Depuis de nombreuses années, le studio de développement français Eugen Systems s'est bâti une bonne réputation en matière de jeux de stratégie en temps réel, genre auquel cette équipe a offert le très sympathique Act of War Direct Action sorti début 2005. Aujourd'hui, ils mettent la dernière main à leur prochain projet : Ruse. Comme à leur habitude, il s'agit d'un jeu de stratégie en temps réel. Toutefois, au schéma classique récolte de ressources-construction de bâtiments-rassemblement d'une armée-guerre totale, ils ont ajouté une couche essentielle dans le principe : l'utilisation de pouvoirs. Leur idée est de donner au joueur la possibilité d'activer des facultés choisies parmi celles qui ont été déverrouillées et de les appliquer sur une zone définie du champ de bataille.

Par exemple, vous pourrez demander à vos hommes de pratiquer le silence-radio ce qui les soustraira à une éventuelle détection par l'ennemi. Idéal pour se glisser discrètement derrière les lignes adverses quand on est en infériorité numérique. Si vous préférez, vous pourrez parfaitement mettre vos traducteurs au travail pour qu'ils interceptent les ordres de mouvements de troupes de l'ennemi. Ceux-ci apparaîtront alors sur la carte active, permettant de mettre au point une contre-attaque efficace. Mais c'est surtout l'aspect "bluff" de Ruse qui mérite qu'on s'y arrête. Comme ça a été le cas durant La Seconde Guerre mondiale, conflit qui sert de contexte au jeu, les protagonistes pourront s'offrir des unités et des usines factices. La présence de ces faux bâtiments tactiques et de ces chars en bois mettra l'adversaire sur de fausses pistes. Par exemple, attiré par la présence d'une division de tanks dans une zone, il passera à l'attaque avec ses propres blindés. Dépassées, vos unités battront en retraite avec l'ennemi à leurs basques. Mais, justement, cette unité totalement factice n'aura pour d'autre raison d'être que de forcer l'adversaire à déplacer ses véhicules qui, jusque-là, étaient cantonnés autour d'une place-forte constituant votre véritable objectif. La défense partie à la chasse, vous n'aurez plus qu'à vous lancer à l'assaut avec des forces relativement légères en ne craignant pas d'essuyer une défaite sanglante. Vous l'aurez compris, Ruse fera le bonheur des stratèges qui élaborent leurs plans de bataille en réfléchissant avec plusieurs coups d'avance comme on le fait aux échecs ou en induisant leur adversaire en erreur comme on peut le voir au poker. Et si vous maîtrisez les deux, la victoire ne devrait pas vous échapper.

Sur le plan technique, l'aspect qui frappe le plus quand on découvre ce jeu est la très grande amplitude de son zoom. En s'éloignant au maximum du champ de bataille, on a sous les yeux une carte comme on en voyait à l'époque dans les salles d'état-major. Sur celle-ci, les bataillons connus (qu'ils soient vrais ou factices) sont représentés par des piles de jetons de différentes couleurs dont la hauteur dépend directement du nombre d'unités qu'ils regroupent. Oui, l'analogie avec le poker se trouve aussi dans cette représentation. Précisons que, sous cet angle de vue, il est déjà possible de donner ses ordres et de lancer des mouvements de troupes. Les unités sont toujours actives, quelle que soit la distance de vision. En zoomant sur le champ de bataille, on retrouve la configuration plus traditionnelle d'un jeu de stratégie en temps réel, comprenez que toutes les unités sont visibles dans leurs moindres détails. On peut alors les sélectionner et leur demander de se déplacer dans une formation donnée jusqu'à un objectif et de l'attaquer ou de s'en emparer. Bien entendu, c'est en passant de l'un à l'autre qu'on est le plus efficace.

Si vous aimez les chiffres, vous serez sans doute interpellé en apprenant qu'un des préposés à la présentation nous a annoncé que chaque niveau rassemblait "un nombre de polygones de l'ordre du milliard". Résultat : non seulement les niveaux sont gigantesques mais les textures et les objets sont détaillés et convaincants. Le plus fort, c'est qu'on joue sur les distances de zoom sans chargement notable. Pour parvenir à cette réussite, les développeurs d'Eugen System ont mis au point un moteur maison baptisé IrisZoom Engine. Mais, au-delà de toutes ces considérations sans doute un peu trop techniques pour certains d'entre vous, il y a un détail qui nous a vraiment séduits : le rayon d'attaque des tanks. Contrairement à ce qu'on peut voir par ailleurs, les blindés dans Ruse font feu sur des cibles qui donnent vraiment l'impression de se trouver à des centaines de mètres de leur canon. Les obus fendent alors la distance qui les sépare de leur objectif en laissant derrière eux une jolie petite trace enflammée et, une fraction de seconde plus tard, "Boum !". Alors, selon qu'il soit réel ou factice, le tank ennemi résiste et réplique ou explose en quelques centaines de copeaux de bois. Précisons qu'en plus des chars, Ruse offrira de diriger des soldats, des camions ou encore des avions de différentes natures : chasseurs bombardiers, bombardiers, transports de troupes indispensables à un parachutage...

Pour finir ce premier survol d'un jeu qui s'annonce d'ores et déjà comme très prenant sachez que le mode solo ne permettra de jouer qu'avec les troupes américaines. Ceci dit, le mode multijoueur regroupera six camps : Amérique, Allemagne, Union Soviétique, France, Grande-Bretagne et Italie. Et à ceux qui ont noté l'absence du Japon, nous répondrons que c'est parfaitement normal dans la mesure où les développeurs ont situé le jeu en Europe et qu'ils jouent la carte d'une certaine authenticité. Dernier point mais non des moindres : le fait que Ruse ait été développé pour le PC aussi bien que pour les consoles Xbox 360 et PlayStation 3. Résultat : le jeu propose une interface très épurée et un maniement très simple. Côté interface, aucun tableau contextuel ne vient polluer l'écran. On constate l'état d'une unité tout simplement en passant le curseur dessus. C'est également ainsi qu'on peut apprendre si un ennemi sera faible ou difficile à battre. Quant au maniement, il a été pensé pour utiliser le moins de boutons possible d'une manette et permettre de réagir vite au développement inattendu d'une situation donnée. Nous nous assurerons de cela dans un prochain test.