Devant le succès des jeux dédiés aux petites filles, on commence naturellement à voir apparaître des jeux destinés aux petits garçons. Deux gammes concurrentes se partagent actuellement ce marché : d'un côté, les jeux Tim Power de Ubisoft ; de l'autre, la collection Let's Play de Deep Silver. My Hero Pompier fait partie de cette dernière. Développé par Mad Monkey Studio, ce titre propose aux jeunes garçons d'endosser le costume d'un soldat du feu et d'embarquer à bord du gros camion rouge qui fait pin-pon pour aller éteindre des incendies et sauver des vies.
Il est important de signaler que contrairement à son concurrent direct Tim Power Héros du Feu, My Hero Pompier joue la carte du réalisme. Ici, il n'est pas question d'une succession de mini-jeux s'inspirant vaguement du métier de pompier. Le titre propose des situations crédibles et une progression cohérente. Il met le jeune garçon dans la peau d'un soldat du feu débutant, qui devra s'entraîner dur et faire ses preuves en intervention pour prendre du galon et monter dans la hiérarchie. Bref, contrairement au titre d'Ubisoft qui est accessible aux plus petits, on conseillera My Hero Pompier aux enfants de 7/8 ans et + maîtrisant parfaitement la lecture.
La progression dans le jeu est faite d'une alternance entre des phases d'entraînement et des missions en situation. Les entraînements apprennent à maîtriser l'ensemble des outils qu'un pompier peut être amené à utiliser durant ses interventions : lance à incendie, hache, grande échelle et sa nacelle, masque à gaz... Hélas, alors que cet apprentissage aurait dû s'étaler sur 3 ou 4 séquences au maximum, il est asséné au joueur jusqu'à la fin du jeu : les entraînements deviennent même de plus en plus longs et fastidieux (éteindre 10 départs de feu, casser 20 portes à la hache...). Certes, on n'est pas sans savoir que le quotidien d'un pompier passe aussi par ces tâches astreignantes, mais on a du mal à saisir leur potentiel ludique. A l'issue de chaque entraînement, l'alarme retentit. Une cinématique prenant la forme d'une planche de BD expose au joueur les raisons de cette alerte : feu de cheminée, chat dans un arbre, incendie dans une usine de produits chimique... Il faut intervenir ! Un petit briefing de la part du chef de caserne et c'est parti pour une phase de course en camion qui consiste à rallier le plus vite possible le lieu de l'intervention. Les petits garçons qui ont toujours rêvé de conduire le gros camion rouge seront sans doute déçus. Ces séquences sont en effet mal réalisées (le camion donne l'impression de glisser sur la route) et leur gameplay déçoit : on ne peut qu'accélérer sans choisir sa direction ; le stylet permet de changer de voie et les virages se négocient par le biais d'actions contextuelles à la jouabilité douteuse. Pire : les autres véhicules ne s'écartent pas au passage du camion, conduisant à d'improbables mais inévitables accidents.
Une fois sur les lieux, l'intervention peut commencer. Nouvelle déception : une fois encore, le joueur n'est pas libre de ses mouvements. Il est guidé automatiquement vers le foyer d'incendie, la porte ou la personne à sauver les plus proches. Un choix entre plusieurs directions lui est parfois offert, mais cette pseudo-liberté est bien peu convaincante car il ne sait jamais vraiment où le jeu va le conduire - ce qui est fort peu pratique pour se repérer et naviguer dans les endroits les plus vastes. Ces interventions sont en tout cas l'occasion d'utiliser ses savoir-faire de pompier. A commencer par la lance à incendie que l'on dirige à l'aide du stylet, l'une des gâchettes servant à envoyer la sauce (deux types de jets sont disponibles en fonction de la hauteur des flammes). Apparemment jugé trop simple par ses concepteurs, ce gameplay a été étoffé au moyen d'actions contextuelles qui permettent de bénéficier d'un débit supplémentaire en cas de réussite. Ca casse un peu l'immersion mais c'est tellement à la mode... On les retrouve d'ailleurs dans le maniement de la hache, qui consiste à toucher des petites pastilles blanches avant qu'elles ne disparaissent ou à suivre leur trajet à travers une forme donnée. La prépondérance de ces actions contextuelles serait moins gênante si le stylet y était mieux reconnu. Certains outils enrichissent de façon plus agréable le gameplay : dans les fumées épaisses, le pompier doit porter un masque à gaz et se servir d'un radar pour repérer les personnes à sauver ; la nacelle de la grande échelle lui permet quant à elle d'éteindre des feux de l'extérieur ou de sauver des personnes réfugiées sur leur balcon.
