Plusieurs mois après les sorties new-gen et PC, voici que nous arrive enfin la mouture PS2 de Tomb Raider Underworld. Eidos n'ayant absolument pas communiqué sur ladite version, on été en droit de craindre le pire. Et malheureusement, c'est bel et bien ce que nous propose Buzz Monkey.
Dans la droite lignée de Tomb Raider Anniversary, Tomb Raider Underworld s'inscrit comme l'ultime épisode d'une histoire ayant débuté il y a 12 ans et légèrement remanié il y a peu afin de constituer une histoire homogène. Ainsi, nous ne serons donc pas étonnés de retrouver la dénommée Jacqueline Natla, prétendument morte à la fin du premier Tomb Raider, mais revenant ici en grande forme et affublée d'une magnifique paire d'ailes. Après avoir fait copain copine avec cette chère Amanda, Jacqueline ne tardera pas à entraver la route de Lara à la recherche de sa mère perdue dans la mythique Avalon. Si le scénario se veut très ambitieux, il n'en demeure pas moins sous-exploité. Etrange constat d'autant que la mythologie nordique, au centre de cet opus, est synonyme de quelques décors plus ou moins jolis (même si le tout n'exploite cependant pas les capacités de la console) et de diverses trouvailles de gameplay. En somme, un des défauts d'Underworld est d'avoir mésestimé l'importance des cinématiques et des dialogues au profit du jeu en lui-même. Il n'en reste pas moins que l'histoire se laisse suivre et savourer avec plaisir mais on ne pourra s'empêcher de penser que le script final a des allures de premier jet raturé.
Pour autant, on a du mal à savoir d'où peut venir ce manque de finitions d'autant que le gameplay profite de petites améliorations augmentant l'expérience de jeu. Bien entendu, les bases de la jouabilité restent les mêmes que celles du précédent Tomb Raider. Néanmoins, les développeurs ont cru bon de simplifier moult points de détail. Par exemple, Lara enjambe désormais comme une grande les plus petits obstacles qu'elle rencontre sans qu'on ait à appuyer sur une touche. Il lui est également possible d'effectuer des sauts en biais, de tirer alors qu'elle est suspendue à une poutre ou bien encore d'utiliser son grappin qui épouse maintenant l'environnement. Ainsi, si vous agrippez un élément, reculez et tournez autour d'un pilier, le grappin ne restera pas tendu mais contournera lui aussi l'obstacle. Une bonne idée afin de rendre un peu plus consistantes certaines énigmes. C'est d'ailleurs un point essentiel d'Underworld qui affiche une difficulté aussi importante qu'Anniversary. En somme, le titre se rapproche beaucoup plus de l'opus original que de Legend en cela que vous évoluerez à l'intérieur d'immenses salles à l'architecture complexe qu'il vous faudra analyser et comprendre afin de progresser.
Le fait le plus indéniable d'Underworld est donc lié à sa volonté farouche de plaire à un public très large. Cependant, retenez bien que l'exploration est plus présente que l'action. Certes, vous aurez droit à quelques gunfights, des combats contre des animaux ou monstres issus d'un lointain passé, vous aurez la possibilité d'utiliser plusieurs armes (même si sur PS2, il est bizarrement impossible de changer d'arme secondaire dans un niveau) mais malgré tout, ces séquences tombent à l'eau. De plus, Crystal a simplement enlevé le coup de pied sur PS2 et a fortiori le combat au corps à corps. Qu'on se le dise, autant on prend son pied à trouver son chemin ou la solution d'un puzzle, autant on s'ennuie lors des échauffourées. Tout difficile qu'il est, Underworld n'en reste pas moins un jeu accessible. Si ce constat est paradoxal, il s'explique simplement par le fait que Crystal ait inclus un système d'aides. En effet, en passant par le menu d'inventaire, vous trouverez notamment le nombre de trésors à dénicher et l'aide de terrain. Dans ce cas, vous n'aurez qu'à appuyer sur une touche afin que Lara vous dise quel est votre objectif. Si vous êtes toujours perdu, hop, une pression sur une autre touche pour que la miss vous donne la solution de l'énigme. Cette aide salvatrice évitera bien des crises de nerfs aux plus impatients même si lors de situations réclamant le plus de cabrioles, les conseils de Lara seront fort dispensables, la belle nous rappelant simplement, en substance, qu'il faut sortir de la pièce où on se trouve. Toutefois, on ne parlera pas ici de vrais soucis dans le sens où la sève qui coule dans les veines d'Underworld est bel et bien constituée par le challenge que représentent ces immenses niveaux aussi impressionnants que vicieux. Par contre, signalons également que le sonar, synonyme d'une succession de screenshots sur Wii, est absent sur PS2 .
