Au petit jeu du je t'imite et je renchéris, les séries Guitar Hero et Rock Band débutent un second round plus révélateur que le premier. Forcé de rendre coup pour coup au jeu d'Electronic Arts, celui d'Activision n'a guère attendu pour proposer son propre pack Guitare + Batterie + Micro. L'expérience en multi en ressort-elle différente ? Si oui, qu'apporte-t-il de plus ?
Quelques mois après s'être fait volé la vedette du multijoueur musical par Rock Band, Guitar Hero revient à la charge. Même principe, mêmes accessoires, même fonctionnement. Si vous n'avez pas craqué pour la combinaison guitare-batterie-micro de Rock Band, peut-être allez-vous opter pour la même formule made in Guitar Hero, une série qui a fait son trou depuis de longues années... euh... depuis un peu plus de deux ans en réalité. La fréquence de développement de titres estampillés Guitar Hero nous ferait presque dire n'importe quoi. Comme nous l'avions fait pour Rock Band, considérons dans un premier temps le coût de l'expérience Guitar Hero World Tour, qui, pour l'occasion, ne porte plus si bien son nom. Comptez, en arrondissant, 200€ pour le pack de base comprenant le jeu, une guitare, une batterie et un micro. Le jeu seul revient de son côté à 70€, à 100€ si l'on rajoute une guitare alors que le micro peut être acheté séparément à 20€. Dans la mesure où la gratte n'est pas vendue seule, il vous faudra utiliser la Les Paul de Guitar Hero III pour ajouter une deuxième guitare faisant office de basse. Au final, Guitar Hero World Tour revient plus cher que Rock Band puisqu'il est impossible de se procurer une batterie seule. Le joueur ne peut donc pas économiser le prix du pack, même s'il dispose déjà de deux guitares Guitar Hero III et d'un quelconque micro USB.
Commençons par le plus important, les accessoires. Contrairement à ses aînés, la gratte de World Tour ne s'inspire pas précisément d'un modèle original. Ses formes assez classiques font en réalité penser à plusieurs types de guitares. De manière générale, elle présente un gabarit plus proche, que ce soit en taille ou en poids d'une véritable gratte, à l'instar de celle de Rock Band. La bête n'est pas la seule à profiter d'un allongement puisque le médiator et le vibrato ont gagné environ 30% pour un meilleur confort. Ce dernier a d'ailleurs le mérite d'être plus résistant dans tous les sens du terme à son prédécesseur, ce qui évitera qu'à l'usure, celui-ci ne finisse par tourner dans le vide. La croix directionnelle quant à elle a été maquillée en potards. Question d'esthétisme uniquement puisque la guitare ne compte pas de sélecteur d'effet. Le véritable plus de l'objet est de compter une barre tactile à la base du manche. Celle-ci est utilisée pour permettre au joueur de personnaliser ses solos. Lorsqu'un passage solo apparaît à l'écran, le rockeur n'a qu'à se laisser aller sur la base du manche tout en veillant à ne pas zapper les notes de la partition d'origine. Enfin, notons l'apparition d'un bouton starpower entouré par les touches start et select, utile pour ceux qui ne sont pas fans du lever de manche pour déclencher ce super multiplicateur.
La batterie, sans fil elle aussi, s'accompagne logiquement de trois toms, de deux cymbales et d'une pédale de grosse caisse. A l'inverse de Rock Band, les cymbales ne sont pas situées sur les extérieurs mais bien légèrement surélevées face au batteur, ce qui a le mérite de rapprocher l'accessoire d'une réelle batterie. Un certain temps d'adaptation sera cependant nécessaire afin de mémoriser l'ordre des notes de couleur, ces dernières défilant sur une même ligne à l'écran, comme pour la guitare. Quoi qu'il en soit, comme dans Rock Band, on paie le peu de place nécessaire à l'installation de la batterie, réglable en hauteur, par un confort loin d'être optimal. Étriqué dans ses mouvements, le batteur aura tendance à frapper sur le bord des toms, notamment pendant des passages complexes. Cela dit, chaque pad étant sensible à la pression, plus vous taperez fort, plus le son sera puissant. Un bon point, d'autant que le rebond proposé par les fûts est plutôt très bon. Mais tout n'est pas rose dans la vie de batteur, à commencer par la pédale de grosse caisse, laissée vacante et libre de ses mouvements, bien qu'elle accroche plus ou moins bien en fonction des surfaces de sols. Le bourrin de base aura tôt fait de pester contre ce petit oubli de fixation. Enfin, on regrette également la rigidité des deux cymbales, aussi dures que les fûts, ou que celles-ci aient été choisies comme déclencheur de starpower. Avouez qu'il y a plus pratique, pendant qu'on s'acharne sur les fûts, que de penser à frapper simultanément les deux cymbales pour accompagner ses potes guitaristes et bassistes, nous pressant d'activer le starpower afin d'obtenir un multiplicateur de groupe maximum.
Le micro enfin, n'est rien de plus qu'un périphérique USB de base estampillé Guitar Hero. Tout autre micro USB pourra faire l'affaire. A ce sujet, si les développeurs sont en manque d'idées pour le prochain volet, qu'ils pensent à inclure au pack un pied pour que le guitariste puisse chanter ou mieux encore, une fixation sur la batterie, histoire de se la jouer Don Henley le temps de quelques morceaux. Quoi qu'il en soit, le chanteur se coltine un défilement horizontal classique des paroles, en haut de l'écran, à la manière d'un Singstar. Un trait lumineux ainsi qu'un code couleur lui indiquent s'il est dans le bon ton. Un ton pas forcément aisé à trouver si l'on s'applique à chanter correctement alors qu'il l'est davantage lorsque l'on se contente de fredonner. Ce n'est donc pas aujourd'hui que les chanteurs en herbe trouveront un titre réellement capable d'évaluer leur prestation vocale. Précisons enfin que la grande majeure partie des morceaux de la tracklist sont en anglais et que tout allergique à la langue de Shakespeare aura bien de la peine à suivre le rythme affiché à l'écran, basé sur la décomposition des mots en plusieurs syllabes.
