Ah, Moto Racer... Un nom qui évoque bien des souvenirs aux joueurs PC de la fin des années 90. Prônant une approche résolument arcade de la course sur deux roues, le jeu de Delphine Software avait su imposer son gameplay fun à base de turbos et de wheelings de folie. De plus, il proposait un contenu varié, puisqu'on pouvait y conduire des gros cubes sur circuits bitumés comme des motocross dans des endroits aussi insolites que la Grande Muraille de Chine. Malheureusement, ce brillant coup d'essai n'avait pas su être transformé. Dès 1998, la concurrence devient sérieuse, avec l'excellent Motocross Madness de Microsoft d'un côté, le Redline Racer de Criterion de l'autre, tandis que Moto Racer s'enfonce dans des suites moins inspirées jusqu'au destin tragique de son géniteur. Mais il était dit que l'histoire ne s'arrêterait pas là, et la série pourrait bien connaître un second souffle grâce à cet opus portable, brillant à tous les niveaux ou presque.

En effet, on retrouve tout ce qui faisait le charme de Moto Racer dans cet épisode DS : un gameplay arcade pas prise de tête mais offrant de bonnes sensations de vitesse, des modes de jeu variés, de chouettes graphismes... Voyons tout cela en détail en commençant par la jouabilité. Moto Racer DS propose deux systèmes de contrôle : les commandes classiques avec les boutons et la croix directionnelle d'une part, mais également une maniabilité basée sur l'utilisation du stylet. Et ce n'est pas juste un gadget histoire de dire qu'on exploite les capacités tactiles de la machine. Au contraire, cette seconde méthode de contrôle permet de diriger très finement la direction du bolide, alors que la croix induit forcément des prises de virages plus saccadées. Quelle que soit l'option choisie, la prise en main est immédiate car le gameplay est toujours aussi accessible. Il y a bien le poids du pilote à gérer vers l'avant ou l'arrière, et même le passage des vitesses manuellement pour les joueurs les plus exigeants, mais Moto Racer DS reste avant tout un jeu arcade. La présence du turbo est là pour en témoigner, de même que la grande permissivité du titre envers les chutes, puisqu'un système permet de rattraper la moto quand elle commence à partir en sucette. Il est même possible de prendre un virage sur la roue arrière à 250 km/h. Pas réaliste pour un sou, mais totalement jouissif, et c'est ce qu'on vient chercher dans un Moto Racer. Amateurs de simulations, passez votre chemin.

Comme la série en a pris l'habitude, cette version portable propose un contenu étoffé, avec pas moins de quatre modes de jeu principaux. Le Moto GP est constitué de courses sur asphalte au guidon de grosses cylindrées, pour une célérité maximale. La tête bien calée dans la bulle (le jeu offre quatre caméras différentes dont une vue cockpit), il faut prendre les trajectoires les plus propres possibles, poser de gros freinages tardifs et flirter avec les vibreurs pour tenter de semer les sept poursuivants. Grisant. Le mode Traffic initié par Moto Racer 3 est aussi de retour, et quelle joie de foncer sur un boulevard périphérique ou en plein centre-ville au beau milieu de la circulation ! Ce mode propose des missions diverses : se faire flasher à une certaine vitesse, slalomer entre les voitures, collecter des objets, faire la plus longue distance possible en wheeling, etc. On trouve ensuite les deux modes permettant de glisser allègrement sur la terre en faisant des acrobaties : les courses de Super Cross et le Freestyle. Cette partie du jeu est peut-être un poil moins réussie, car elle écope de quelques rares bugs de collision et d'une maniabilité au stylet moins évidente que sur route, à cause de virages plus serrés et de figures difficiles à sortir sur l'écran tactile. A ce niveau-là, Moto Racer DS est tout de même assez complet, puisqu'on retrouve une panoplie de tricks conséquente : nac-nac, superman, 360, backflip, indy, tsunami... 19 au total, de quoi bien s'amuser.

Grâce à ces différents modes, Moto Racer DS possède un solide contenu solo, avec de nombreuses choses à débloquer (notamment des bolides aux caractéristiques variées). Mais la durée de vie est encore accrue par un mode multi très complet, jouable à quatre avec une seule cartouche et jusqu'à huit si chaque joueur possède son exemplaire. Un vrai régal. Et pour compléter ce tableau décidément quasi idyllique, le titre d'Artefacts Studio jouit d'une réalisation visuelle exemplaire, puisqu'il parvient à être à la fois beau et fluide tout en offrant une impression de vitesse excellente. Le constat est moins enthousiasmant en ce qui concerne la partie sonore, on a plus la sensation de chevaucher une guêpe qu'un gros cube survitaminé. Mais qu'importent ces quelques broutilles, elles sont vite balayées par l'incroyable plaisir procuré par les courses endiablées proposées par le jeu. Fidèle à ses origines, Moto Racer DS se révèle enivrant dès les premiers tours de piste et se pose tout simplement comme un des meilleurs jeux de courses existants sur la portable de Nintendo. De quoi faire verser une petite larme de joie aux joueurs les plus nostalgiques. Des résurrections de cet acabit, on en redemande. Avis aux intéressés...