Du paintball dit sportif, la plupart des gens ne connaissent finalement pas grand-chose. Encore confidentielle malgré des efforts de médiatisation, cette activité est souvent reléguée au statut de simulacre de guerre, pratiquée par quelques illuminés en treillis qui hurlent leur rage d'avoir été réformés en courant dans les bois. Si la vision en question ne manque pas d'une certaine justesse et évoque à n'en pas douter des cas existants, elle dépeint finalement quelque chose d'assez marginal. Car pour beaucoup, le paintball a depuis longtemps quitté les bois pour se pratiquer sur des terrains artificiels grâce à des obstacles gonflables. Le paintball s'appuie maintenant sur des règles précises et sur des circuits professionnels organisés. Pratiqué dans ce contexte, il a finalement perdu l'aspect guerrier qui prévalait à sa naissance. Pour beaucoup de joueurs, faire du paintball n'a donc plus rien du jeu des cowboys et des indiens mais n'est plus qu'une affaire de tactique, de vitesse et de précision. Tenir dans ses mains quelque chose qui ressemble vaguement à une arme n'est finalement plus qu'une condition pour jouer, au même titre qu'un escrimeur empoigne un fleuret.

Et c'est justement cet aspect que Millennium Championship Paintball 2009 nous invite à découvrir. Après le sympathique Greg Hasting's Tournament sorti en 2005, les paintballers attendaient impatiemment de pouvoir poser leurs petites paluches gantées sur une nouvelle simulation digne de leur sport. La chose est maintenant possible, même si ce nouveau titre n'est pas franchement meilleur que celui de ce bon vieux Greg, et ce en dépit de quelques ajouts sympathiques. En premier lieu, les amateurs apprécieront le fait que le jeu reprend les configurations de terrain employées par les ligues NPPL, le Millennium et la XPSL ainsi que les règles de près de 35 tournois différents (30 sur PS3). Le soft propose bien évidemment des parties rapides, des matchs customisables et quelques stages d'entraînement vaguement chaperonnés par les Dynasty, l'une des plus célèbres équipes de la discipline. Mais l'essentiel se trouve dans le mode Carrière où vous choisirez d'abord votre joueur et votre équipe parmi une sélection imposée. Première petite déception donc : on ne pourra pas créer son joueur, pas plus que sa formation. Vous commencerez évidemment en tant que novice et enchaînerez les fameux tournois jusqu'à affronter les plus grands : Aftershock, Naugthy Dogs, IronMen, Dynasty, etc.

Chaque victoire vous permettra d'empocher des crédits et donc d'améliorer votre matos à la boutique. Le jeu propose ainsi plus d'une centaine d'accessoires bien connus des joueurs : lanceurs, loaders (le gros truc en plastique qui sert de chargeur), bouteilles d'air comprimé pour pousser les billes, masques, fringues, tout est là et est décrit par quelques critères basiques : précision et cadence pour les guns, encombrement pour les fringues, capacité pour les bouteilles et les loaders. Les crédits vous serviront également à acheter des points de compétence pour vos joueurs. Vous pourrez ainsi booster leur vitesse, leur précision, la faculté à communiquer, leur habileté au maniement du lanceur et leur vitesse de rechargement. Autant de détails qui finalement, ne transparaissent pas si bien que ça dans le jeu. La faute à une IA un peu bancale qui tend à transformer chaque match en une foire d'empoigne qui n'a pas toujours grand-chose à voir avec du paintball.

Augmenter la difficulté permet d'obtenir quelque chose d'un poil plus cohérent, mais tout juste. Dommage car le titre tente vraiment d'offrir une expérience aussi proche de la réalité que possible en nous permettant notamment de réaliser la plupart des actions techniques d'un paintballer. Outre les différentes postures habituelles (debout/accroupi/couché), on pourra donc se pencher sur les côtés en changeant de main afin de porter son marqueur à gauche ou à droite selon l'angle de tir. Le plongeon sera très utile pour sauter à couvert tandis que le sprint vous servira à atteindre votre obstacle le plus rapidement possible. Comme dans Greg Hasting's, on aura même la possibilité de tricher comme un porc, ce qui en soit, reflète bien ce qui se passe dans les vraies compétitions de paint... Ainsi, lorsque vous êtes touché, une jauge apparaît à l'écran, affichant une aiguille qui se balade, si vous stoppez l'aiguille au bon moment, vous effacez la peinture. Mais si vous vous plantez, l'effet est nul. Le risque étant que si vous vous plantez de trop, l'arbitre vous disqualifie pour votre duperie et peut se permettre d'embarquer votre coéquipier le plus proche, comme en vrai. Bien sûr, en cas de headshot, il n'y a pas de discussion possible, vous êtes hors-jeu avec de la peinture plein la visière.

Millennium Championship Paintball 2009 pousse même le vice jusqu'à associer deux boutons au tir afin que les amateurs de pianotage puissent se faire plaisir et lâcher de monstrueux flots de billes sur l'adversaire. Le ramping (la possibilité de faire passer son marqueur en mode automatique) est également disponible, même si pour les vieux de la vieille, l'option risque de passer pour un truc de lopette. Les marqueurs réagissent correctement, cassent de la bille si on les sollicite trop et se comportent presque comme des vrais. Bref, l'intention est là. Hélas, comme mentionné précédemment, dès que l'on se penche sur la tactique, élément central du paintball, le jeu se contente du minimum syndical. Avant chaque match, on pourra ainsi choisir une tactique prédéfinie pas toujours très sensée parmi une minuscule sélection ou déterminer individuellement la trajectoire initiale de chaque joueur. Impossible de choisir les mouvements suivants et on se contentera simplement de déterminer la direction dans laquelle nos joueurs devront tirer. Mais quand on sait que dans Millennium Paintball, sprinter et faire des pas chassés - même à découvert au milieu du terrain - permet souvent de passer entre les billes, on se demande vraiment pourquoi s'embêter à établir une ébauche de plan cohérente...

Au fond, les joueurs semblent ne connaître qu'une chose : rusher comme des porcs. Le poste de couvreur ne semble servir à rien et la notion de contournement lorsqu'on se retrouve en surnombre ne semble jamais effleurer nos collègues. Ainsi, lorsqu'un seul adversaire se retrouve coincé derrière son boudin, il n'est pas rare de voir nos coéquipiers s'entasser du même côté du terrain en nous laissant la charge de monter seul dégommer le rescapé. Cela dit, la plupart des parties se terminent en moins d'une minute sans que l'on ait vraiment le temps de comprendre pourquoi. Bref, à moins de jouer en local avec des potes de votre équipe, Millennium Championship Paintball 2009 a un peu de mal à tenir la route malgré sa volonté manifeste de reproduire le feeling de vraies compétitions de paintball. Car oui, autant le préciser tout de suite, nos parties multijoueurs online étaient généralement plombées par le lag, avec un serveur qui profite continuellement de son avantage pour charger en dégommant tout le monde... En somme, on ressort un peu déçu de ce contact avec ce titre que les forums de passionnés américains présentaient volontiers comme exceptionnel. On se retrouve finalement avec un soft qui ne parlera qu'aux paintballers les moins exigeants, ceux qui ne sont pas familiers de l'univers des jeux vidéo. Ces derniers auront effectivement plaisir à découvrir ce qui, faute de concurrence, ne pourra passer que pour le meilleur jeu de paintball du moment.