Les amateurs de RPG et d'aventures épiques sont décidément à la fête en ce début d'année sur DS. En effet, quelques semaines seulement après Dragon Quest V, Chrono Trigger et Rune factory, Suikoden Tierkreis débarque à son tour sur la petite portable de Nintendo avec une réalisation en béton et des Etoiles plein la cartouche. Une perle de plus qui risque fort de ruiner définitivement le peu de vie sociale qu'il nous restait encore...
Avant de rentrer dans le vif du sujet, précisons d'emblée que Suikoden Tierkreis n'a aucun lien direct avec les cinq épisodes parus sur Playstation 1 et 2 de 1997 à 2006. Son histoire se déroule dans un monde parallèle et aucun des personnages clés de la série ne vient y faire une apparition. Par ailleurs, les phases stratégiques qui nous permettaient d'affronter des armées entières ont été remplacées par des successions de combats classiques et les duels sont tout simplement passés à la trappe. Fort heureusement, on retrouve tout de même avec bonheur la liberté de déplacement, le château et les 108 Etoiles du Destin qui caractérisent la série depuis ses débuts. En outre, les personnages sont une fois de plus très charismatiques, la narration est illustrée par des dialogues doublés et de nombreuses cinématiques, l'humour est omniprésent, et pour ne rien gâcher, les graphismes de cet épisode DS sont magnifiques.
Cependant, pour profiter au maximum du potentiel de Suikoden Tierkreis et exploiter toutes ses richesses, il faudra faire preuve de patience. En effet, le début de l'aventure n'est pas évident à suivre et les premières missions ponctuées de combats molassons, s'avèrent plutôt ennuyeuses. Tout commence en fait à quelques lieues d'un petit village lorsque le héros et ses amis tombent sur un livre magique qui leur octroie de mystérieux pouvoirs et éveille en eux des souvenirs inconnus. Ils n'ont pas le temps de comprendre ce qui leur arrive qu'ils découvrent dans la foulée l'existence d'une infinité de mondes parallèles semblables au leur et tombent nez à nez avec l'un de ses habitants. Et comme si ça ne suffisait pas, voici enfin que toute notre smala se retrouve embarquée dans une guerre sans merci contre un état impérialiste à l'idéologie malsaine. Bref, ça fait beaucoup de choses à assimiler à la fois et on n'a pas vraiment l'impression de maîtriser grand-chose. Néanmoins, au bout de 4 ou 5 heures, les objectifs de notre groupe deviennent plus clairs et une fois que l'on dispose enfin d'une base opérationnelle, les possibilités en termes de gameplay commencent vraiment à devenir intéressantes.
Il faut dire que l'on pourra loger dans le château qui nous tient lieu de point de ralliement pas moins de 108 personnages (les fameuses Etoiles du Destin) disposant non seulement de compétences utiles au combat mais aussi parfois d'un savoir-faire bien précis. Ainsi untel viendra ouvrir une auberge pour que l'on puisse se reposer tandis qu'un autre s'installera avec sa forge afin de vendre des armes. Un ingénieur fera fonctionner un ascenseur tandis qu'un cuisinier préparera des plats revigorants avec les aliments qu'on lui apportera. Mais par dessus-tout, on aura accès à un portail vers d'autres mondes ainsi qu'à de nombreuses quêtes optionnelles grâce à deux vagabonds très zélés. A terme, c'est une véritable petite ville qui finira par se développer sous nos yeux grâce aux efforts conjugués de sa communauté d'élus. Hélas, comme dans les épisodes précédents, il ne sera pas toujours facile de dénicher et a fortiori de recruter ces derniers. Certains d'entre eux exigeront par exemple qu'on leur rende un service ou qu'on vienne les voir avec un membre bien précis de notre équipe. D'autres voudront qu'on leur montre un objet rare. D'autres encore attendront qu'un événement spécifique se produise. Tant et si bien que pour réussir à enrôler les 107 héros qui peuvent potentiellement se joindre à nous, il faudra se montrer particulièrement persévérant.
