A l'instar de Naruto, Bleach ou encore One Peace, Detective Conan aura pris son temps pour s'exporter en Occident. Car si cet épisode Wii est le premier à sortir en Europe, d'autres sont disponibles depuis bien longtemps en import sur PS2, GBA et DS. Un événement qui nous rendrait presque indulgent vis-à-vis de ce titre qui ne compte pourtant pas parmi les meilleurs softs d'enquête mais qui fera tout de même la joie des grands fans du manga et de l'animé.
Avec déjà plus de 50 volumes parus en France et une version animée diffusée régulièrement sur nos chaînes, l'oeuvre de Gosho Aoyama a su toucher un public mondial en misant sur un thème trop rarement traité dans les mangas : les enquêtes policières. Conan Edogawa, le héros de la série, est, tout comme l'auteur, passionné par les romans d'Arthur Conan Doyle, d'Edogawa Ranpo (qui a construit son nom à partir de la transposition phonétique d'Edgar Allan Poe), et autres écrivains passés maîtres dans l'écriture de romans policiers. Le pseudonyme du petit détective provient d'ailleurs de ces deux auteurs qu'il idolâtre, son goût pour les enquêtes complexes et son talent pour les résoudre lui donnant juste assez de crédibilité pour mettre les adultes sur la bonne voie.
Bien qu'il ne soit malheureusement pas évoqué dans le jeu et trop souvent mis en retrait dans le manga, le fil conducteur de la série reste l'implication des hommes en noir responsables de la transformation de notre héros (Shinichi Kudo) en petit garçon (Conan Edogawa). Ayant rajeuni suite à l'absorption d'une potion conçue par l'organisation des hommes en noir, Shinichi est contraint de cacher son identité en permanence, même de ses amis proches, et doit trouver un moyen de recouvrer son apparence normale tout en élucidant l'avalanche de meurtres mystérieux qui lui tombent dessus. Mais comment résoudre une affaire lorsqu'on est un enfant que personne ne veut avoir dans les pattes ? Conan a trouvé la parade en s'appuyant sur le détective Kogoro Mouri, peu perspicace mais facile à manipuler, ainsi que sur son amie Ran et son rival Heiji Hattori, sans oublier le club des détectives juniors. Autant de personnages que l'on retrouve dans cette adaptation Wii.
Détective Conan : Enquête à Mirapolis n'est constitué que d'une seule affaire que le joueur est amené à résoudre tout au long de quatre actes successifs. Il s'agit d'une enquête inédite qui s'inscrit dans la lignée de celles du manga. Le déroulement du jeu se fait donc sans surprise pour qui connaît un peu la série, avec les interventions prévisibles de Kogoro l'endormi, les prises de karaté de Ran et les disputes d'Heiji et Kazuha. Mais ce sont en même temps ces clichés que le fan s'attend à retrouver dans une adaptation telle que celle-ci. Très limité pour un jeu d'aventure, le soft est sauvé par l'omniprésence des musiques de l'animé et les voix originales en japonais (à activer dans les options). Il est clair que si la bande-son n'avait pas été aussi efficace, tout le plaisir de jeu serait retombé immédiatement devant les nombreuses lacunes de gameplay. Détective Conan : Enquête à Mirapolis est donc clairement un jeu pour les fans, seul public capable de pardonner le déroulement répétitif de l'aventure, sa trop grande facilité et sa durée de vie dérisoire.
