Les jeux d'objets cachés, issus du PC et destinés avant tout à un public de joueurs occasionnels, ne pouvaient continuer à ignorer les consoles de jeu. C'est Big Fish Games, le spécialiste incontesté en la matière, qui ouvre le bal sur DS avec Mystery Case Files : Millionheir. Et prouve, à notre grande surprise, qu'il est encore possible d'innover dans un genre maintes fois ressassé.
Emilio Nerr, un excentrique milliardaire, a disparu. Vous êtes la seule personne capable de découvrir ce qui lui est arrivé (on se demande bien pourquoi, mais passons...). Pour ce faire, vous allez devoir interroger plusieurs suspects (douze au total), susceptibles de détenir des informations sur cette étrange disparition. Mais ce ne sera pas si simple : chaque suspect n'acceptera de vous parler que si vous l'aidez à remettre un peu d'ordre dans sa demeure. Mystery Cases Files : Millionheir s'articule donc autour de la fouille de douze résidences, aux styles particuliers inspirés chacun par la personnalité de son propriétaire (Luca Serolier le chef cuisinier, Nikos Mos l'astronome, Harry Zona le chanteur de country, Berangère Anium l'horticultrice...). Chacun de ces lieux est constitué de trois à cinq pièces dans lesquelles vous devez retrouver un certain nombre d'objets cachés. Ces phases de recherche se concluent par une épreuve (puzzle, taquin, jeu des sept erreurs... On reste dans le domaine de l'observation) vous ouvrant enfin l'accès à l'interrogatoire de votre témoin. Un indice vous est alors révélé, et vous pouvez passer au suspect suivant.
Pour ceux qui n'auraient jamais joué à un jeu d'objets cachés, rappelons-en brièvement le principe, qui s'inspire des Devinettes d'Épinal et de "Où est Charlie ?" : il s'agit de dénicher des objets dissimulés dans une image à la composition surchargée. Les différentes scènes évoquent des toiles de style baroque peintes par un Arcimboldo des temps modernes : une multitude d'objets de la vie quotidienne se côtoient dans un méli-mélo désordonné et chaotique qui rend l'observation délicate, d'autant que de nombreux éléments se fondent dans le décor comme des caméléons. L'écran supérieur de la DS vous permet de visualiser l'ensemble de la scène ainsi que la liste (escamotable) des objets à retrouver. L'écran tactile affiche quant à lui une vue zoomée d'une partie de la scène, à faire scroller librement. C'est l'occasion d'apprécier l'excellente résolution des images, qui rend la recherche aussi précise qu'agréable. Dès que vous avez repéré un objet, il suffit de le toucher du bout du stylet pour le voir s'échapper de la scène. Notez que Mystery case Files : Millionheir propose trois niveaux de difficulté, les deux plus élevés incluant un paramètre temps. S'il vous vient à l'idée de cliquer un peu partout pour dénicher les objets, vous serez sanctionné de quelques minutes de malus. Le challenge reste toutefois très abordable, d'autant qu'un système d'indices (en nombre limité) permet de révéler les objets que vous n'arrivez pas à dénicher.
Le principe fonctionnant bien, Big Fish Games aurait pu en rester là. Mais de réels efforts ont été déployés pour étoffer le gameplay tout en tirant parti des différentes fonctionnalités de la DS. Ainsi, dans les listes d'objets à trouver, figurent de temps en temps des "couples" (par exemple : "Soleil et lune") à repérer dans le décor avant de les relier par un trait de stylet. Il vous faut aussi, parfois, effectuer une action précise sur un objet pour le valider ("trancher la pastèque" par exemple) ; ce qui amusera sans nul doute les plus jeunes. Vous avez enfin la possibilité d'utiliser quelques "gadgets" : la lampe-torche sert à éclairer les endroits les plus sombres, l'appareil à rayons X à trouver les objets cachés derrière les éléments du décor, les lunettes de natation à regarder sous l'eau, etc... Mine de rien, cela apporte une certaine variété à un principe qui se révélerait sans cela vite ennuyeux et répétitif. Joué dans sa difficulté moyenne, le mode histoire propose 5 à 6 heures de jeu, relayées par un mode partie rapide ainsi qu'une solide option multijoueur : de 2 à 4 joueurs, en coopératif ou en versus, simultanément (via liaison wi-fi) ou à tour de rôle (avec une seule carte) peuvent y mesurer leur sens de l'observation. Mentionnons enfin la présence d'une fonction de game sharing vous permettant d'envoyer une démo du jeu à un ami. Bref, un jeu d'objets cachés, certes, mais suffisamment inventif et étoffé pour mériter l'attention des adeptes du genre.
- Graphismes14/20
Les différents décors, d'inspiration baroque et rococo, sont artistiquement soignés et parfois dotés de petites animations discrètes mais bien utiles pour leur donner vie.
- Jouabilité13/20
Le "j'aperçois donc je touche" se voit ici étoffé de possibilités d'interactions exploitant les caractéristiques de la DS et de mini-jeux permettant de varier les plaisirs.
- Durée de vie11/20
Le mode histoire se boucle en cinq à six heures au niveau de difficulté moyen, mais l'utilisateur dispose en appui d'un mode de jeu rapide et d'une option multijoueur.
- Bande son13/20
Les thèmes musicaux, très atmosphériques (certains évoquent X-Files), mettent tout de suite dans l'ambiance et les bruitages, bien que peu nombreux, sont de bonne facture.
- Scénario6/20
Malgré tout le second degré qu'ont bien voulu y mettre les développeurs (les dialogues sont parfois incompréhensibles), la trame narrative du jeu se révèle aussi inintéressante qu'inutile.
Jeu d'objets cachés, Mystery Case Files : Millionheir est le genre de titre susceptible de livrer rapidement ses limites. Heureusement, Big Fish Games a su repenser ce concept éculé, en l'agrémentant notamment de possibilités d'interactions spécifiques à la DS. Pour ne rien gâcher, le jeu bénéficie d'une réalisation correcte et d'un contenu pas aussi chiche qu'on pouvait s'y attendre. A conseiller aux adeptes du genre, les autres passeront sans regret.