Les Eledees sont de retour et tentent d'illuminer cette fois la DS. Toujours aussi trognons, ils sont cette fois au centre d'un jeu d'action/aventure qui emprunte autant à la série des Zelda qu'à celle des Pokemon. Ce n'était sans doute pas la meilleure façon de préserver la fraîcheur du concept d'origine, mais il faut avouer que cela fonctionne plutôt bien.
Il y a deux ans, Eledees avait fait souffler un vent de fraîcheur sur la Wii. Le principe était original, la jouabilité pensée pour tirer le meilleur parti des possibilités de la console. Pouvoir mettre à sac la maisonnée, à l'aide d'une sorte de Gravity Gun, pour récupérer de petits êtres chargés d'énergie, c'était quand même sacrément chouette. Pourtant, l'intérêt s'émoussait au bout de quelques heures, la faute à un gameplay qui n'évoluait pas suffisamment. Dans Eledees : The Adventures of Kai and Zero sur DS, le problème ne se pose plus. Tout risque éditorial a disparu avec la transformation du concept d'origine en jeu d'action/aventure.
C'est bien simple : commencez par remplacer les environnements domestiques par un univers naïf et coloré en vue aérienne, comme on en voit beaucoup (trop ?) dans les productions japonaises ; puis prenez un gameplay à la Zelda, centré sur l'acquisition progressive d'items permettant de débloquer des zones préalablement inaccessibles ; remplacez enfin lesdits items par des Eledees Omega, êtres élémentaires permettant de résoudre les puzzles et pouvant évoluer comme des Pokemon. Voilà, c'est prêt, et il n'en fallait pas plus pour vider de sa substance le concept de base. La capture des Eledees est toujours présente, et garde même son importance puisque l'énergie qu'ils vous procurent permet d'ouvrir des portes et d'activer des mécanismes. Mais elle ne fait plus l'objet de la recherche appliquée et astucieuse qui rendait l'opus Wii si sympathique. Facilitée, devenue un simple moyen et non plus une fin en soi, elle renforce l'impression d'avoir "dézoomé", quittant le microcosme si séduisant des Eledees pour s'en retourner à une réalité plus convenue. Et ça, c'est terriblement dommage. Reconnaissons qu'une adaptation en l'état du titre d'origine aurait sans doute relevé de la gageure, mais on a quand même un peu trop l'impression de pratiquer un titre aux mécanismes de jeu éprouvés. Voilà pour la comparaison avec l'opus Wii, qui s'imposait étant donné le caractère atypique du concept de base.
Mais que vaut Eledees : The Adventure of Kai and Zero pris pour lui-même ? C'est ma foi un bon jeu d'action/aventure entaché de quelques défauts. A commencer par le scénario, qui n'a guère de sens : un jour, le jeune Kai et son Eledee surnommé Zéro démarrent accidentellement un bus garé dans une vieille grange et atterrissent dans une autre dimension. Le bus (qui parle) leur explique alors qu'il a été conçu par le père du jeune garçon pour voyager entre les plans et que s'ils veulent rentrer dans le leur, ils devront lui procurer suffisamment d'énergie et l'aider à trouver sa route au fil des univers traversés. Souvent basés sur un élément (terre, glace, feu...), ces différents univers sont dotés de petits villages dans lesquels il est possible – mais pas toujours très utile – de discuter un peu avec les habitants. Mais le principe du jeu reste l'exploration d'environnements labyrinthiques truffés de mécanismes à activer et de puzzles "élémentaires" à résoudre à l'aide des Eledees Omega. Ces cousins "pokémonesques" des Eledees, que Kai récupère au fur et à mesure de sa progression, possèdent chacun une capacité spécifique (jet de flammes, aimant, marche sur l'eau etc...) lui permettant de venir à bout d'obstacles divers et variés. Si certaines énigmes sont plus élaborées que d'autres, elles restent dans l'ensemble suffisamment téléphonées pour que le joueur ne reste pas bloqué trop longtemps.
