Véritables institutions, trônant à une place à part qu'elles ont gagné en ne faisant jamais de concession à la facilité, les titres de Bohemia sont des simulations de combat à nulle autre pareilles. Et ce n'est pas Armed Assault 2 qui mettra en danger leur règne sans partage.
La guerre est quelque chose qui doit être traité avec sérieux. Et contrairement à beaucoup de développeurs qui nous en proposent une version très romancée, Bohemia a toujours joué la carte du réalisme le plus pointu. Avec Operation Flashpoint puis le premier Armed Assault, ou ArmA si vous êtes un initié, le constat est simple : on s'y croirait. Et, bien entendu, ce n'est pas Armed Assault 2 qui fera mentir cette profession de foi. Niveau scénario, on aura droit à un énième coup d'Etat qui amènera les forces américaines et russes à s'affronter. Cela se déroulera dans un pays fictif d'Europe de l'Est, un moyen pratique pour les membres de cette équipe située en grande banlieue de Prague de nous proposer des topographies qu'ils connaissent si bien.
Ce qui marque immédiatement quand on se retrouve sur un champ de bataille dans Arma 2 c'est le son que font les différents fusils. Le plus souvent, l'écho des coups de feu a l'âpreté du claquement d'un petit pétard, surtout quand le tireur est loin. On n'est pas du tout dans le registre de déflagrations riches et "tape-à-l'oreille" qui sont légion dans tous les jeux nécessitant la présence d'armes à feu. On perd en sexy, mais on gagne en authenticité. Et, en corrélation directe avec cette constatation, on ne peut que marquer un temps d'arrêt et positionner en les définissant les forces en présence sur le terrain : mitrailleuse lourde au nord-ouest, groupe de fantassins armés de pistolets-mitrailleurs plein nord ou tank tirant depuis la lisière d'une forêt, par exemple. Tout est rapidement lisible puisque très fidèlement reproduit. C'est d'ailleurs sans doute au niveau de l'ambiance sonore que ce prochain Armed Assault devrait défrayer la chronique. Les développeurs n'ont pas lésiné sur les moyens pour immerger les utilisateurs dans l'univers qu'ils décrivent. Par exemple, dès qu'on se retrouve aux commandes d'un hélicoptère et qu'on le met en route, ce n'est pas moins d'une quarantaine de sons qui se superposent et travaillent de concert. Le sifflement de la turbine qui monte dans les tours, le frottement des pales contre l'air qu'elles fendent de plus en plus vite ainsi que les vibrations de la carlingue donnent un résultat tout simplement bluffant. On est transporté... à tous les niveaux.
Le rendu à l'écran n'est pas en reste même si, sans doute pour gagner en profondeur de champ, les développeurs ont donné dans le clipping. D'accord, la version que nous avons pu voir n'est certainement pas la version finale. Il est donc impossible de lancer un jugement définitif sur l'aspect graphique, point toujours en progression quel que soit le jeu, jusqu'au moment de son lancement. Ceci dit, il reste en l'occurrence encore des efforts à fournir en ce qui concerne le détail de certains éléments du décor. Par exemple, les arbres sont jolis quand on a le nez dessus. Mais quand on se trouve encore à une centaine de mètres d'eux, ils ressemblent à des masses de couleur car le branchage et les frondaisons ne sont pas définis. Pareil pour l'herbe que vos soldats foulent du pied. Au loin, c'est un tapis uniformément vert sans aucun relief alors que juste devant soi on pourrait compter les brins. De tout ce que nous avons vu durant cette démo, c'est sans doute la mise en route des systèmes d'amplification de lumière qui nous aura laissé le souvenir le plus flagrant. Quand on branche cette lunette spéciale indispensable aux commandos dont font partie vos hommes, on est tout d'abord ébloui puis, l'intensité du système s'ajustant, on parvient à voir parfaitement ce qui nous entoure : le terrain, nos compagnons d'arme, les ennemis au loin, les étoiles... Cet effet est lui aussi très convaincant. Toujours dans la même catégorie, on ne manquera pas de citer également les arcs de cercle que font les munitions légères ou les roquettes tirées à partir d'un hélicoptère, tout comme la gerbe de poussière soulevée au moment de l'impact au sol. C'est magnifique.
