Pour la quatrième fois depuis 2005, Konami nous abandonne sur une île déserte pour tester nos capacités de résistance et notre instinct de survie sauf que cette fois-ci, c'est sur Wii que le naufrage a lieu. Dans tous les sens du terme...
Comme les fans de la série ont encore pu le constater dernièrement, le concept original de Lost in Blue n'a jamais réellement évolué au fil des différents épisodes DS. Chaque année, les innovations se comptent sur les doigts de la main et les mécanismes de jeu restent rigoureusement les mêmes en dépit des critiques constructives des fans. On ne sera donc pas surpris d'apprendre que Shipwrecked se contente simplement de reprendre les grandes lignes de la série pour les transposer paresseusement sur Wii. De fait, on trouve dans cet épisode toutes les bonnes idées qui font le charme de Lost in Blue mais aussi tous les défauts qui nous exaspèrent depuis plus de trois ans...
L'aventure commence par le naufrage d'un luxueux paquebot et de ses passagers. Cette fois-ci, le jeune homme qui s'échoue miraculeusement sur un minuscule îlot perdu au milieu de l'océan se nomme Aidan. Par chance, Hobo, son petit singe domestique, a lui aussi survécu au drame. Après s'être remis de ses émotions, Aidan ne tarde pas à réaliser qu'il va devoir se bouger les fesses s'il veut avoir une chance de survivre dans cet environnement hostile. Nous voici donc en train de fureter un peu partout dans des décors en 3D pour tenter de lui dégotter un peu d'eau et de la nourriture. Comme d'habitude, on peut faire tomber des noix de coco en secouant les palmiers, déterrer des coquillages en grattant le sable ou ramasser des baies sur les buissons environnants. On peut aussi récupérer des matières premières (bâtons, pierres, lianes...) pour fabriquer des outils et améliorer notre campement de fortune. Il suffit généralement d'agiter la Wiimote ou de réussir quelques mini-jeux ultra-basiques (seul ou avec un ami) et le tour est joué. Notez qu'on peut également envoyer Hobo, notre singe apprivoisé, secouer quelques arbres en se mettant en vue subjective et en lui désignant un objectif. On comprendra hélas rapidement que cela n'a pas grand intérêt dans la mesure où l'on collecte généralement les ressources plus vite soi-même.
Après avoir fait le tour de l'îlot qui sert de tutoriel, on finit par construire un radeau de fortune qui tient juste assez longtemps pour nous transporter jusqu'à une île voisine. On y sera accueilli par Lucy, une ravissante blondinette victime elle aussi du naufrage du paquebot. Inutile de se réjouir cependant car comme toutes les filles de la série Lost in Blue, elle est absolument incapable de se débrouiller toute seule (bonjour les clichés machistes). En fait, elle est même carrément stupide. Il faut par exemple l'emmener boire tous les jours au ruisseau qui passe à dix mètres de la grotte où elle vit pour qu'elle ne meure pas de soif. Pire, si elle a de la nourriture sur elle et qu'on ne lui a pas donné l'ordre de la cuisiner avant, elle se laissera mourir de faim ! Difficile de comprendre pourquoi Konami s'entête à nous coller dans les pattes un tel boulet à chaque épisode. D'autant qu'on doit la supporter à nos côtés durant la majorité des phases d'exploration afin qu'elle nous aide à débloquer de nouveaux passages.
Mais s'il y a bien un reproche que l'on puisse faire aux développeurs, c'est surtout de ne toujours pas s'être penchés sur un problème que tous les vétérans dénoncent avec force depuis le premier épisode DS : l'exagération des besoins fondamentaux. Figurés à l'écran par quatre jauges (soif, faim, endurance et santé), ces derniers sont en effet tellement contraignants qu'ils ruinent au final la crédibilité de l'expérience au lieu de la renforcer. On a beau faire avaler à Aidan et Lucy des quantités invraisemblables de nourriture préalablement cuisinée au feu de bois, ils ont faim et soif en permanence. Ils ne peuvent pas passer une journée loin de leur campement sans tomber de fatigue et à supposer qu'ils viennent en chemin à manquer de quelque chose plus d'une douzaine d'heures, c'est la mort assurée. Du coup, on passe des journées entières à chasser, à pêcher et à amasser diverses denrées pour nous assurer de pouvoir faire plus de trois pas dans la montagne sans expirer. Les choses ont beau s'améliorer au fur et à mesure que notre campement se développe, le joueur risque une fois de plus de décrocher bien avant que les choses ne deviennent intéressantes. Les corvées d'eau ou de bois sont affreusement redondantes et la fadeur des mini-jeux associés au feu ou à la cuisine n'incitent pas à persévérer. Pas plus d'ailleurs que la caméra exécrable que l'on doit repositionner en permanence pour voir à peu près où l'on met les pieds. En somme, cette épisode Wii ne fait rien pour surprendre les fans ou séduire les débutants et il est peu probable qu'il reste dans la mémoire des uns comme des autres.
- Graphismes12/20
Les décors en 3D et les personnages ne sont pas particulièrement beaux mais on a déjà vu pire sur Wii. En revanche, la gestion de la caméra est épouvantable et la carte affichée en bas de l'écran est beaucoup trop petite pour s'orienter correctement dans des environnements immenses.
- Jouabilité9/20
Une fois de plus, nos jeunes naufragés ne peuvent pas faire trois pas dans l'île sans tomber d'inanition ou mourir de soif. On passe des journées entières à faire des réserves d'eau, de nourriture et de bois. Lucy est une véritable cruche. Enfin, les mini-jeux sont trop répétitifs et la plupart d'entre eux sont parfaitement inintéressants, même en multijoueur.
- Durée de vie13/20
Il y a beaucoup d'objets à récolter ou fabriquer. La moindre phase d'exploration doit être minutieusement planifiée si l'on ne veut pas se perdre ou mourir en chemin. On peut débloquer un mode de jeu bonus avec des missions. Alors oui, la durée de vie est conséquente mais il faut vraiment s'accrocher pour ne pas laisser tomber dès les premières heures de jeu.
- Bande son6/20
Les musiques sont incroyablement cheap et les quelques phrases que prononcent Aiden et Lucy sont doublées par des acteurs manifestement bien peu inspirés. Les bruitages sont parfois tellement ridicules qu'ils en deviennent drôles.
- Scénario10/20
Le scénario de Shipwrecked reste très basique. Les dialogues sont criblés d'erreurs de traduction et les quelques animations qui illustrent la progression ne cassent pas trois pattes à un canard.
Découverte il y a trois ans sur DS, la série Lost in Blue souffre encore et toujours d'une gestion des besoins trop pesante et d'un manque d'autonomie flagrant de l'héroïne sur Wii. Certes, l'expérience et dépaysante mais que l'on passe ses journées à ramasser du bois et de la nourriture sur une île paradisiaque ou ailleurs, cela reste avant tout une corvée.