Vous faites partie des 60 millions de sélectionneurs que compte notre beau pays. Peu avare en insultes gratuites, vous connaissez tout du football, vous avez toujours raison, vous savez quel joueur faire évoluer à quel poste. Vous êtes têtu et subjectif, borné à penser qu'il n'existe qu'une seule et unique solution, la vôtre. Soit. Investissez dans Football Manager 2009 et arrêtez de vous égosiller de la sorte.
Dans ce deuxième épisode de vis ma vie de Raymond Domenech, après LFP Manager 09, place à une combinaison technico-tactique un peu plus poussée. Ce n'est pas nouveau, Football Manager est la série des connaisseurs, bien qu'elle n'exclut en rien les néophytes, ceux qui comptent se laisser tenter par ce métier aussi passionnant qu'ingrat. Rien à voir ou presque avec le jeu d'EA Sports, celui développé par les équipes rodées de Sports Interactive se concentre uniquement sur la vérité du terrain, omettant logiquement les à-côtés de la vie personnelle. Comprenez que dans Football Manager, on vous demandera d'entraîner vos joueurs et de les mener à la gloire, par tous les moyens possibles. Rien de plus. C'est pourtant déjà beaucoup. Tableaux austères, couleurs plus ou moins ternes, moteur 3D techniquement limité... Rien qui ne donnera envie aux amateurs de strass et paillettes mais qui saura convaincre une fois de plus les joueurs à la recherche d'efficacité.
Si la liste des nouveautés apportées à cette version suit le même objectif que les précédentes, à savoir augmenter la profondeur et la précision de Football Manager, elle comprend une fonctionnalité totalement inédite : le moteur 3D. Réclamé à corps et à cri par une partie du public de FM, pas souhaité plus que cela par l'autre partie, ce moteur fait enfin son apparition, après des années et des années d'existence de la série. C'est en cela la seconde évolution visuelle notable opérée par le bébé de SiGames, après la représentation schématique des matches sur un plan en 3D à l'époque où le titre se nommait L'Entraîneur 2003/2004. Mais attention, ce tout nouveau moteur n'a rien à voir avec celui de LFP Manager et ambitionne encore moins de lui arriver techniquement à la cheville. Il s'inspire des animations de l'archaïque Virtua Stricker et se contente de retranscrire plus esthétiquement les mêmes actions que l'on suivait jusqu'à présent par l'intermédiaire de simples pions. Ceux qui cracheront sur la technique, miséreuse, seront les nouveaux venus, peu habitués à ce genre de modélisation mais surtout, qui n'auront pas constaté la réussite du transfert entre le plan 2D et le moteur 3D. Car les plus initiés n'auront guère de peine à trouver leur marque et à associer les actions qu'ils visualisent désormais réellement au comportement des pions, légèrement désuet.
Outre le fait qu'il permette de constater plus rapidement l'utilité d'un joueur sur le terrain ou des conséquences de son niveau, qu'elles soient positives ou non, ce moteur a le mérite de ne pas remettre en cause l'interface de base de Football Manager. Il est même possible d'organiser la diffusion à votre manière, en ajoutant ou supprimant à votre guise de petits tableaux de stats. Par exemple, si vous souhaitez connaître l'évolution des notes et de la condition physique de vos poulains, il vous suffit de cocher une petite case. Pratique. L'autre petit plus non négligeable est que les commentaires continuent d'accompagner les diffusions. Certes, ce n'est qu'un détail mais qui ne s'impose pas forcément dans chaque simulation de gestion footballistique. Evidemment, les fonctionnalités de base sont bien au rendez-vous, de la présence de plusieurs angles de caméra à la possibilité d'accélérer et de ralentir les matches, en passant par le choix de la nature des actions diffusées, lorsque vous ne suivez pas le match en entier. Petite nouveauté en revanche, la nouvelle barre de temps qui permet de reculer dans le match pour revoir les moments clés, histoire de ne pas avoir la rediffusion complète à se coltiner. Enfin, si vous n'êtes pas convaincu, notez qu'il vous est toujours possible de suivre les matches par l'intermédiaire de simples commentaires ou du classique moteur 2D.
