Combinant gestion ferroviaire et développement urbain, la série des A-Train n'a jamais réussi à se faire une place au soleil hors de son Japon natal. Et ce n'est pas avec ce huitième épisode qu'elle y parviendra.
Au même titre que le retour de Britney Spears sur scène ou le maintien de Doménech à la tête des Bleus, le succès de A-Train auprès des Japonais fait définitivement partie des grands mystères de l'univers. En effet, avec ses mécanismes de jeu complètement dépassés, sa réalisation épouvantable et son contenu famélique, cette série calamiteuse a de quoi faire fuir à toutes jambes le moins exigeant des joueurs. Eh bien, croyez-le ou non, cela fait maintenant plus de 23 ans qu'elle cartonne pourtant au pays du Soleil Levant ! Au fond, on ne trouverait rien à y redire si de temps à autre, un éditeur peu avisé ne se mettait pas en tête de vouloir exporter à toute force l'un de ses épisodes miteux chez nous. Ainsi, nous avons eu droit pas plus tard que l'an dernier à un A-Train HX absolument immonde sur Xbox 360 et nous accueillons aujourd'hui A-Train 8 sur nos PC.
Inutile de tourner autour du pot, la qualité de ce huitième épisode est tout aussi affligeante que celle des précédents. Tout d'abord, dès l'arrivée sur le menu principal, on constate avec dépit que le soft ne propose que 9 cartes aux objectifs similaires : amasser 10 milliards de fond. Après avoir choisi l'un des "scénarios" proposés, on se retrouve alors parachuté dans des environnements en 3D d'une laideur sans nom pour se remplir les poches à la tête d'une compagnie ferroviaire. Quelle stratégie mettre en oeuvre pour gagner de l'argent ? Comment se repérer dans la forêt de menus qui s'offre à nous ? On n'en sait rien et il n'y a pas de tutoriel pour nous enseigner les bases du gameplay. Tant et si bien que l'on est régulièrement obligé de faire des allers-retours dans le manuel HTML pour apprendre à jouer. Peu importe de toute façon car les mécanismes de jeu sont tellement fades ou mal pensés que l'on décroche avant même d'avoir pu gagner son premier milliard.
En fait, dans A-Train 8, on passe le plus clair de son temps à développer notre ville en acheminant des matériaux vers les chantiers de construction que l'on a planifiés. Maisons, bureaux, grandes surfaces, stades, monuments, à l'instar de Sim City, il est possible de faire surgir de terre de nombreux bâtiments pourvu que l'on ait accumulé suffisamment de ressources sur place. Le problème, c'est que les outils de construction des chemins de fer sont extrêmement limités et que la gestion des trains est parfaitement inintéressante. En général, on se contente donc de poser nos rails en ligne droite pour relier un point A à un point B sans se préoccuper des aiguillages ou des horaires de circulation. Par ailleurs, l'interface est tellement lourde que la moindre construction ou même le moindre déplacement sur la carte se révèle fastidieux. D'habitude, lorsque l'on déplace un curseur vers un bord de l'écran dans un jeu de gestion PC, le paysage défile automatiquement. Eh bien là le joueur est obligé de cliquer sur un point de la carte pour se déplacer, l'amenant souvent à construire un bâtiment par mégarde en plein milieu d'un champ ou en travers d'une voie.
On peste, on râle et on s'énerve en voyant les journées défiler à une vitesse folle tandis que notre compte bancaire plonge vers le rouge ou au contraire explose sans que l'on parvienne vraiment à saisir pourquoi. Pour se changer les idées et essayer de faire quelques profits, on peut certes se rabattre sur la Bourse ou la spéculation immobilière, mais là encore pour s'y retrouver dans les tableaux de statistiques, il faut vraiment faire preuve d'une motivation à toute épreuve. Quant aux fameux "grands projets", ils se mettent en place tout seul sans que l'on ait besoin de réaliser des objectifs intermédiaires. L'ennui prend finalement le dessus et après avoir fait un bref détour par l'éditeur de cartes pathétique supposé nous permettre d'imaginer la cité de nos rêves, on range le DVD dans sa boîte d'un air incrédule en se demandant une fois de plus comment un jeu de gestion aussi moche et mal ficelé a réussi à se faire un nom en Extrême-Orient...
- Graphismes5/20
Difficile de croire qu'on est en 2009 quand on joue à A-Train 8 tant l'indigence de ses graphismes fait peine à voir. La modélisation des bâtiments comme des trains est grossière, les textures sont fades et les "effets météo" se résument à quelques gouttes de pluie.
- Jouabilité5/20
L'interface et les contrôles sont tellement lourds qu'on frise la crise de nerf chaque fois que l'on veut construire un bâtiment ou poser un rail. Il est impossible de tracer des chemins de fer complexes. La gestion du réseau est soporifique. Par ailleurs, il n'y a pas de tutoriel pour enseigner aux joueurs les bases du gameplay et le système de finances est particulièrement obscur.
- Durée de vie4/20
A moins de faire preuve d'un masochisme à toute épreuve, on ne saurait passer plus d'une heure sur un jeu de gestion aussi creux. Même l'éditeur de cartes est consternant.
- Bande son4/20
Un thème symphonique vient pompeusement illustrer notre arrivée sur chaque carte. A part ça, il n'y a pratiquement rien à écouter ni à entendre dans A-Train 8.
- Scénario/
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Mal pensé, laid à faire peur, A-Train 8 fait partie de ces titres tellement dépassés à tous les niveaux qu'ils en deviennent ridicules. Un jeu de gestion périmé à éviter à tout prix sur PC.