On regrettera aussi que Buzz Monkey n'ait pas résolu les quelques écarts de caméra qui a parfois du mal à se mettre dans la bonne position afin de nous montrer ce qui se trouve autour de nous. On devra alors se référer aux mouvements de la miss (après avoir orienté le stick dans une direction) pour savoir si on peut sauter sur le bout de corniche qu'on voit juste là, mais si, dans le coin droit de l'écran... Voilà. Ensuite, disons-le tout court, le gameplay de cette version PS2 est bien moins évolué que celui de ses homologues. Ainsi, Lara se montre parfois capricieuse en mettant trois plombes à bouger lorsqu'on la déplace, la plupart du temps lorsqu'elle est agrippée à une corniche, et entre les bugs graphiques et environnements parfois très sombres (malgré une luminosité à fond), on ne cesse de pester. Mais ce n'est pas tout ! Ce qu'il faut également savoir est que les développeurs ont divisé la longueur des niveaux par deux et réduit les énigmes à leur plus simple expression. Basiques de chez basiques, les puzzles vous demanderont la plupart du temps de pousser un levier pour actionner un mécanisme, de prendre un élément, à trois mètres de vous, de le placer à un endroit puis d'appuyer à nouveau sur ledit levier pour tout remettre en place. Pathétique.
Bref, cette version PS2 de Tomb Raider Underworld est une véritable insulte au mythe et aux fans. Dénotant d'une immense fainéantise du début à la fin, rien ne vient sauver cette mouture du naufrage. Mais le pire dans tout ça est qu'on trouve de la "publicité mensongère" à l'intérieur de la notice. En effet, alors qu'on nous explique la façon d'utiliser l'adrénaline (un ralenti pour shooter plus facilement nos ennemis), je n'ai étrangement pas été en mesure d'utiliser cet élément après avoir écumé trois niveaux entiers. Etonnant d'autant qu'on trouve bien un visuel dans la notice où l'on peut apercevoir la fameuse jauge d'adrénaline... Qui n'existe simplement pas dans le jeu. Enfin, citons pêle-mêle une absence totale de transition entre les niveaux (Lara pouvant par exemple se retrouver sur son bateau alors que la seconde d'avant, elle était à l'intérieur d'une grotte), une gestion des points de sauvegarde défiant la plus petite once de logique ou bien encore des cinématiques à la compression calamiteuse. Et tout ça pour plus de 35 euros ? C'est ce qu'on appelle une blague de très mauvais goût.
- Graphismes12/20
La PS2 a montré à de nombreuses reprises qu'elle était capable de très belles choses. Malheureusement, Tomb Raider Underworld nous démontre aussi qu'elle peut faire rire entre de mauvaises mains. Ainsi, exception faite de quelques beaux décors, on dénombre plusieurs bugs graphiques, une animation foireuse, des ralentissements innommables et des cinématiques mal compressées et surexposées.
- Jouabilité8/20
Ayant zappé plusieurs éléments de gameplay (coups de pieds, adrénaline...), comprenant de nombreux problèmes de caméra et devant supporter d'importantes baisses de framerate, la jouabilité PS2 de Tomb Raider Underworld est tout simplement désastreuse. Incompréhensible surtout lorsqu'on compare le tout à ce dont nous avait habitués Legend et Anniversary.
- Durée de vie11/20
Trois niveaux de difficulté sont à disposition pour une durée de vie s'étalant sur moins d'une dizaine d'heures. Ceci sera uniquement valable si vous n'utilisez pas l'Aide de terrain. A signaler que les niveaux sont beaucoup plus courts sur PS2 et que les énigmes sont d'une médiocrité sans nom. La technique et le gameplay étant à la ramasse, tout comme les points de passage gérés n'importe comment, aucune chance que vous y reveniez une fois terminé l'aventure.
- Bande son14/20
Des musiques aussi envoûtantes que celles d'Anniversary et Legend pour un plaisir sans cesse renouvelé. Le doublage français est encore une fois dans le ton avec l'irremplaçable Françoise Cadol et d'autres voix très connues à commencer par celle de Patrick "Son Goku" Borg.
- Scénario14/20
Le scénario clôt la trilogie débutée avec Legend et Anniversary et se donne des airs de fin de saga en réunissant un casting composé d'Amanda, de Jacqueline Natla et de quelques autres invités de marque. La mythologie nordique permet quelques excentricités et un beau tour du monde mais on pourra regretter que Buzz Monkey n'ait pas davantage creusé le tout en rajoutant quelques cinématiques ou en peaufinant tout simplement les dialogues.
Mais qu'est-ce qui a bien pu se passer chez Buzz Monkey ? Après nous avoir offert de belles versions PS2 de Legend et Anniversary, on ne peut qu'être surpris devant ce Underworld affichant dès le début un énorme laxisme. Plombé par une jouabilité désastreuse, un gameplay amoindri, des niveaux plus courts, des énigmes basiques et une gestion catastrophique des points de passage, le résultat est effarant de médiocrité. Nul doute que le développement n'a pas dû retenir très longtemps les équipes de Buzz, ceci dénotant aussi d'un manque total de respect envers les fans et les joueurs. Carton rouge donc au développeur et à l'éditeur qui auront bien du mal à se faire pardonner cette litanie mortuaire.