La plupart des autres changements sont en revanche trop subtils pour toucher le grand public. Autrement dit, seul un acharné de Football Manager verra vraiment les différences avec les précédents opus. La première que l'on peut constater est le gain de réalisme au niveau financier. Rien qu'en zieutant les sommes allouées aux masses salariales, vous comprendrez rapidement de quoi il est question. Il sera bien délicat, en Ligue 1 par exemple, d'accumuler des salaires de 100 000 euros. De quoi rendre de plus en plus compliqué le recrutement de joueurs de renom, comme c'est le cas dans la réalité. Il vous faudra réaliser des "coups" ou patienter jusqu'à ce que la star en question soit en pré-retraite, à la manière d'un Claude Makélélé. La seconde est que désormais, les notes des joueurs contiennent des dixièmes, ce qui revient à leur donner une note toute ronde sur cent. Encore un petit détail mais qui permet de différencier assez nettement le joueur qui rend une copie à 5.6 de celui qui atteint 6.4. Dans les précédents volets, les deux auraient obtenu 6 et votre idée sur leur prestation était légèrement tronquée. C'est également utile lorsque l'on souhaite effectuer un changement mais qu'on hésite entre deux joueurs dont la note et la condition physique sont égales, pour un même poste.
Niveau communication, la grande nouveauté n'est autre que la présence de véritables conférences de presse. Ne vous attendez pas au crépitement de flashs de journalistes ni à des questions vraiment agressives mais seulement à une petite liste de questions basées sur le principe de choix multiples. Difficile donc, comme pour une question concernant une rumeur de transfert ou votre confiance avant un match de donner une réponse personnalisée. On remarque d'ailleurs que les réponses disponibles ne sont pas toujours totalement raccord avec les questions. Bref, l'intérêt n'est pas vraiment là mais dans l'interprétation que feront les journalistes de vos réponses. La plupart du temps, elle sera à moitié erronée, comme c'est de coutume, ce qui aura pour effet de faire naître chez vous une certaine haine du journaliste. Lorsqu'elle atteindra son paroxysme ou lorsqu'une question qui fâche vous sera posée, rien nous vous empêchera alors de quitter la séance en claquant la porte. Une possibilité rigolote qui n'est pourtant pas si loin de la réalité. Et enfin, si vous êtes de nature à vous emporter facilement mais à souhaiter ne pas mettre de vent à la presse, votre adjoint pourra vous remplacer à chaque fois que vous le déciderez. Y'a pas à dire, un adjoint, c'est quand même super utile.
En termes de marché des transferts, notons tout d'abord que la base de données, toujours aussi complète, nous a fait la mauvaise impression de n'être que partiellement à jour dans certains championnats inférieurs. Par exemple, en ligue 2, vous devrez composer avec des effectifs qui sont un mix entre ceux de la saison passée et les actuelles squads. Certes, Football Manager sera patché et re-patché, bourré d'updates mais force est de constater que celui qui est censé être un produit final trébuche légèrement à ce niveau-là. Quoi qu'il en soit, le marché voit son importance grandir, proportionnellement à la réalité, notamment au niveau des rumeurs qui se multiplient. Alors que vous n'aurez même pas visité sa fiche, il sera possible qu'à n'importe quel moment d'une conférence de presse, on parle de votre soit-disant intérêt pour un joueur bien précis. Omniprésentes, les rumeurs ont dorénavant leur tableau bien à elles. De quoi vous tenir au courant du potentiel intérêt que portent des clubs rivaux à certains joueurs. Des informations à prendre avec des pincettes à cornichon. Elles demeurent bien moins fiables que la simple mention d'une supervisation dans la fiche d'un joueur. Elles sont désormais accompagnées d'une mention quant à la nature de leur intérêt : prêt ou transfert. Enfin, nous pouvons juger le marché un peu plus réaliste que précédemment et qui offre la possibilité de superviser des joueurs libres via des matches entre associations.