Tout cela est bien joli mais quid des phases d'exploration et des combats qui en découlent ? Eh bien pour être franc, ce n'est pas le nirvana. En effet, les différents environnements que les nombreuses missions (principales et optionnelles) nous obligent à parcourir sont généralement très vastes et la fréquence des affrontements aléatoires est telle qu'on ne peut pas faire trois pas avant d'être rattrapé par une horde de crabes ou de crapauds en colère. De plus, le système de jeu au tour par tour archi classique auquel on a droit commence clairement à accuser son âge. A l'aide d'une interface assez mal fichue, il suffit de sélectionner pour chaque personnage une action à effectuer (attaque, défense, sort, etc...) et de regarder le résultat à l'écran. Certes, il est possible de modifier la formation du groupe, d'activer des furies collectives ou encore de passer en mode automatique. Le bestiaire est varié, le rendu 3D est correct. Mais globalement, en dehors des boss et de quelques combats particulièrement épiques, l'ennui n'est jamais bien loin. Dans ces conditions, l'obligation de refaire certains donjons en sens inverse pour retourner à notre point de départ s'apparente donc à un vrai chemin de croix.
Heureusement, Konami nous a épargné ces déplacements fastidieux et ces rencontres aléatoires sur la carte du monde en 2D à partir de laquelle on peut rejoindre les différentes villes. Du reste, on visite désormais les divers bâtiments de ces dernières en cliquant simplement dans un menu. Il existe bien entendu des tas d'objets à acheter ou à vendre pour équiper notre groupe et le système boursier hérité des épisodes Playstation est toujours d'actualité. Pratique pour se remplir les poches ! Remarquez, de l'argent, on n'en manquera pas en prenant le temps d'effectuer les nombreuses quêtes optionnelles disponibles dans notre château. Détail amusant, certaines d'entre elles pourront être effectuées avec des personnages prêtés par un autre joueur via la connexion CWF. Inversement, on pourra nous aussi mettre un héros à disponibilité des joueurs en ligne pour qu'il nous rapporte une récompense (si la mission est réussie). Au final, en dépit de ses phases d'exploration laborieuses et de l'absence remarquée des grandes batailles qui faisaient la joie des wargamers sur Playstation, Suikoden Tierkries ne manque pas d'arguments pour attirer l'attention des amateurs de RPG sur DS. L'aventure est longue, le recrutement des 108 Etoiles du Destin est passionnante et les graphismes sont tellement soignés qu'ils valent à eux seuls le détour. En fait, la seule chose qui nous manque vraiment, c'est du temps pour y jouer !
- Graphismes18/20
La modélisation 3D des monstres et des 108 Etoiles du Destin est très satisfaisante et les décors en 2D sont tous simplement magnifiques. Chaque personnage dispose de fiches détaillées. Les cinématiques sont agréables à regarder. Le seul bémol concerne les effets des sorts, au rendu plutôt médiocre.
- Jouabilité15/20
Bien que le nombre de personnages jouables dépasse tout ce qu'on a vu jusqu'ici sur DS, les rencontres aléatoires sont beaucoup trop fréquentes et les combats old-school ne sont pas toujours passionnants. L'interface de certains menus est également à revoir. Pourtant, une fois qu'on a lancé une partie, il faut vraiment se faire violence pour décrocher. C'est l'essentiel, non ?
- Durée de vie17/20
Avec 108 personnages à enrôler, un château entier à reconstruire, des dizaines de missions à effectuer et une aventure assez longue, Suikoden Tierkreis vous tiendra en haleine durant des dizaines d'heures. On regrette bien sûr la disparition des grandes batailles et des duels mais quelques fonctionnalités online sont là pour nous faire avaler la pilule.
- Bande son16/20
Que ce soit pour illustrer un combat désespéré ou pour retranscrire la douce quiétude d'une soirée d'été, la bande-son de cet épisode DS se révèle une fois de plus d'une redoutable efficacité. Les doublages anglais sont également très convaincants.
- Scénario14/20
Sans rapport avec la série et d'un abord inutilement compliqué, le scénario de Suikoden Tierkreis est toutefois mis en valeur par l'enthousiasme de ses personnages et la qualité de sa narration.
Très complet, beau à se damner, Suikoden Tierkreis porte haut les couleurs de la série dont il est aujourd'hui l'héritier sur DS. Ses personnages sont pleins de vie, son univers est attachant et la richesse de son gameplay a de quoi satisfaire de nombreux rôlistes expérimentés. Alors, certes, ses phases d'exploration ne sont pas vraiment captivantes et son scénario est parfois confus mais il sera facile de balayer ces critiques d'un revers de main pour se plonger avec délice dans l'aventure.