Avant de plonger plus avant dans les entrailles puantes de la bête, prenons quelques secondes pour se remémorer le contexte de l'aventure, un contexte évidemment identique à celui de la version 360. Le joueur incarne Frank West, journaliste fouineur, un peu beauf sur les bords, et qui n'aspire qu'à tomber sur le scoop du siècle. Une carrure de boxeur, une trogne de camionneur biélorusse, des répliques de la mort et une furieuse motivation, voilà ce à quoi vous devez vous attendre lorsque vous découvrirez le bonhomme. Au terme d'une petite virée en hélicoptère au-dessus d'une bourgade américaine curieusement mise en quarantaine par l'US Army, Frank va finalement se retrouver coincé dans un mall, sorte de centre commercial géant particulièrement apprécié dans les pays anglophones. Hélas, ce temple de la consommation jadis si paisible se trouve maintenant infesté de cadavres ambulants et de survivants plus ou moins désemparés. Car si la majorité d'entre eux ne demandera qu'à être secourue, d'autres se montreront presque plus dangereux que les zombies en raison de leur peur, de leur folie, de leur inconscience ou de leurs motivations secrètes. Mais sur ce sujet précis, nous resterons volontairement silencieux afin de ne pas vous gâcher la surprise.

Attendez-vous cependant à découvrir un univers à la fois glauque et délirant, et un soft qui donne davantage dans le vaudeville, la comédie à la Shaun of the Dead, plutôt que dans le cinéma de Romero. Quoi qu'il en soit, pour peu que le joueur ait déjà eu la chance de tripoter le soft sur la machine de Microsoft, le contact avec cette mouture Wii risque d'être rude. Outre une tenue graphique évidemment revue à la baisse et sur laquelle il n'est plus guère nécessaire de revenir, Capcom a également opéré de nombreuses modifications de fond afin de lui permettre d'évoluer sur son nouveau support. En premier lieu, mentionnons le découpage plus conventionnel de l'action. Si sur 360, l'aventure se déroulait en temps continu et mettait constamment le joueur sous pression en le forçant à atteindre ses objectifs en temps et en heure, Dead Rising Wii adopte lui un chapitrage classique. La salle de surveillance du mall fait donc office de nexus, une zone centrale où vous sélectionnerez chaque mission avant de partir l'accomplir dans le centre lui-même.

Une fois votre affectation déterminée, le temps que vous mettrez à accomplir la mission en question n'aura plus guère d'influence. Car même si un timer s'affiche dans un coin de l'écran, il ne sert finalement qu'à vous donner une note et un classement lorsque vous retournez dans le poste de surveillance. Exit donc le joyeux sentiment d'urgence de la version 360 et place à quelque chose d'un petit peu moins énergique. Cela dit, le joueur Wii profitera en contrepartie d'un peu plus de latitude pour explorer les lieux et pour vaporiser du zombi à grands coups de boules de bowling. Car ce Dead Rising n'oublie pas ce qui faisait une grande partie du charme de son aîné, à savoir la possibilité de ramasser toutes sortes d'objets de toute nature pour s'en servir d'armes. On notera cependant que si l'arsenal resté varié, il s'avère bien moins conséquent que sur la console américaine. Comptez tout de même sur des ballons de foot, des clubs de golf, des épées en plastique, de véritables katanas, des tronçonneuses, des caddies, des poubelles, des barres de fer, des extincteurs, des cônes de signalisation et toute une tripotée d'objets en tout genre.

Le tout s'associe de surcroît à des armes plus conventionnelles, tels des pistolets et des fusils de chasse. On note au passage que les munitions seront bien plus faciles à obtenir que dans la version 360, de même que la nourriture, synonyme de barre de santé bien remplie. En effet, dorénavant, les zombies éviscérés laisseront souvent tomber quelques bastos supplémentaires ou une belle pomme régénératrice. Le centre commercial lui-même, s'il semble conserver toutes les zones présentes dans la version 360 (zones auxquelles ils sera d'ailleurs possible d'accéder librement) s'avère cependant moins agréable à parcourir. Au-delà des petits temps de chargement, on constate surtout que des magasins entiers ne sont plus accessibles, que certains parcours vous sont imposés par quelques étranges barrières et qu'il n'est plus possible de sauter derrière tous les obstacles, comptoirs et autre parapets.

Voilà d'ailleurs une transition pour le moins malhabile qui nous permettra néanmoins d'aborder la question de la maniabilité. Sachez ainsi que dans l'ensemble, on ne se plaindra pas trop du travail effectué par Capcom dans ce domaine particulier. En effet, après un petit temps d'adaptation, vous devriez pouvoir évoluer sans trop de problème dans les entrailles du mall. La caméra, jadis libre comme le vent, se trouve maintenant collée au dos du beau Frank, à la manière de Resident Evil 4. Pour utiliser vos armes à feu, cette vue se montre généralement efficace mais pour les corps-à-corps en revanche, cela devient vite fouillis. On se retrouve souvent à matraquer le vide plutôt que les sacs à viande de Willamette, ce qui s'avère tout de même un brin frustrant. Et tant que nous parlons de frustration, autant en profiter pour mentionner deux ennemis qui feront tout pour pourrir vos parties. Ouvrez grand vos esgourdes mes bons amis, car il ne s'agit ni plus ni moins que des terrifiants, des maléfiques, des ignobles caniches de mémé et autres perroquets zombies. Les bougres sont présents en nombre dans chaque section du mall et se font une joie de vous foncer dessus à la moindre occasion. A croire que le mall faisait plus office d'animalerie géante que de véritable centre commercial.

Et étant donné qu'il est presque impossible de se débarrasser de ces fameuses bestioles au corps-à-corps, il vous faudra à chaque fois recourir aux armes à feu, avec tout ce que cela implique : impossibilité de se déplacer et obligation de triturer la caméra tout en subissant les assauts des zombies "normaux" dans le même temps. Une mandale dans les dents, et hop, vous perdez votre cible de vue ou interrompez votre rechargement. Bref, voilà deux ennemis bien lourdingues dont la curieuse omniprésence risque de froisser les joueurs les moins patients. Mais l'heure est maintenant venue de conclure et à cette fin nous dirons que Dead Rising : Chop Till You Drop ne pourra que décevoir les fans de la version 360, tandis que les néophytes, les jeunes âmes encore innocentes ne porteront évidemment pas le même regard sur le jeu de Capcom. Bien moins hardcore que la version d'origine, pourvu d'un système de sauvegarde cohérent, le soft semble bien capable de délivrer leur quota de bidoche et de bons moments aux possesseurs de Wii. Pour le verdict final, nous vous donnons rendez-vous le 27 février prochain, date à laquelle les zombies de Dead Rising tenteront à nouveau de répandre leur mal et leurs viscères sur notre monde.