Le Mondial des Records, c'est un peu le Pretty Woman du jeu vidéo. Ou quand un studio talentueux (Traveller's Tale, développeur des jeux Lego) s'empare d'un concept dont il n'émanait rien de bon et transforme ce qui aurait pu être le bide vidéoludique de cette fin d'année en l'un des meilleurs party-games de la Wii.
Nul besoin de vous présenter le Livre Guinness des Records, dont tout le monde connaît désormais le principe. Certains ont un peu de mal à en saisir l'intérêt, mais son succès est indéniable : chaque nouvelle édition s'étoffe de nouveaux records homologués plus incroyables et plus absurdes les uns que les autres. Lorsque l'on a appris qu'un jeu basé sur cette licence était en préparation, nul besoin de vous dire qu'on a accueilli la nouvelle avec un scepticisme de rigueur et une moue d'ironie manifeste. Pour tout avouer, on se demandait même ce que Traveller's Tale, le développeur des jeux Lego (Star Wars, Indiana Jones et Batman), allait faire dans cette galère. L'avenir nous aura donné tort : Le Mondial des Records est un très bon party-game sur Wii, qui n'a pas à rougir face à un Wario Ware : Smooth Moves. Il exploite au mieux son concept et tire parti de toutes les fonctionnalités de la Wii, dont la connectivité wi-fi. Soyez d'ailleurs prévenu : tout juste sympathique en offline, le jeu ne prend toute sa dimension qui si vous connectez votre console à Internet. On va vous expliquer tout ça.
Le Mondial des Records vous propose de commencer par créer l'avatar qui vous représentera dans les mini-jeux. Les options de personnalisation sont complètes et il vous sera même possible, lorsque vous aurez fait tomber un certain nombre de records et gagné suffisamment d'argent, de lui acheter de nouvelles tenues. Autre fonctionnalité bien pratique : la possibilité de créer plusieurs avatars différents pour jouer jusqu'à 4 sur la même console. Chacun jouera à tour de rôle, ce qui fait que vous n'avez besoin que d'une seule Wiimote et d'un seul Nunchuk - chose très appréciable. On regrette un moment l'impossibilité de jouer à plusieurs simultanément, mais on finit par comprendre que le jeu ne vise vraiment pas la convivialité d'un Rayman contre les Lapins Crétins, mais mise plutôt sur ses fonctionnalités de partage de score en ligne, dont nous reparlerons plus loin. Plus gênante par contre : l'interface de sélection des épreuves est particulièrement peu pratique. Elle se présente sous la forme d'un globe terrestre que votre avatar doit arpenter pour choisir les défis auxquels prendre part. Amusant au début, ce type de navigation devient vite lourdissime, d'autant que les douze destinations qui figurent sur le globe sont représentées par des bornes trop équivoques. Quoiqu'il en soit, chaque destination vous propose trois mini-jeux, le premier étant accessible librement contrairement aux deux suivants qui doivent être débloqués.
Vous remarquerez rapidement que le thème de chaque mini-jeu correspond plus ou moins à sa localisation géographique : construction de gratte-ciel aux Etats-Unis, tonte de moutons en Australie, 100 mètres "oeuf" en Europe... Notez bien que sur les 36 défis proposés, certains sont à déconseiller aux amis de la poésie et du bon goût : qu'il s'agisse de rôter le plus longtemps possible, d'avaler une dizaine de cafards à la suite ou de lancer avec application une belle bouse de vache, disons qu'un bon quart n'a pas le monopole du bon goût. Mais la plupart sont plus absurdes qu'autre chose, fidèles en cela à l'esprit du Livre Guinness des Records. Et ce qu'il faut reconnaître, c'est que sous leur aspect débile pleinement assumé se cachent des défis prenants et bien réalisés, qui exploitent de façon extrêmement convaincante la jouabilité à la Wiimote et au Nunchuk. Qui plus est, hormis deux ou trois mini-jeux qui nécessitent d'être pratiqués un certain nombre de fois avant d'en comprendre réellement le principe, la plupart bénéficient d'une maniabilité intuitive à base de mouvements que l'on retrouve d'épreuve en épreuve : taper, courir, sauter, pédaler, lancer, équilibrer... Tout se fait naturellement et simplement. A côté de ça, chaque mini-jeu réussit à être drôle et original sans jamais s'inspirer honteusement de la concurrence : bien que similaire dans l'esprit à un Wario Ware : Smooth Moves, Le Mondial des Records s'en distingue par ses défis plus longs et moins simplistes.
