Vous aimez les FPS coopératifs mais vous êtes allergiques aux zombies ? Ne vous en faites pas, il n'y a pas que Left 4 Dead dans la vie. Iron Grip : Warlord repose sur un concept assez similaire, à savoir un gameplay asymétrique entre une petite équipe d'humains d'un côté et une horde d'ennemis dirigés par l'IA de l'autre. Le tout agrémenté d'un zeste de stratégie et enrobé dans un univers steampunk.
L'univers d'Iron Grip : Warlord, certains d'entre vous le connaissent peut-être déjà par le biais d'Iron Grip : The Oppression, mod pour Half-Life 2 paru en 2006. Il s'agit d'une planète nommée Theia, sur laquelle vivent plusieurs factions antagonistes. Dans Warlord, les deux qui nous intéressent sont les Atelians et la Confédération. Les premiers constituent un peuple nomade dispersé dans quelques cités-Etats. Les joueurs incarnent des membres de la milice d'Atelia, dirigée par le chef de guerre Sahrab. En face, il y a donc cette fameuse Confédération contrôlée par l'ordinateur, qui tente de convertir les Atelians à sa religion ou, à défaut, de détruire leurs villes. Le conflit se déroule dans un décor steampunk où architecture XIXème, zeppelins et araignées mécaniques se côtoient allègrement.
Cette ambiance est pour beaucoup dans la personnalité attachante d'Iron Grip : Warlord, bien qu'elle soit desservie par l'emploi de l'antique Quake III Engine. Isotx étant un jeune studio indépendant sans moyens (il s'agit là de son premier projet commercial), ce choix peut se comprendre, puisque le moteur 3D d'id Software est désormais librement utilisable. Il n'empêche, l'univers d'Iron Grip aurait mérité mieux. En l'état, il risque de rebuter certains joueurs. Ceux-là auraient pourtant tort de bouder le jeu à cause d'une plastique peu engageante, car il se révèle diablement fun à pratiquer. Chaque partie repose sur un système d'attaque/défense. Les Atelians (les joueurs donc) doivent protéger un bastion, ou deux selon les cartes, sous peine de voir leur jauge de moral fondre comme neige au soleil. De leur côté, les troupes de la Confédération doivent bien sûr détruire ce bastion. Elles disposent également d'une jauge de moral, qui baisse lorsqu'un officier est tué. Quand la jauge d'une des deux équipes arrive à zéro, la partie est terminée.
Les objectifs sont donc bien différents d'un camp à l'autre, mais ce n'est pas la seule disparité. La Confédération est bien supérieure, tant par le nombre de soldats que par sa technologie. Les vagues d'assaut sont constituées de dizaines d'ennemis, secondés par des véhicules, comme le mortel char Hellfire, capable de tirer une pluie de roquettes, ou le Warweaver et son terrible mortier. En comparaison, les Atelians paraissent bien démunis. Chaque milicien débute avec un maigre arsenal composé d'un couteau, d'un pistolet, d'un fusil de chasse puissant mais lent et de cocktails molotov. Heureusement, les choses s'arrangent vite : en tuant des ennemis, chaque joueur gagne des points de puissance, qui peuvent ensuite être dépensés pour acheter de meilleures armes. Lance-flammes, fusil de précision, mitrailleuse lourde, lance-roquettes... Il y en a pour tous les goûts. Dans la lignée de Quake III, Iron Grip : Warlord prône une approche résolument arcade des combats. Ici point de balistique, de recul ou de dispersion, il est tout à fait possible de toucher des ennemis à 100 mètres avec une gatling tout en courant. Ajoutez à cela une vitesse élevée et vous obtenez des affrontements nerveux souvent jouissifs.