Sorti depuis deux ans au Japon, cet opus Wii accuse une réalisation très sommaire qui rebutera elle aussi les joueurs les moins motivés. La prise en main à la Wiimote avec les déplacements au stick du Nunchuk est correcte, à condition toutefois d'user et d'abuser du skateboard pour accélérer systématiquement les allées et venues, même sur de très courtes distances. Autre option salvatrice pour le gameplay, la présence d'une carte détaillée des lieux qui vous indique en un instant où se trouvent chacun des protagonistes de l'affaire. La majeure partie du temps, votre tâche consistera d'ailleurs à venir les trouver pour les interroger afin d'obtenir des témoignages susceptibles de faire avancer l'enquête. Autant dire que les allers-retours dans les quatre environnements du jeu sont incessants, d'où l'intérêt de combiner le skateboard et les ascenseurs pour ne pas s'agacer trop rapidement. Une fois l'ensemble des preuves réunies, parfois en interagissant directement sur l'environnement avec le pointeur de la Wiimote, on peut enfin commencer à réfléchir en tentant de relier l'ensemble des informations obtenues.
Commence alors une phase dite d'enchaînement de preuves, ou plutôt de déduction, dans laquelle on va tenter d'appuyer le raisonnement de Conan en choisissant les témoignages qui vont bien. En cas de doute, il est possible de demander un indice qui vous donnera tout bêtement la réponse cherchée mais qui diminuera votre score final. De toute façon, les raisonnements demandés sont généralement évidents et l'éventail des possibilités se restreint à chaque fois que vous trouvez une bonne réponse. Autant dire que cette phase, si elle n'est pas sans rappeler le système de jeu de Phoenix Wright, est loin d'offrir un réel challenge. L'idée reste néanmoins intéressante et sert de prétexte pour faire avancer l'enquête en mettant à jour les dernières révélations obtenues. Dommage que la mise en scène soit limitée par la piètre réalisation du soft et que la seule affaire proposée se termine aussi rapidement, car ce ne sont pas les quelques mini-jeux disponibles et les gadgets à débloquer qui vont rallonger efficacement la durée de vie. D'autant qu'une fois l'affaire résolue, il n'y a plus aucun intérêt à la recommencer, sinon pour se replonger dans l'ambiance du manga et de la série animée. A vous de voir si vous êtes assez fan pour tenter l'aventure malgré un prix assez excessif pour seulement cinq heures de jeu.
- Graphismes10/20
Le style graphique reste fidèle à celui du manga en dépit d'une réalisation très pauvre. Dommage que la mise en scène en pâtisse et qu'on ne dénombre que quatre environnements différents.
- Jouabilité12/20
La prise en main s'avère assez rebutante mais certains éléments sauvent le gameplay en facilitant considérablement les déplacements (le skateboard, les ascenseurs et les raccourcis via le plan). Indispensable, la carte permet de savoir à tout moment où se trouvent les personnages à interroger. En revanche, si les phases d'enchaînement des preuves sont intéressantes, elles se révèlent un peu trop faciles.
- Durée de vie7/20
Comptez cinq à six heures, tout au plus, pour terminer les quatre actes du jeu. C'est vraiment court, d'autant que les mini-jeux n'apportent rien et que l'achat de gadgets et d'objets bonus est totalement facultatif.
- Bande son17/20
Si la bande-son est aussi immersive, elle le doit non seulement aux musiques de l'animé qui sont omniprésentes mais aussi à l'excellent doublage original japonais (à activer dans les options pour ne pas se gâcher complètement le jeu à cause des voix anglaises).
- Scénario15/20
Alors qu'ils s'attendaient à passer un séjour de rêve en venant assister à l'inauguration de Mirapolis, Conan et ses amis se retrouvent impliqués dans une affaire où les meurtres s'enchaînent les uns après les autres.
Difficile de porter un jugement équitable sur un jeu qui ne s'adresse finalement qu'aux seuls et uniques fans de Détective Conan. Si l'adaptation respecte à tous points de vue le manga de Gosho Aoyama et profite de la présence des musiques de l'animé pour assurer une immersion réussie, elle déçoit par sa très courte durée de vie et par son schéma de jeu extrêmement limité. On conseillera tout de même aux inconditionnels de la série d'y jeter un oeil, en espérant que les prochaines adaptations du manga sortiront à leur tour dans notre pays.