La licence Tom Clancy a déjà couvert à-peu-près tous les fronts et tous les types de conflits depuis sa première exploitation. Le milieu urbain, la jungle, le désert, même les sous-marins y sont passés il y a fort, fort longtemps. Il ne manquait plus que le ciel pour parfaire le tableau.
Comme toujours avec un jeu Tom Clancy, l'action de H.A.W.X se déroule dans un futur proche lorsqu'une petite escadrille expérimentale de pilotes de l'US Air Force rejoint une société militaire privée nommée Artemis. Un départ qui n'empêchera pas le pilote Crenshaw de fréquemment collaborer avec ses anciens camarades, venant à plusieurs reprises au secours des équipes Ghosts au sol. L'une des missions nous voyant même assurer une couverture aérienne que l'on aura vécue depuis les rues de Juarez dans Ghost Recon Advanced Warfighter 2. Un mini cross-over qui prend place avant la mise en route de l'intrigue principale de H.A.W.X mettant en scène une organisation terroriste mais n'en racontons pas trop même si on ne se privera pas d'expliquer que vos missions vous conduiront aux 4 coins de la planète, y compris dans l'espace aérien de villes telles que Tokyo, Washington, Chicago ou Los Angeles. Tout ça à bord d'un vaste choix d'appareils allant du Su-47 au mythique bombardier furtif F117.
Clairement orienté arcade H.A.W.X compte plus sur le fun que sur un réalisme intransigeant et propose donc une prise en main intuitive et assez classique dans le genre. Mais deux points le font sortir du lot. Le premier c'est le mode ERS, accessible dans les trois modes de vue offerts (poursuite, première personne et cockpit). Cet Enhanced Reality System peut être activé selon certaines circonstances et affiche une sorte de couloir de vol venant guider une manœuvre. Lors d'un combat, cette assistance conduira le joueur sur une trajectoire d'interception. Au contraire, lorsque le joueur se fait accrocher par un missile, elle l'aidera à réaliser une manœuvre d'évitement. Que les puristes se rassurent, rien n'oblige à activer cette option lorsqu'elle est proposée. Dans la mesure du possible, mieux vaut d'ailleurs l'ignorer.
La seconde particularité de H.A.W.X c'est bien évidemment son mode "Off" qui consiste à désactiver le limitateur qui interdit certaines manœuvres risquées susceptibles de provoquer un décrochage. C'est dans ce mode que l'on pourra effectuer des versions extrêmes de manœuvres réelles comme le fameux Kulbitinscy des pilotes russes, le stall et autres flip over. L'astuce, c'est qu'en mode Off le jeu a recours à une vue extérieure très hollywoodienne, assez spectaculaire. Contrairement aux apparences, la chose est tout à fait jouable mais se livrer à un dogfight de cette façon est finalement assez peu pratique. C'est en revanche un excellent moyen de se débarrasser d'un missile qui nous colle aux basques.
On peut toutefois (fortement) regretter que le mode Off ne soit disponible qu'à travers cette vue extérieure et pas dans les autres modes de caméra. Du coup, selon les attentes de chacun, le mode sera plus ou moins employé. Pour le test, il aura par exemple été de plus en plus délaissé au fil de la progression dans le jeu jusqu'à être abandonné corps et bien. Une progression, justement, qui s'étale sur 19 missions de différents types. La plupart fonctionnent toutefois sur le principe de l'escorte ou de la défense. Ici il faudra protéger une flotte pendant sa retraite ou sa préparation au combat, là on devra accompagner un Awacs pendant un repérage, plus tard on s'acharnera sur les forces terrestres ennemies bloquant la progression des forces alliées et ainsi de suite. Il faudra donc la plupart du temps garder un oeil sur le radar tactique fournissant de précieux renseignements. Chaque unité ou groupe d'unités y est affiché accompagné d'un cercle de couleur représentant soit son périmètre défensif (alliés) soit sa portée de tir (ennemis). L'idée est donc d'empêcher autant que possible un groupe de chasseurs ou de chars de pénétrer le périmètre de sécurité allié ou, le cas échéant, de supprimer en priorité les ennemis qui y sont parvenus. Pour ralentir la progression adverse, du moins celle des chasseurs ou bombardiers, une méthode consiste à pénétrer dans leur zone d'influence afin de les contraindre à nous engager et donc à changer de cible. La difficulté étant d'attirer un maximum d'attention sur soi et surtout de ne pas se tromper de priorité en sachant juger quel groupe d'ennemis représente la menace la plus imminente en fonction de sa vitesse. On s'en débarrasse ensuite rapidement, sans perdre de vue les nombreuses autres escouades. HAWX n'hésite d'ailleurs pas beaucoup à noyer notre vigilance sous une tonne d'informations et lors de certaines missions, la profusion de "cibles prioritaires" indiquées par radio a parfois tendance à semer la confusion, voire à agacer, faisant tourner l'action au simulateur d'esclave. C'est d'ailleurs à cette occasion que l'on réalise que l'affichage tête haute n'est pas des plus clairs et que distinguer certaines informations demande un sacré coup d'oeil.
