Quelques semaines après Syberia, un autre jeu d'aventure de Benoît Sokal arrive sur DS : Paradise, ou plutôt Last King of Africa comme il faut désormais appeler cette version portable.
Ce changement de titre n'est pas anodin : il témoigne de la volonté de distinguer Last King of Africa de son ancêtre paru sur PC en 2006. Car ce grand frère traîne derrière lui une réputation pas franchement emballante, notamment à cause de phases lourdingues aux commandes d'un léopard et de la comparaison forcément écrasante avec Syberia 1 & 2. Pourtant, Paradise reste une aventure correcte et ce portage DS permettra peut-être de la faire découvrir à un nouveau public, dans une version expurgée des défauts originels mais pas parfaite pour autant.
Last King of Africa vous met dans la peau d'une jeune femme devenue amnésique suite au crash de l'avion dans lequel elle voyageait. Elle se réveille dans le harem du prince de Madargane, une ville de l'Etat de Mauranie. Ce pays imaginaire isolé, situé au coeur de l'Afrique, constitue un cadre exotique, avec sa faune endémique étrange et son peuple arboricole. Mais il est surtout au bord de la guerre civile, puisque des rebelles comptent bien prendre le pouvoir en renversant le roi Rodon, souverain éclairé jadis mais tombé en disgrâce aujourd'hui. C'est dans ce contexte tendu que notre héroïne va devoir évoluer pour tenter de retrouver la mémoire. Qui sait, peut-être qu'un destin plus grand qu'elle ne l'imagine l'attend dans ces contrées hostiles... Le scénario et son écrin, la Mauranie, constituent le principal intérêt de Last King of Africa. On se laisse facilement embarquer dans cette quête identitaire riche en surprises. Pour ne rien gâcher, les paysages envoûtants de Paradise sont assez bien retranscrits sur DS. Visuellement, les deux titres sont assez proches, même si l'intégration des personnages en 3D dans les décors n'est pas vraiment optimale.
C'est au niveau du gameplay que Last King of Africa prend plus de libertés avec son modèle, en proposant des énigmes remaniées. Outre le fait qu'elles soient adaptées à la jouabilité tactile, on note surtout une grande simplification, avec des puzzles qui sont carrément passés à la trappe. Par exemple, il n'est plus nécessaire de gaver la favorite de loukoums pour la faire entrer dans le hammam. La cueillette des amandes a aussi été facilitée, et ainsi de suite, même si dans les grandes lignes le déroulement reste identique. Les développeurs ont voulu rendre le jeu plus accessible, une intention louable mais difficilement compréhensible au final, car le jeu d'origine n'était déjà pas bien dur. Cette suppression de contenu est préjudiciable à la longueur de l'ensemble et à la consistance du gameplay. Du coup, Last King of Africa est un titre à conseiller plutôt aux joueurs qui privilégient la découverte d'un univers, d'une histoire. Ceux-là devraient être comblés. En revanche, les amateurs de réflexion en seront quittes pour une certaine déception devant le manque de challenge.
- Graphismes15/20
Les paysages traversés sont dans l'ensemble joliment modélisés. C'est moins le cas des personnages, et surtout de leur intégration dans les décors. Mais plus que la seule technique, c'est surtout le côté artistique qui prévaut, le design, et là le talent de Sokal parle de belle manière.
- Jouabilité15/20
Des déplacements de l'héroïne aux interactions avec l'environnement, tout se fait très facilement au stylet. Quelques phases ont d'ailleurs été repensées en conséquence. Quant aux passages dans la peau du léopard, tant décriés dans Paradise, ils ont tout simplement disparu. Ouf.
- Durée de vie10/20
La durée de vie est correcte, sans plus. Un joueur moyen ne mettra pas plus d'une dizaine d'heures pour terminer l'aventure, d'autant qu'elle a été simplifiée pour cette mouture portable. Etait-ce bien nécessaire ?
- Bande son14/20
La musique est jolie, mais il n'y a pas assez de thèmes différents, ce qui fait que le côté répétitif prend vite le dessus. Le doublage des dialogues a disparu, à l'exception des cinématiques où il demeure, mais en anglais curieusement.
- Scénario16/20
Comme d'habitude avec les jeux estampillés Benoît Sokal, le scénario a été au centre de toutes les attentions et se révèle plus noir que celui de ses précédentes productions. La découverte de la Mauranie reste le principal intérêt du soft.
Une fois n'est pas coutume, la version DS de Paradise se révèle presque meilleure que l'originale. Plus qu'un simple portage, 7th Sense Studios nous livre une adaptation intelligente, qui a su s'affranchir des vieux démons pour nous laisser uniquement la grande aventure.