Si on vous demande à quoi correspond l'acronyme HALO, il y a de fortes chances que vous évoquiez un certain jeu sur Xbox. Mais ici il s'agit des initiales de High Altitude Low Opening, le crédo des chuteurs opérationnels : sauter de haut et ouvrir son parachute le plus bas possible. Cette pratique impressionnante fera partie des nouveautés présentes dans ArmA 2, une bonne occasion de permuter entre la caméra à la troisième personne et la vue subjective. On démarrera dans l'avion juste avant de sauter et il sera possible de faire une ellipse pour ne pas avoir à subir l'intégralité d'une chute qui se calculera en milliers de mètres et en minutes. Déjà là, il faudra faire preuve d'un minimum de sens logique en manoeuvrant sa voile afin de rester groupé avec le reste du commando. Mais surtout, il faudra veiller à ouvrir son parachute le plus près possible du sol -les développeurs ouvrent à une centaine de mètres- afin d'être plus difficilement repéré par les ennemis au sol. Car l'IA a elle aussi bénéficié d'une certaine remise à niveau. Désormais, les troupes adverses savent qu'elles ont le droit d'aller se planquer derrière un obstacle quand on leur tire dessus. Et, tout comme précédemment, elles vous repèrent et tirent de loin avec suffisamment de justesse pour vous imposer la plus grande prudence. Précisons d'ailleurs que cet opus apportera la notion des soins prodigués aux soldats blessés. Dès qu'un combattant tombera, un de ses coéquipiers pourra le tirer à l'abri soit en le traînant, soit en le portant sur ses épaules. Dans le premier cas, il aura les mains occupées contrairement à la seconde option. Dans ce cas-là, afin de reproduire la gêne d'avoir un soldat sur le dos, les développeurs ont eu la bonne idée d'effacer la mire virtuelle qui est constamment affichée par ailleurs et de rendre les mouvements du personnage qu'on dirige nettement moins vifs.
Cela nous amène tout naturellement à évoquer l'interface qui, justement, sait se faire très discrète. Une petite case dans la partie supérieure droit de l'écran indique les munitions restant dans l'arme qu'on utilise ainsi que leur type et le nombre de chargeurs restant. En haut à gauche, une autre case apparaît dès qu'on utilise un véhicule afin d'afficher son état, le carburant dont on dispose. A côté de cela, on pourra donner des ordres à ses coéquipiers en utilisant la molette centrale de la souris et en sélectionnant ses instructions sur un petit menu déroulant. C'est clair et les développeurs le confirment quand on leur en parle, le système a été simplifié. Et même s'il vaudra mieux connaître les raccourcis clavier pour profiter de toute l'étendue des subtilités stratégiques qu'offre le titre, on pourra se débrouiller sans si on le désire. Le but derrière ce que les fans purs et durs de la série pourraient prendre pour un nivellement par le bas est bien entendu d'attirer un public le plus large possible.
Cette première revue de détail d'ArmA 2 ne saurait être complète si on n'évoquait pas les nombreux joujoux qu'il mettra à disposition de ses adeptes. Faisons court et ne citons qu'un sigle très prometteur : F-35. Cet avion incroyable appelé à équiper l'armée américaine dans les années qui viennent sera de la partie. Pour ceux qui l'ignorent, précisons que ce chasseur de nouvelle génération, en plus d'être furtif, possède la particularité de pouvoir décoller et atterrir verticalement. En cela, il sera l'égal du Harrier ou du Osprey, eux aussi présents dans le jeu ainsi que l'A-10 connu pour manger des tanks au petit déjeuner. Les hélicos ne seront pas en reste et compteront dans leur rangs le ventripotent mais redoutable Hind russe mais aussi son petit frère doté d'une voilure extraordinaire à double rotors superposés, le Ka-52 Alligator. Côté américain, les fans du "discret mais mortel" pourront compter sur les versions ultra modernes du Cobra, le AH-1Z, et du Huey H1 que tous ceux qui ont vu Apocalypse Now connaissent : le U-1Y. Comme il se doit, ces appareils ainsi que les tanks ou la moindre jeep proposeront plusieurs postes : pilote, tireur, commandant... ou simple passager. Enfin, sachez qu'ArmA 2 reprendra à son compte le mode Warfare. Conçue pour les parties en multijoueur, cette partie du jeu introduit davantage de stratégie en temps réel au principe très orienté action du mode solo. En effet, en Warfare, les deux équipes qui s'affrontent peuvent acheter des installations et du matériel en fonction de leurs réussites sur le terrain.
Avant d'en finir définitivement, permettez-nous de vous signaler une petite innovation qui nous a bien amusé. Comme nous vous l'avons précisé précédemment, l'action se déroule dans un pays de l'ancien bloc soviétique. Les autochtones parlent donc russe, langue que seul l'un des membres du commando maîtrise parfaitement. Et comme les conversations avec les villageois seront riches en renseignements, il faudra absolument préserver l'existence de ce soldat qui, quelque part, s'avèrera aussi précieux que votre infirmier. On pourrait ainsi continuer longtemps l'énumération des atouts de ce titre. Mais, pour résumer, nous nous contenterons d'affirmer qu'ArmA 2 ne sera pas seulement un volet de plus à une série culte.