Evidemment, on retrouve également d'autres types de missions classiques de la discipline et notamment les missions d'infiltration exigeant un vol à très basse altitude ou évitant patrouilles et couvertures radars. L'une d'elle nous mettra d'ailleurs à bord d'un F117 avec obligation de suivre un couloir de vol particulièrement étroit, le seul moment où l'usage de l'ERS sera obligatoire. Le panel est donc varié même si la profusion d'objectifs défensifs de type escorte semblera déplorable aux yeux de certains. On aurait en effet apprécié un peu plus d'objectifs offensifs nous lâchant un tantinet la bride et nous délivrant de la contrainte de la surveillance des alliés.
Quant aux sensations, elles sont là. Le jeu est rapide et l'IA adverse est adepte des décrochages nerveux et surtout du vol en rase-mottes vous contraignant vous aussi à venir chatouiller les flancs des gratte-ciel en ville ou décoiffer les arbres à la campagne. Les attaques en piqué sur les cibles au sol vous vaudront de même quelques petits sursauts au moment de reprendre de la hauteur. Ajoutons par ailleurs que les affrontements prendront souvent des airs de guerre totale, encombrant le ciel d'explosions et de fumées noires assurant l'ambiance. Ce pari de l'arcade est donc plutôt réussi et s'accompagne de surcroît d'environnements constitués à partir de photos satellites du plus bel effet. Bon, on ne dira pas que lorsqu'on vole à 300 mètres tout est parfait au niveau du sol mais à altitude moyenne, le rendu est tout à fait convaincant. On conseillera même à l'occasion de prendre un maximum d'altitude pour constater que passé les 12 000/15 000 mètres, on voit le ciel commencer à s'obscurcir et l'horizon adopter une forme courbe. Très rigolo comme expérience.
Jouable et fun, HAWX souffre pourtant de certains défauts. On a déjà cité l'impossibilité de passer en mode off en vue cockpit (ou poursuite) ou encore le manque de missions offensives on peut ajouter un challenge un peu léger. Une fois que l'on a appris à définir les priorités, il est rare que l'on ait besoin de s'y prendre à plusieurs fois pour boucler une mission. Aussi, on recommande aux plus aguerris de monter le niveau de difficulté, ce qui a pour effet de rendre l'IA plus agressive et surtout de limiter pratiquement de moitié la quantité de munitions embarquées, vous obligeant donc à jouer du canon pour économiser vos missiles. On évite ainsi de céder à la trop grande facilité du verrouillage/tir de missiles, ce qui rend les combats autrement plus stimulants. Sans quoi, le risque existe de sombrer dans une aisance presque tiède qui repousserait rapidement les habitués du genre. Vous voilà prévenu.
Un dernier mot au sujet du multijoueur qui se limite à un simple mode Deathmatch, sympathique mais pas particulièrement étoffé. Le fait que les options de parties personnalisées présentent des curseurs de "grisés" laisse toutefois envisager la possibilité qu'Ubisoft propose ultérieurement de nouveaux modes, probablement payants. Comme le veut la tendance, un mode Coop est disponible sur la campagne.
- Graphismes16/20
A moins de venir se coller au sol, le rendu des environnements est franchement convaincant, de même que les effets volumétriques des nuages ou de la fumée. Les cut scenes sont en revanche assez décevantes, sans aucune patate et montées à l'arrache.
- Jouabilité14/20
La prise en main est excellente quel que soit le mode de vue adopté, y compris le mode Off. Offrant de bonnes sensations aux amateurs de délires aériens arcades, HAWX souffre toutefois d'une trop grande profusion de missions défensives et d'un challenge qu'il vaut mieux augmenter en optant pour une difficulté élevée. S'il conviendra à ceux qui ne vouent pas un culte à la discipline, les gros habitués risquent en revanche de se sentir frustrés par son gameplay très, très arcade.
- Durée de vie13/20
Les 19 missions solos (enfin 18 et demie vu l'intérêt de la dernière) prennent moins de 10 heures selon le niveau de chacun, on pourra y revenir sans déplaisir et dans l'optique d'engranger plus de points d'XP ou de refaire la campagne en coop. Le mode Multi sympathique mais maigrelet devrait s'étoffer par l'ajout de nouveau contenu, en l'état il est un peu juste.
- Bande son14/20
Certains doublages sont franchement ratés et quitte à donner dans le franglais de bas étage ("target verrouillée" ?) autant proposer directement le choix de la VO. Le reste des effets est au moins plus convaincant, surtout en vue cockpit, à l'exception des bips-bips un peu trop fréquents.
- Scénario12/20
Plus le temps passe, plus les scénarios des jeux Tom Clancy semblent s'amincir. Celui de HAWX est passablement prévisible mais il a pour lui de pousser le délire assez loin et de justifier des zones de combats osées comme les métropoles américaines.
Tom Clancy's HAWX fait ce qu'on attendait de lui : il offre une plaisante expérience arcade et d'agréables doses de sensations. Une excitation qui est malheureusement atténuée par un rythme parfois trop lent ou des missions de défense prédominantes ou la restriction du mode Off réservé à une vue externe plus visuelle que fonctionnelle. On recommandera aussi aux plus aguerris de pousser la difficulté afin de conserver aux combats aériens un bon niveau de fun et d'intérêt. Les apprentis pilotes de chasse qui n'ont pas trop envie de se prendre la tête, en quête d'un jeu arcade tout simple, trouveront certainement leur bonheur ici, qu'ils utilisent les modes d'assistance ou pas.