Petite leçon d'exploitation bête et méchante, mais surtout bête, des bonnes idées diverses et variées qu'ont eu les petits copains avant vous. Prenez Baja, ne changez même pas le nom, ajoutez-y simplement des termes génériques à foison, afin de rendre le titre imprononçable ou dénué de tout sens, ce qui aura pour effet de noyer le poisson. Ne changez même pas la jaquette. Repompez vulgairement celle du voisin, de la disposition des voitures à leur couleur en passant par le petit cactus en haut à droite, histoire de bien prendre le consommateur pour un ahuri qui n'y verra que du feu. Ensuite, contentez-vous de concocter un petit mix entre Baja et MotorStorm en prenant l'univers graphique au premier et les véhicules et le turbo au second. Enfin, comme vous avez vraiment autre chose sur le feu, ne localisez même pas le jeu car après tout, la langue internationale, c'est l'anglais (mais vous êtes honnête en le précisant sur la boîte, on s'incline). Voilà, c'est prêt, vous venez d'éditer et développer un jeu en un temps record et pouvez fièrement proposer aux revendeurs de le mettre en avant dans leurs rayons, de quoi vous faire un peu d'argent facile. Il faut bien vivre !

Comme vous êtes pressé par le temps, votre jeu, il faut bien l'avouer, il est laid. Tellement laid qu'à côté de lui, Baja : Edge of Control s'en sort finalement avec les honneurs. Inutile de le comparer à MotorStorm, ce serait faire injure au titre d'Evolution Studios. Peu importe, vous avez plus d'un tour dans votre sac et décidez d'ajouter quelques effets cache-misère comme une poussière qui réduira le champ de vision du joueur ou un semblant de blur qui donnera l'impression d'aller vite. Au moins, vous avez cette qualité de ne pas exagérer sur ces effets comme on peut l'être facilement tenté ! D'ailleurs, vous assurez pour modéliser les arches estampillées Red Bull, celles qui balisent le départ et l'arrivée d'une course. Au moins, ça c'est beau. Mais est-ce que c'est jouable au moins ? Affirmatif mon capitaine. C'est mou, c'est chiant, c'est basique, mais c'est jouable. Un bon point pour ceux qui tenteront de jouer avec des moufles. En dehors de quelques réactions extraterrestres de vos bolides sur le bitume (en même temps, ils sont chaussés pour du Off Road alors hein...), RAS ou presque. Les différents modèles (motos, quads, buggies, 4x4...) réagissent plutôt bien et profitent de l'orientation très arcade du jeu pour n'être capricieux que par intermittence. En revanche, votre idée de vous inspirer, le mot est faible, du turbo de MotorStorm, tout en le rendant illimité, n'est pas terrible. Le fait qu'il faille attendre quelques secondes pour pouvoir le réutiliser n'apporte franchement rien. Nous, on préfère une surchauffe de moteur !

Que dire de plus du gameplay ? Que globalement, le level-design n'est pas mauvais mais n'a rien d'original et qu'on aurait souhaité des tracés un peu plus variés (et surtout plus nombreux). Les crashs à la MotorStorm gagneraient à profiter d'une modélisation des dégâts poussée. Elle est loin de l'être. Quant à l'IA, c'est sans doute l'une des rares satisfactions de Baja 1000 dans la mesure où elle a un comportement assez humain, suffisamment en tout cas pour donner de l'intérêt aux courses et éviter qu'elles ne se ressemblent toutes. Quid du contenu ? Tout d'abord, vous n'avez pas commis l'erreur de plus en plus fréquente, de zapper le multijoueur en écran splitté au profit du jeu en ligne. Faudra-t-il encore trouver des joueurs en ligne, ce qui est une autre paire de manches. Quoi qu'il en soit, le gros souci de votre bijou, c'est la répétitivité des courses, pas à cause de l'IA, mais simplement parce que l'on n'a vraiment pas l'impression de progresser et que refaire sans arrêt les mêmes épreuves a tendance à irriter. Huit environnements plus vides les uns que les autres, c'est aussi ce qui suffira à lasser les joueurs, d'autant que les couleurs n'ont vraiment rien de chatoyant. Enfin, on regrette que la durée de vie se borne à un mode carrière mou du genou et à des courses exhibitions pas mieux loties, pour ce qui est du solo. Enfin, précisons qu'il manque, en plus de trois vues disponibles, une caméra intérieure. Mais après tout, dans votre logique, rien ne vous poussait à faire mieux que la concurrence !