Baby Life tente une incursion dans le genre quelque peu saturé de la simulation de pouponnage à destination des jeunes joueurs. A première vue, le titre s'inscrit entre un My Baby Boy et un Léa Passion Baby-Sitter. Cela ne l'empêche pas de prendre un recul particulièrement rafraîchissant avec son sujet.
Baby Life affirme d'ailleurs son originalité dès l'étape de création du bébé, qui évite habilement toute dérive eugéniste. A la manière de la saga des Ultima, ou encore du récent Fallout 3, le jeu vous pose une série de questions portant sur vos goûts dans des domaines divers et variés, puis génère votre bébé à partir des données obtenues. Grande blonde ou petit brun, de nature affable ou plutôt tête de lard, le bébé que vous obtenez est unique ; vous allez l'aimer pour ce qu'il est et non pas pour ce que vous avez voulu qu'il soit. Qui plus est, dans Baby Life, votre petit chérubin ne sera le seul objet de votre attention. Le jeu propose en effet deux types de phases ; certaines ont lieu chez vous, d'autres se déroulent à la crèche. Car non content de pouponner à la maison, votre travail d'auxiliaire de puériculture vous amène à vous occuper des bébés des autres en sus du vôtre. Tout un programme !
Baby Life est en fait une véritable simulation de vie. Contrairement à un Léa Passion Baby-Sitter, vous n'y recevez pas d'objectif particulier si ce n'est de vous occuper convenablement de votre bébé lorsque vous vous trouvez à la maison, et de pointer chaque jour à la crèche pour y effectuer votre travail. Du matin au soir, le temps s'écoule avec régularité (bien que de façon accélérée) et vous êtes libre d'occuper vos journées et les siennes comme vous l'entendez. Hormis pendant le tutoriel où le jeu vous explique les bases du gameplay, vous êtes peu guidé dans Baby Life. Certains jeunes joueurs risquent même de se sentir un peu déboussolés par ce manque de cadre. C'est vous qui devez prendre l'initiative de lancer les différentes activités possibles (bain, habillage, repas, sieste, jeu dans le jardin et séance photo). Enfin presque, puisque le bébé communique heureusement sur ses besoins, mais à sa façon (nous y reviendrons), et qu'une icône présente sur l'écran supérieur vous informe sur son niveau de bien-être. En tout cas, l'absence de mini-jeux, d'épreuves à rater ou à réussir témoigne du parti pris des développeurs. Après, tout réalisme à ses limites : vous aurez beau laisser votre bébé pleurer toute la journée dans son lit sans le changer ni lui donner à manger, il n'aura aucune séquelle et se réveillera le lendemain matin en vous ayant tout pardonné. Syndrome de Stockholm ? Mais non, c'est juste une question d'amour...
Le titre de Gamelife se présente donc sous des atours séduisants, d'autant que sa patte graphique et sonore plutôt atypique joue aussi en sa faveur. Hélas, il est très vite rattrapé par quelques défauts gênants. Certains, comme la redondance, sont plutôt typiques du genre : après s'être acquitté dix ou vingt fois de la même activité (bain, repas...), l'ennui commence à poindre. Certes, Baby Life permet de débloquer de nombreux objets et accessoires, mais seuls certains étoffent réellement l'expérience de jeu : si le changement d'alimentation (du biberon vers le petit pot) a une influence sur le gameplay de certaines activités, on ne peut pas en dire autant du passage du savon à la crème lavante. On peut également s'étonner de l'absence d'une véritable phase de change (qui se limite ici à faire glisser une couche sur le bébé). Plus grave : dans certaines phases de jeu, l'ergonomie laisse à désirer. Difficile d'insérer une tétine dans une bouche que l'on ne voit pas, de nettoyer le dos d'un bébé qui se retourne sans arrêt ou encore de faire tourner un mobile en craignant de toucher le bébé qui ne manquera pas de se réveiller aussitôt. Ces problèmes de jouabilité entachent également le système de communication du jeu, pourtant très ingénieux à la base. Il consiste à tracer au stylet des symboles servant à questionner le bébé (Tu as faim ? Tu veux jouer ?), qui acquiesce alors ou non en fonction de ses envies/besoins. Jusqu'à ce qu'il sache parler, naturellement...
A côté de ça, on apprécie que le jeu soit plein d'humour et truffé d'easter eggs qui ne manqueront pas de faire sourire les plus grands. Baby Life prend un gros recul avec son sujet, dont témoignent notamment les séquences à la crèche. Prenant la forme de diner dash (sur le principe de Betty Boop's Double Shift ou de Dr. Daisy), elles consistent à s'occuper de plusieurs bébés en répondant à leurs quatre volontés, matérialisées par des petits bulles de besoin. Leur rendu volontairement comique fait plaisir à voir, mais elles sont hélas pétries des mêmes défauts : la jouabilité est souffreteuse (trop d'actions se font à base de cliquer/glisser à l'exécution approximative) et la répétitivité assurée vu qu'on vous ressert quotidiennement les quatre mêmes scénarios (salle de dessin, de jeu, de musique et dortoir). N'aurait-il pas mieux valu proposer une seule de ces séquences par jour afin d'atténuer le sentiment de redondance ? Quoiqu'il en soit, si les parents de ces charmants bambins sont satisfaits de vos performances, ils vous offrent alors de nouveaux vêtements ou accessoires pour compléter votre collection. Ces objets peuvent être échangés contre d'autres par l'intermédiaire de la boutique présente dans le jeu ou à l'occasion d'un troc avec un ami via la connexion wi-fi de la DS. Baby Life est donc un jeu plein de bonnes idées ; dommage que sa finition laisse à désirer et qu'il se révèle aussi répétitif sur le long terme.
- Graphismes12/20
La modélisation et l'animation des bébés, dans un style plus cartoon que réaliste, est plutôt convaincante. Les décors sont agréables mais trop peu nombreux.
- Jouabilité9/20
L'interface est claire et pratique en apparence, mais dans de trop nombreuses situations l'ergonomie se révèle perfectible. Rien de bien folichon sur le plan du gameplay.
- Durée de vie8/20
Le contenu est bien trop pauvre : même pratiqué via de courtes sessions occasionnelles, le jeu devient vite répétitif. Reste la dimension "collectionnite" qui gonfle un peu sa durée de vie.
- Bande son11/20
Les thèmes musicaux renforcent le ton décalé du jeu : ils semblent tout droit sortis de spots TV publicitaires des années 50. Les bruitages et les voix des bébés sont beaucoup trop discrets.
- Scénario/
Véritable simulation de pouponnage à temps complet, Baby Life est un jeu particulièrement drôle qui prend un recul bien senti sur le thème traité. Pas sûr que cet aspect soit apprécié des jeunes joueuses, qui trouveront en outre matière à redire sur l'ergonomie (perfectible) et le taux de répétitivité (particulièrement élevé). Les bonnes idées sont là, mais on préférera attendre une éventuelle suite mieux fignolée et dotée d'un contenu plus consistant.