Envie d'affronter à nouveau les effroyables questions de Jean-Pierre Foucault afin d'empocher des millions virtuels ? Vous brûlez d'impatience à l'idée de rencontrer la projection digitale du célèbre animateur ? Vous n'aspirez qu'à vous jeter dans l'arène pour faire étalage de vos connaissances encyclopédiques ? Aussi forte soit la tentation, nous vous invitons néanmoins à prendre quelques minutes pour découvrir en notre compagnie ce que cette deuxième édition de Qui Veut Gagner des Millions vous réserve.
Avant de décortiquer soigneusement les "nouveautés" de cette nouvelle adaptation vidéoludique des facéties télévisées de J-P, il convient de rappeler le principe de l'émission aux jeunes âmes, qui peut-être, n'ont pas eu accès à un poste télé pendant les 10 dernières années. Sachez donc, jeunes lecteurs cupides, que selon le modèle de l'émission, de nombreuses questions à la difficulté progressive vous seront impitoyablement posées jusqu'à ce que vous succombiez ou que vous l'emportiez. Très simples au début, ces questions deviendront nettement plus vaches par la suite. Vous devrez par exemple vous demander à qui Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart était-elle mariée. L'ambiance stressante, les sempiternels "c'est votre dernier mot ?" d'un Jean-Pierre Foucault à l'oeil torve, le recours au vote du public, le 50/50, le coup de fil à un ami, tout est là. Le "switch", joker permettant de changer de question, est maintenant de la partie et constitue sans nul doute la plus grande nouveauté de cette mouture.
De 150 brouzoufs à un giga million d'euros, les gains sont étalés et répartis suivant les différents seuils avec pour seul bémol la mention omniprésente dans le jeu et le manuel de "virtuel" dès qu'il est question d'argent. Ben ouais, faut pas rêver quand même, après chaque partie, on ne va pas vous filer un code à renvoyer à TF1 pour que vous empochiez vos gains. Un jour peut-être, mais pour le moment, il faudra vous contenter du respect éternel de vos proches, à défaut de celui de vos poches. Le seul intérêt du jeu est donc de répondre à des tas de questions, qui malheureusement, tendent trop à se répéter. En 4 ou 5 parties, on commence déjà à retrouver certains énoncés, ce qui fait tout de même désordre. Au fond, seule la dévotion sans limite de Jean-Pierre Foucault nous permet de ne pas sombrer dans le sommeil. L'ensemble repose en effet sur la participation active du présentateur qui s'efforce de restituer le même ton tragique qu'à la télé. Le grand monsieur dispose de répliques relativement variées mais ne lit ni les questions ni les réponses. Vos gains vous sont donc annoncés et toutes les petites remarques traditionnelles du show sont fidèlement retranscrites.
"N'oubliez pas que vous jouez à présent pour 12 000 kopecks, vous pouvez choisir de vous arrêter, vous n'avez rien à perdre mais vous avez intérêt à jouer quand même, bon c'est votre dernier mot Machin ?". Mais le plus fun c'est incontestablement l'utilisation des Jokers. On a comme à la télé le choix entre l'appel au vote du public, le coup de fil à un ami ou le 50/50 qui permet d'éliminer deux mauvaises réponses parmi les trois qui accompagnent la bonne. Le vote du public est globalement assez fiable. Le 50/50 ne réserve aucune surprise. Mais le coup de fil au sinistre abruti qui vous sert virtuellement d'ami est absolument tordant. Si dans les premières questions l'animal s'en sort à peu près, dès que l'on arrive à des sommes intéressantes, celui-ci ne sera plus d'aucune utilité. Cette phase de jeu a néanmoins le mérite relatif d'apporter un soupçon de "frisson" dans un déroulement de partie qui reste quant à lui assez monocorde. Conscients de la relative pauvreté de leur jeu (qui évidemment, découle du matériel d'origine), les développeurs ont donc cherché à dynamiser l'ensemble en ajoutant notamment la possibilité de créer un profil complet. Dorénavant, vos gains, le temps de jeu, le nombre de réponses justes seront autant de paramètres consultables sur votre fiche d'identité. C'est toujours sympathique, mais on ne criera pas au génie.
Dans un autre registre, on profitera toujours de la possibilité de jouer à deux en alternance. Dans le mode de base, il s'agira simplement de répondre chacun à votre tour aux questions du grand manitou, la victoire ne s'obtenant que par la chute de l'un des participants. L'autre mode, issu de l'ancienne version, vous propose de vous essayer aux traîtresses questions de rapidité, questions qui visent dans tous les cas à vous faire classer quatre réponses dans un ordre précis, et ce, avec prestance et célérité. Bref, on voit là quelques efforts bien insuffisants pour étoffer cette nouvelle édition, car malgré cela, on aura vite fait le tour de la cartouche. Il est évident que Qui Veut Gagner Des Gros Miyons : Deuxième Edition se prêtera surtout à de courtes sessions de jeu avec un seul ami désoeuvré et peu regardant. Et si vous possédez la précédente version, il n'est évidemment pas nécessaire d'acquérir cette nouvelle mouture. Par définition le soft manque encore de dynamisme et se démarque avant tout par sa grande austérité, ce qui témoigne d'une grande fidélité à l'émission originale. Au final, on se retrouve une nouvelle fois avec un soft réservé aux inconditionnels de Jean-Pierre Foucault. Les autres passeront inévitablement leur chemin.
- Graphismes8/20
L'habillage est évidemment le même que celui de la première version. Le tout est donc particulièrement fidèle à l'émission télévisée. Des séquences enregistrées nous permettent encore de profiter des tirades enfiévrées de Jean-Pierre Foucault. C'est honnête, et de toute façon, il eut été tout de même difficile de faire mieux.
- Jouabilité12/20
On sélectionne sa réponse d'un geste souple du stylet ou on fait défiler les réponses à l'aide de la croix directionnelle. C'est simple et efficace comme on aime.
- Durée de vie8/20
De petits efforts ont été consentis dans ce domaine particulier mais on doute que cela suffise à vous tenir rivé à votre DS. Les questions tendent rapidement à se répéter et les différents modes de jeu ne sont pas très inspirés.
- Bande son9/20
L'ambiance sonore est exactement la même que celle de l'émission. On se laissera donc bercer à nouveau par la voix chaude et suave d'un Jean-Pierre Foucault au sommet de son art. Seul souci, la nature métallique et saturée de l'ensemble, ce qui explique la note.
- Scénario/
Un candidat apeuré face au majestueux gardien d'un fantastique trésor virtuel. Entre eux, 15 questions pas piquées des hannetons qu'il s'agira de dompter à grands coups de Jokers et de réponses dignes des recherches Google.
Les fans de l'émission auront sans doute plaisir à découvrir cette nouvelle adaptation, extrêmement fidèle à son modèle. On note d'ailleurs une volonté d'étoffer le soft en proposant quelques minuscules ajouts, comme la possibilité de se créer un profil. Pour le reste, le jeu est presque totalement semblable à son prédécesseur et partage donc la plupart de ses travers, telles ces questions qui se répètent trop rapidement. Bref, vous l'aurez compris, Qui Veut Gagner Des Millions : Deuxième édition se présente comme une transcription honnête de l'émission télévisée et saura donc satisfaire les joueurs désireux de tenter leur chance dans le bus ou le métro. Les autres en revanche ne lui jetteront pas un regard, et ne s'en porteront pas plus mal.