Pour utiliser les capacités des Omegas, Kai a besoin d'énergie, qu'il accumule en attrapant des Eledees traditionnels. Il suffit de soulever une pierre ou de secouer un arbre pour les voir pleuvoir comme des gouttes d'eau. La phase de capture diffère toutefois de la version Wii dans la mesure où après avoir touché un Eledees, il faut toucher l'Omega qui vous accompagne, qui se rue alors dessus comme un chien de chasse, et ce avant que la jauge de capture ne s'épuise. Cette action doit être répétée très fréquemment, ce qui la rend aussi lassante que fastidieuse. Par chance, plusieurs objets bonus peuvent vous faciliter la tâche, comme le laser traçant qui permet de faire glisser le stylet sur plusieurs Eledees à la suite, ou encore le laser filet qui permet d'en capturer plusieurs à la fois. Si ça peut vous motiver, sachez qu'outre les utilisations que nous avons déjà définies, l'énergie en surplus peut être utilisée pour "charger" les Omegas et les faire ainsi évoluer vers des versions plus puissantes. On reconnaîtra ici le principe initié par la série des Pokemon, d'autant que les différentes évolutions restent à la discrétion du joueur et ne sont pas indispensables pour boucler le jeu. Sachez qu'à chaque fin de monde, un boss vous attend, qui s'étale nonchalamment sur les deux écrans de la DS. Le vaincre demande un peu de réflexion et parfois plusieurs essais (le temps de comprendre quel(s) Oméga(s) utiliser).
Les différents mondes sont également truffés de bonus à récupérer, parmi lesquels des "Boost Esquive" qui n'apparaissent qu'après avoir capturé trois Eledees roses (souvent bien cachés). L'influence de la saga des Zelda est donc indéniable ; les développeurs ont même été au-delà en vous empêchant de terminer le jeu à 100 % la première fois : ce n'est qu'en le parcourant à nouveau que vous pourrez accéder à toutes les zones secrètes grâce aux Omegas conservés. Une idée déjà pratiquée ici ou là, qui assure une certaine jouabilité tout en ayant ses détracteurs. Quelques mots pour finir sur l'aspect technique, qui se montre décevant à bien des égards. Les graphismes, pour commencer, sont davantage dignes d'une Gameboy Advance que d'une Nintendo DS. Quelques soucis de jouabilité se font aussi sentir. L'utilisation des pouvoirs, durant laquelle l'Oméga concerné change de place avec Kai, est fort peu intuitive et donne lieu à pas mal de ratés. Toujours dans le domaine des Omégas, il faut savoir que sur la quarantaine disponibles, seuls cinq peuvent être mis en accès rapide, obligeant l'utilisateur à passer par plusieurs menus pour utiliser les autres. Notez enfin que Eledees : The Adventures of Kai and Zero propose un mode multijoueur dont l'intérêt nous a paru assez limité. Bref, on est en présence d'un jeu d'action/aventure plutôt sympathique, mais qui risque d'être bien vite oublié.
- Graphismes12/20
Bien que mignons, les graphismes souffrent d'un manque évident de finesse. Qui plus est, les décors sont souvent trop ternes et l'animation est assez sommaire. Les portraits des personnages qui s'affichent lors des conversations sont pour leur part réalisés dans un style pastel très réussi.
- Jouabilité13/20
Le gameplay fonctionne plutôt bien, malgré une certaine lassitude à capturer les Eledees, le procédé n'étant pas des plus stimulants. Bien que le stylet et le double-écran soient bien utilisés, quelques soucis de jouabilité, énumérés dans le test, se font régulièrement sentir.
- Durée de vie13/20
Une douzaine d'heures de jeu au minimum, ce n'est pas si mal sur DS. Dommage que cette durée de vie ne puisse guère s'appuyer sur une rejouabilité que certains considéreront comme "forcée" et un mode multijoueur à l'intérêt très relatif.
- Bande son15/20
Les thèmes musicaux très enjoués sont bien dans le ton, de même que les bruitages irrésistibles des Eledees quand leur cachette est mise à jour. Le jeu inclut en outre des voix (non doublées en français) durant les scènes cinématiques.
- Scénario8/20
Le scénario quitte le socle réaliste de l'opus Wii pour aller se perdre dans le grand n'importe quoi. L'univers, aussi neuneu que celui d'un Minish Cap, ne bénéficie clairement pas de l'inventivité propre à la série des Zelda. Les énigmes restent toutefois bien étudiées.
Difficile d'attribuer une juste note à Eledees : The Adventures of Kai and Zero sur DS. Si l'on s'en réfère à l'opus Wii, il ne soutient pas la comparaison : vidé de sa substance, le concept d'origine est asservi à un gameplay usé jusqu'à la corde, empruntant beaucoup (trop) à la série des Zelda. Pourtant, il est possible de se prendre au jeu, vu qu'on y retrouve avec plaisir tous les ingrédients qui font les bons titres d'action/aventure truffés d'énigmes à résoudre et de secrets à découvrir. Dommage que la faiblesse de son aspect technique ne pousse pas à l'indulgence.