Au terme de chaque mission, un debriefing fait intervenir différents protagonistes commentant les exploits du joueur. On apprécie que le chef de caserne en profite pour lui donner des conseils en matière d'incendie (comment réagir, attitude à ne pas avoir...) : cela confère au titre une dimension éducative très à propos. On apprécie également la progression particulièrement bien pensée : les différentes missions successives sont d'une complexité croissante et sont suffisamment variées, même si la fin du jeu nous ressert des situations déjà vues (incendie du tunnel, de l'hôtel et du camping) qui, ajoutées aux séquences d'entraînement, rendent l'expérience rébarbative à la longue. Mais My Hero Pompier est indéniablement un titre à pratiquer via de courtes sessions régulières, et il possède à ce titre une durée de vie intéressante, d'autant qu'il est possible de débloquer de nouvelles tenues pour son pompier et de nouveaux camions plus performants. Le parti pris réaliste du jeu a d'ailleurs amené les concepteurs à inclure les uniformes officiels français, anglais et américains (disponibles en plusieurs coloris) ainsi que des véhicules d'intervention fidèlement reproduits. Pour le reste, on ne peut qu'être déçu par la réalisation graphique, dont il faut faire abstraction pour parvenir à s'immerger réellement dans l'action : la 3D est basique, les personnages sont modélisés à la serpe, les textures manquent d'éclat et – plus grave – les flammes sont tellement peu convaincantes que la sensation de danger est absente. Mais ne soyons pas trop durs avec ce titre, qui intéressera sans doute les jeunes garçons malgré les défauts de conception évoqués.
- Graphismes8/20
Terne, pauvre, technologiquement dépassé, l'aspect graphique ne donne pas envie de jouer, c'est clair. Reste la présence appréciable des uniformes et des véhicules officiels des pompiers de France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis.
- Jouabilité9/20
Le gameplay très dirigiste ne permet pas de contrôler librement son camion ou son personnage : sous prétexte que les enfants sont le public visé, on leur sert une pluie d'actions contextuelles à la jouabilité imparfaite. A côté de ça, My Hero Pompier propose une progression intéressante qui rattrape un peu le coup.
- Durée de vie13/20
La difficulté est progressive et bien pensée : les différentes missions successives entraînent l'enfant dans des interventions de plus en plus complexes et assez variées. La durée de vie n'avait donc pas besoin d'être boostée par les fastidieuses séquences d'entraînement.
- Bande son10/20
Les bruitages sont honnêtes et la musique, bien que répétitive, a le mérite de ne pas trop porter sur le système. Mais on attendait quand même mieux : l'ensemble reste fade et peu oppressant. Les thèmes musicaux, notamment, auraient pu ménager des moments d'intensité dramatique.
- Scénario11/20
Un pyromane en scooter se sert de vieux feux d'artifice pour déclencher des incendies aux quatre coins de la ville : voilà l'histoire qui sert de fil conducteur aux différentes missions. Anecdotique, donc. On préférera pointer les conseils prodigués par le chef de caserne et leur sympathique portée éducative.
My Hero Pompier est un titre aux ambitions louables et aux efforts réels, qui a le mérite de ne pas se moquer des enfants et de traiter avec sérieux l'univers des soldats du feu. Hélas, sa réalisation médiocre et ses nombreux défauts de conception, qui touchent pour l'essentiel à une jouabilité aussi dirigiste que douteuse, l'empêchent de se montrer vraiment convaincant. Reste une progression bien pensée, au service d'un thème porteur qui séduira à n'en point douter les jeunes garçons.