Que noter de plus au sujet de Football Manager ? Que l'option permettant à un joueur d'apprendre un nouveau poste est de retour, un peu plus mise en avant dans l'entraînement. Bien utile lorsque l'on compte utiliser un gaucher à droite ou vice-versa. A ce sujet, la page tactique de votre équipe s'est munie de quelques pastilles colorées, accompagnant chaque joueur, afin que vous puissiez constater en un clin d'oeil de la pertinence de vos choix. Si toutes les pastilles sont vertes, vous utilisez les joueurs à leur poste de prédilection. Si elles sont toutes rouges, vous vous êtes gouré de métier ou méconnaissez vraiment votre effectif ! Au final, si l'on doit ne retenir qu'une chose de cet opus 2009, c'est évidemment son moteur 3D que les développeurs promettaient depuis quelques saisons déjà. En parallèle, le titre de SiGames tente de gommer ses quelques largesses, notamment en termes de réalisme. Les scores nous semblent un peu moins fleuves que précédemment et surtout les sommes engagées sont bien moins fantaisistes, particulièrement dans la gestion du budget du club et de la masse salariale. Un bon point qui ravira ceux qui cherchent à trouver en FM les mêmes difficultés ressenties par les clubs dans la réalité, à savoir investir au bon prix et tenter de conserver coûte que coûte un équilibre financier. Faute de quoi, vos dirigeants risquent de vous tomber dessus à bras raccourcis.
''En cas de soucis pour entrer la clé d'activation, rendez-vous sur ce lien pour la faire décrypter.
En cas de soucis pour activer la clé par téléphone, appelez le numéro suivant : 0 800 916 021.''
- Graphismes12/20
Rien à signaler ou presque dans l'interface du jeu. Toujours les mêmes menus, les mêmes couleurs, la même architecture. En revanche, le moteur 3D est une grosse nouveauté. Il faudra l'apprécier à sa juste valeur, c'est-à-dire comme un moteur censé représenter la même chose que son aîné, en 2D, mais un poil plus finement. Certains l'apprécieront, d'autres conserveront le système de diffusion classique.
- Jouabilité17/20
Nanti de nouvelles fonctionnalités davantage destinées à donner plus de possibilités aux fans qu'à faire naître l'envie de ceux qui craignent la difficulté du soft, Football Manager 2009 est toujours aussi immersif. Plus réaliste sur le marché des transferts et dans les sommes allouées aux différents budgets, il conviendra donc aux joueurs qui aiment passer des heures à peaufiner leur façon d'opérer.
- Durée de vie19/20
51 championnats et 350 000 joueurs et techniciens suffisent à poser les bases de parties qui vont durer des dizaines et des dizaines d'heures, sans jamais perdre de leur intérêt. On regrette seulement que la mise à jour du marché ne soit pas complète dans certains championnats inférieurs et que la ligue du Qatar ne soit toujours pas jouable. Pour le reste, c'est un renoncement certain à une partie de votre vie sociale !
- Bande son/
Silence radio, en dehors de quelques manifestations de foule pendant les matches et de deux ou trois coups de sifflet par-ci, par-là. A vous d'écouter vos mp3.
- Scénario/
Football Manager est une nouvelle fois un compromis extrêmement solide entre exhaustivité et simplicité. Alors que d'autres jeux du genre s'obstinent à créer tout un univers, parfois superflu, autour du métier d'entraîneur, le jeu de Sports Interactive se concentre plutôt sur du concret. Non dénué de petits défauts, il gagne petit à petit en réalisme et fait l'effort de proposer pour la toute première fois un moteur 3D, perfectible, mais déjà prometteur.