La vitesse peut d'ailleurs être encore accrue en dépensant des points de puissance dans les caractéristiques de votre personnage. Vous pourrez ainsi augmenter son total de vie, les dégâts infligés ou la rapidité de respawn. Mais les joueurs les plus altruistes préféreront sans doute faire passer le bien commun avant leur propre intérêt. Ceux-là pourront utiliser les points de puissance pour ériger divers dispositifs défensifs. C'est là qu'intervient le mode STR, accessible d'une simple pression sur une touche. La caméra bascule alors en vue de dessus et l'interface propose plusieurs constructions dans le coin inférieur droit de l'écran. Nid de mitrailleuse, tourelle anti-chars, piège, mine, station de ravitaillement... Telles sont les structures disponibles. Certaines peuvent être améliorées sur plusieurs niveaux et réparées en cas de besoin. Si cette option paraît superflue au départ, elle devient vite indispensable face aux masses d'ennemis grandissantes qui apparaissent sans cesse. Elle ajoute aussi une composante au gameplay, qui évite de cantonner Iron Grip : Warlord au simple FPS. Difficile de parler de stratégie pour autant, mais les adeptes du tower defense devraient y trouver leur compte.
Malgré ce gameplay bien huilé, le premier titre d'Isotx n'est pas exempt de défauts pour autant. Hormis les graphismes, déjà évoqués, on pense notamment à quelques bugs de l'intelligence artificielle. Côté Atelia, les bots ne brillent pas par leurs capacités cérébrales, se contentant d'accumuler les points de puissance sans jamais en faire quoi que ce soit. Bon, ce n'est pas un gros problème, étant donné que le jeu est avant tout taillé pour le multijoueur en coopération entre humains. Ca rend juste le jeu plus difficile en solo. Ce qui est plus gênant en revanche, c'est quand un officier confédéré va se coincer dans un recoin de la carte. La partie risque alors de s'éterniser puisque le moral des méchants ne baissera plus tant que le bougre n'aura pas été débusqué. Mais le plus gros problème d'Iron Grip : Warlord est encore son manque de contenu. Il n'y a que six cartes, c'est un peu léger, même pour 20 euros. Comme souvent dans le milieu du jeu PC indépendant, on peut toutefois s'attendre à un suivi de la part des développeurs. Le studio planche d'ailleurs déjà sur de nouvelles unités confédérées qui arriveront la semaine prochaine, et ce gratuitement. Espérons que le jeu continue à s'étoffer par la suite, il le mérite.
- Graphismes8/20
Il y a 9 ans presque jour pour jour, l'id Tech 3 provoquait une vague de décrochages de mâchoires chez les joueurs du monde entier avec Quake III Arena, qui s'imposait comme le plus beau FPS de l'époque d'une grande claque dans la gueule. Aujourd'hui, si le moteur est encore capable de marquer nos visages, ce serait plutôt pour y imprimer une grimace de dégoût. Les environnements sont trop cubiques, de même que les personnages. Les textures s'en sortent en extérieur, moins dans les bâtiments. Reste le design des armes et des véhicules qui est sympa.
- Jouabilité16/20
La formule d'Iron Grip : Warlord fonctionne à merveille. La partie FPS profite d'un gameplay nerveux, avec des personnages speed et des armes puissantes procurant d'excellentes sensations. L'aspect STR ajoute un plus non négligeable. Les cartes sont pour la plupart bien construites, offrant de nombreux passages alternatifs, points d'embuscades et autres brèches à défendre. Seul point noir : l'intelligence artificielle au raz des pâquerettes.
- Durée de vie12/20
Le faible prix d'Iron Grip : Warlord ne suffit pas à compenser le trop petit nombre de cartes. Souhaitons que le contenu devienne un peu plus consistant dans les mois qui viennent, car en l'état, on voit mal comment le jeu pourrait tenir sur la longueur. Il n'y a déjà pas foule sur les rares serveurs... Pourquoi ne pas ajouter un mode versus comme dans Left 4 Dead, permettant aux joueurs d'incarner les officiers ou les véhicules de la Confédération ?
- Bande son10/20
La bande-son assure un office minimum. A vrai dire, on ne s'en souvient plus sitôt le jeu quitté, signe qu'elle se situe dans une parfaite moyenne, sans plaire ni agacer, sans marquer en bien ou en mal.
- Scénario/
Pour son premier projet commercial, Isotx livre une prestation correcte. Le jeune studio ne s'est pas encore totalement affranchi des problèmes inhérents au développement amateur, particulièrement en ce qui concerne la réalisation. Mais les joueurs qui sauront passer outre l'enveloppe peu aguicheuse découvriront un gameplay enthousiasmant. Du coup, on espère qu'Iron Grip : Warlord saura évoluer pour s'inscrire dans la durée comme un FPS coopératif qui compte.