergonomie des commandes, de la qualité de la réalisation, du côté épique de certaines rencontres, ou encore de l'appât du gain. Malgré quelques soucis de caméra propres au genre hack'n slash, les niveaux sont agréables à parcourir et les combats sont dynamiques. Les différents raccourcis de touches permettent de changer d'armes ou de sorts en un clin d'oeil. On peut effectuer des combos avec les armes de contact en appuyant sur le bouton d'attaque au bon moment ou encore passer en mode sniper avec les armes à distance. On peut aussi modifier à volonté les attributs de nos fusils, lances, baguettes, et autres sabres laser directement sur le champ de bataille afin qu'ils aient une chance d'enflammer, de paralyser ou de congeler nos adversaires par exemple. Même chose pour les armures qui disposent de fentes pour accueillir divers bonus . Ceci dit, il vaudra mieux avoir préparé soigneusement son arsenal à la base avant de se lancer dans des missions difficiles car certaines créatures sont vraiment redoutables et on ne peut pas mettre le jeu en pause en plein combat. Impossible par exemple de songer à défaire son sac à dos en présence de l'un de ces gigantesques monstres préhistoriques tout droit échappés d'un UMD de Monster Hunter Freedom qui servent régulièrement de boss. Remarquez, si nos points de vie viennent à tomber à zéro, ce n'est pas forcément un drame puisqu'on est immédiatement rapatriés à notre QG.
Présentés sous la forme d'une simple série de plans fixes et de menus, les divers lieux que l'on peut visiter sur chaque planète en dehors des missions n'ont pas grand intérêt mis à part les centres commerciaux. On passera donc l'essentiel de notre temps libre dans ces derniers. On y revendra tout d'abord le matériel récupéré lors de nos expéditions puis on y achètera des armes, des armures, des pièces de robot, des sorts, des vêtements, des accessoires, etc. En réalité, il existe une telle quantité d'objets à découvrir et d'éléments à personnaliser qu'il y a largement de quoi contenter tous les collectionneurs d'armes virtuelles habitués des jeux du genre Diablo ainsi que les fashion victims soucieux de "paraître" aux yeux de leurs camarades durant les parties en réseau local. Bien sûr, chaque classe de personnage dispose de son propre armement mais comme il est possible d'en changer à tout moment, les joueurs ne seront pratiquement jamais limités dans leurs choix. En montant de niveau dans un métier en particulier, ils sera d'ailleurs possible d'en débloquer de nouveaux voire même parfois d'obtenir des capacités spéciales.
Au fond, Phantasy Star Portable est un beat'em all bien plus traditionnel que sa mise en scène futuriste ne le laisse supposer de prime abord. Cependant, sa profondeur ravira sans nul doute les amateurs du genre, ceux qui n'ont pas peur de refaire quatre ou cinq fois la même mission optionnelle pour récupérer le meilleur équipement possible et gagner un max d'expérience. Etait-ce une raison pour négliger à ce point le scénario en leur infligeant des séquences de dialogues aussi fades que soporifiques ? Cela excuse-t-il le manque d'épaisseur des personnages caricaturaux que l'on rencontre et de l'intrigue à quatre sous qui sert de prétexte à nous envoyer aux quatre coins du système solaire ? Certainement pas mais la nostalgie aidant, on se laissera facilement embarquer dans l'aventure... pour peu que l'on ait réussi à digérer l'absence du mode multijoueur online, évidemment !
- Graphismes14/20
Globalement, le design des personnages et des niveaux hérité des épisodes précédents passe assez bien sur PSP. Durant les missions, on doit régulièrement replacer la caméra derrière notre personnage et certains éléments du décor ont une fâcheuse tendance à disparaître d'un coup mais on s'y habitue vite. La présentation des lieux à visiter sous forme de plans fixes et de menus est également assez cheap. En revanche, les boss préhistoriques à la Monster Hunter sont tout simplement magnifiques.
- Jouabilité15/20
Grâce à son éditeur de personnages très complet et à son système de customisation très poussé, Phantasy Star Portable s'avère remarquablement profond pour un jeu d'action de ce type. Il existe de nombreux métiers à découvrir et des centaines d'objets à récupérer au gré de nos pérégrinations. Les combats sont dynamiques. Les raccourcis de touches fonctionnent bien. Bref, les amateurs du genre seront comblés malgré quelques ralentissements et les faiblesses de l'intelligence artificielle.
- Durée de vie14/20
L'absence d'un mode multijoueur online est inexcusable pour un titre qui descend directement de Phantasy Star Online. Cependant, si on est du genre à refaire plusieurs fois les mêmes niveaux pour dénicher un objet rare et améliorer les statistiques de son personnage, il y a de quoi s'occuper de nombreuses heures. Et si quelques amis peuvent participer à nos expéditions, c'est encore mieux.
- Bande son15/20
Tantôt envoûtants, tantôt énergiques, les différents thèmes musicaux contribuent efficacement à nous mettre dans l'ambiance. Les doublages anglais sont honnêtes.
- Scénario10/20
Une fois de plus, le scénario de ce Phantasy Star sur fond de terrorisme interplanétaire s'avère parfaitement soporifique. On zappera donc la plupart des dialogues fades récités par des personnages sans âmes pour partir en mission ou faire les magasins.
Bien réalisé et beaucoup plus jouable que Phantasy Star Universe, Phantasy Star Portable est un beat'em all futuriste d'une étonnante profondeur qui scotchera sans l'ombre d'un doute les nombreux nostalgiques de la série sur l'écran de leur PSP. Malheureusement, et c'est un comble pour l'héritier du tout premier jeu console en ligne, il ne supporte que le réseau wi-fi local !