Un sympathique party-game de plus, donc ? Pas tout à fait, dans la mesure où Travellers Tale a pris le parti de ne pas se réduire à profiter de la licence, mais au contraire de l'exploiter à fond. Chaque mini-jeu est ainsi l'occasion de battre un record au niveau local (la console), régional, national ou mondial, et de remporter un diplôme et une certaine somme l'argent. Le problème, c'est que ces records prédéfinis ne mettent pas longtemps à tomber. Les concepteurs ont donc eu une idée de génie : vous permettre de rivaliser avec les joueurs du monde entier, faisant de chaque record battu une nouvelle référence pour l'ensemble des utilisateurs. Pour ce faire, il suffit de renseigner sa nationalité et sa région, puis de connecter votre console à Internet : vous récupérez alors tous les records qui sont tombés dans le monde entier et "homologuez" les vôtres par la même occasion. Seul regret : cette version Wii oblige à réactualiser régulièrement et manuellement les tableaux de scores, là où tout se fait de façon automatique et transparente dans la version DS. Mais c'est quand même beaucoup plus gratifiant que d'être confronté à de véritables high-scores réalisés par des joueurs tels que vous. L'auteur de ces lignes n'est d'ailleurs pas peu fier de ses quelques records de France, qui ne tarderont hélas pas à tomber.. Le plus grisant, c'est qu'il est possible de se rendre sur le site officiel du Mondial des Records et de consulter le classement des meilleurs scores sur chaque épreuve : peut-être y reconnaîtrez-vous votre pseudo ? Le concept du record est donc poussé dans ses derniers retranchements, et c'est ce qui rend le jeu si addictif.
- Graphismes11/20
Le Mondial des Records est certes moins attrayant visuellement qu'un Lapins Crétins Show par exemple, mais il propose tout de même une 3D propre et un design assez mignon qui devrait plaire au plus grand nombre. A noter que la traduction en français multiplie hélas les fautes d'orthographe.
- Jouabilité17/20
La jouabilité à la Wiimote et au Nunchuk a rarement été aussi bien exploitée : les mouvements à effectuer sont si intuitifs que le jeu limite au minimum les explications. Dommage que l'interface de sélection des épreuves souffre d'une ergonomie si discutable.
- Durée de vie15/20
Les 36 mini-jeux, les tenues à débloquer et la présence d'un mode multijoueur assurent déjà au Mondial des Records une durée de vie plus qu'acceptable. Mais c'est sans compter la fonction de mise en commun des scores, qui achèvera de vous rendre accro.
- Bande son10/20
Il faut bien avouer que sur ce plan, le jeu se révèle assez décevant. L'ambiance musicale est assurée par une succession de ritournelles plus ou moins agaçantes. Les bruitages sont corrects mais la voix française du commentateur est trop timide et limite déprimante.
- Scénario/
Le Mondial des Records est à peu près tout ce qu'on n'attendait pas de lui : drôle, bien réalisé, doté d'un contenu touffu et d'un gameplay particulièrement bien étudié, il bénéficie surtout de fonctionnalités communautaires qui exploitent à fond le concept même du record. Le mauvais goût assumé de certains mini-jeux ne plaira pas à tout le monde, mais même si les 36 épreuves proposées ne soulèvent pas toutes votre intérêt, vous en trouverez sans doute une dizaine dont vous vous plairez à disputer le high-score aux joueurs du monde entier. Une excellente surprise.