Jusque là, rien de véritablement original, juste une approche sensiblement différentes de l'expérience Rock Band. Pour pousser le délire un peu plus loin, les développeurs ont donc inclu un studio musical qui permet de créer vos propres compositions. En reprenant les bases d'un morceau présent de la tracklist ou en partant de zéro, le joueur peut donc, avec beaucoup de patience et un certain nombre de connaissances en la matière, jouer les compositeurs. Après avoir choisi le tempo de sa musique, le type de rock qu'il donne à la ligne de basse et à la piste de batterie (moderne, punk, métal, funky, pop, etc.), le joueur créé et enregistre sa partition en variant les effets de batterie, d'amplificateur de guitare ou de clavier autant que faire se peut. Ensuite, vient l'étape du GHMix, un outil d'affinage des pistes qui permet d'enregistrer son morceau étape par étape. Enfin, le titre propose un partage en ligne des compositions, ce qui se présente comme le meilleur moyen de prolonger la durée de vie de Guitar Hero World Tour. Le fait est qu'on ne sait pas trop à qui s'adresse ce studio. Pas vraiment au joueur novice qui, même à l'aide du didacticiel, peinera à trouver ses marques dans une interface peu intuitive (navigation à la guitare), ni au musicien confirmé qui privilégiera d'autres logiciels de création pour faire parler son sens artistique.
Au niveau des modes de jeu, on trouve un contenu très complet mais pas surprenant pour un sou. Si l'on passe rapidement sur le solo qui permet désormais d'entamer une carrière basse ou de partir en tournée mondiale sur n'importe quel instrument, on s'attardera davantage sur le multi. A deux, à trois ou à quatre, il vous sera possible de débloquer morceaux après morceaux via le mode carrière dont la progression se fait par concerts de plusieurs morceaux. Un principe court-circuité par la possibilité d'arrêter un concert pour le reprendre au même endroit, même si un ou plusieurs morceaux ont déjà été joués. Une coopération sur la même machine qu'il est possible de retrouver en ligne. Quant aux amateurs de défis, le jeu comprend trois types de duels. Les duels classiques où chacun joue à son tour une gamme de notes, les duels pros où les deux partitions sont identiques et enfin le fameux choc des guitares, un affrontement pimenté par la présence d'items permettant de saboter la partition adverse. Le top du top demeurant les affrontements à 4 contre 4 en ligne où deux groupes entiers peuvent se rendre coup pour coup.
Quid de la playlist ? Il s'agit avant tout d'une histoire de goûts mais sachez que Guitar Hero World Tour compte 86 morceaux en attendant qu'une multitude de packs téléchargeables fassent leur apparition sur le Playstation Store et le Xbox Live. Citons pêle-mêle quelques-uns des artistes au rendez-vous du son : les Beastie Boys, blink-182, Bon Jovi, Coldplay, The Eagles, les Foo Fighters, Jimi Hendrix, Lenny Kravitz, Linkin Park, Lynyrd Skynyrd, Metallica, Michael Jackson, Nirvana, Oasis, R.E.M, Sting et j'en passe... Des années 60 à aujourd'hui, il y a à boire et à manger et de quoi contenter nombre d'amoureux du rock. En revanche, on note que certains morceaux s'accompagnent de petites modifications made in Guitar Hero qui ne seront pas du goût de tous, rappelant toute proportion gardée les reprises du premier opus de la série. A chacun d'y trouver ou non une playlist de choix !
- Graphismes15/20
Excepté le positionnement pas franchement idéal de la jauge de starpower en multijoueur, dans le coin supérieur gauche de l'écran, le tout demeure très lisible, même lorsque que les quatre partitions s'entassent à l'écran. Quant aux couleurs et autres arrière-plans, ils sont franchement trop anecdotiques pour qu'on y accorde une véritable importance.
- Jouabilité16/20
Si la guitare convainc sans mal, la batterie n'offre pas autant de garanties. Des cymbales un peu trop rigides, une pédale de grosse caisse libre comme l'air et un confort de jeu réduit en raison de mouvements trop étriqués font de cet accessoire un périphérique encore perfectible. Mais avec un peu de pratique, on s'adapte assez bien au support qui a la qualité d'être proche d'une véritable batterie. Enfin, notons que les hammer-on et pull-off sont franchement mal gérés à certains moments plus lents que d'autres.
- Durée de vie17/20
Avec une playlist composée de plus de 80 morceaux, à laquelle viendront s'ajouter les créations des joueurs et de futurs packs téléchargeables, on tient là un contenu quantitativement parlant très satisfaisant. De nombreux modes de jeu permettent également de trouver une configuration adéquate au nombre de joueurs et à leur niveau individuel.
- Bande son16/20
Encore une fois, la liste des artistes en impose puisqu'elle n'oublie aucune décennie des années 60 à aujourd'hui. En revanche, quelques effets douteux ont été rajoutés à certains morceaux, ce qui aura tendance à en irriter plus d'un !
- Scénario/
Fort de son expérience déjà très solide, la série Guitar Hero passe à la vitesse supérieure sans mal. Capable de tenir la dragée haute à Rock Band premier du nom en ce qui concerne les différents périphériques, il devra toutefois corriger quelques largesses au niveau de la batterie. Si vous n'êtes pas chaud à l'idée de déserter Guitar Hero pour aller voir du côté du voisin Rock Band, World Tour saura vous amuser, que vous soyez d'humeur collective ou créatrice.