Après Arkanoid et Space Invaders Extreme, Square Enix édite sur DS un autre jeu issu du catalogue Taito. Découvert en mars 2006 sur PSP, Exit faisait partie des belles surprises de la portable de Sony et a même eu droit à une suite l'année passée. Le concept n'a rien perdu de sa subtilité sur cette version DS, même si l'effet de surprise n'est plus à l'ordre du jour.
Oeuvrant dans le même registre qu'un jeu tel que Mario vs Donkey Kong 2 : March of the Minis, Exit est un soft de réflexion pure, agrémenté d'un léger soupçon de plates-formes. Présentée comme une succession de tableaux proposant plus d'une centaine de situations différentes, l'aventure se découvre mission par mission, l'objectif étant toujours le même : venir au secours de personnes en détresse et les conduire saines et sauves jusqu'à la sortie.
Dans Exit, le joueur incarne un certain Mr. Esc. En dépit de sa silhouette de criminel en fuite, l'homme est loin d'être un mauvais bougre. Il se décrit lui-même comme étant un "escapologiste", autrement dit un artiste de l'évasion, capable de prendre tous les risques pour sauver la vie des infortunés en danger. Le contexte du soft va justement donner l'occasion à Mr. Esc de faire ses preuves, chaque environnement du jeu étant en proie à un cataclysme naturel différent : incendies, tornades, avalanches et autres tremblements de terre. Convaincu qu'aucun défi n'est insurmontable, notre génie de l'évasion va donc se charger d'affronter la mort pour mettre à l'abri les civils coincés sous les décombres. Dépourvu de tout gadget susceptible de l'aider à mener à bien ces sauvetages de la dernière chance, Mr. Esc ne peut compter que sur ses talents naturels et sur la présence d'objets de fortune disséminés au hasard des décombres pour accomplir son oeuvre. Pas fou, notre homme conserve toutefois un atout secret dans sa manche : la présence des victimes. Car ces dernières ne sont pas là que pour être sauvées mais aussi pour l'aider à mener à bien sa mission en combinant leurs capacités avec celles de notre sauveteur perfectionniste.
Bien qu'il n'ait rien d'un surhomme, Mr. Esc a tout de même des aptitudes physiques un peu plus développées que la moyenne. Il peut non seulement courir à toute vitesse pour franchir des gouffres, mais aussi ramper, sauter haut pour agripper des corniches ou encore pousser des objets de taille raisonnable comme des caisses en bois. Ce n'est pas le cas des personnes à sauver dont les capacités sont nettement plus limitées, mais qui disposent néanmoins chacune d'un talent spécial dont elles pourront faire profiter ponctuellement notre héros. Ces individus, appelés compagnons dans le jeu, se divisent en plusieurs catégories bien distinctes. Les enfants, par exemple, ne sont capables de sauter qu'à une seule case de distance mais peuvent se faufiler dans les endroits étroits. Les jeunes sont plus lestes et ont des capacités très proches de celles de Mr Esc. Les adultes, tous obèses (!), sont plutôt impotents mais ils peuvent déplacer de très lourdes charges. Les chiens sont incapables d'utiliser les objets eux-mêmes mais ils peuvent les rapporter et sauter sur de longues distances. Enfin, les patients sont immobilisés et doivent être portés constamment ou déposés à des endroits stratégiques, par exemple pour maintenir un interrupteur.
Chaque mission du jeu fait donc intervenir un ou plusieurs de ces compagnons qui, en unissant leurs forces à celles de Mr. Esc, ouvrent encore d'autres possibilités d'action. Pour guider les victimes jusqu'à la sortie, il faut donc analyser l'environnement afin de deviner le parcours idéal à suivre sans commettre l'erreur d'oublier quelqu'un. L'issue se trouve même parfois juste à côté de votre point de départ, mais y conduire tous les civils peut s'avérer très compliqué. Les objets disséminés à certains endroits sont aussi là pour vous permettre de franchir des obstacles insurmontables autrement : des échelles pour grimper, des cordes pour descendre, des planches pour traverser, des extincteurs pour éteindre le feu, des crampons pour pousser des caisses sur la glace, des pioches pour casser des murs ou encore des clés pour ouvrir des portes. Si les personnages ne peuvent transporter qu'un seul objet à la fois, ils ont tout de même la possibilité de se les échanger, ce qui ajoute encore à la complexité des énigmes. Les tableaux ont le mérite d'offrir un renouvellement constant et une difficulté croissante, nous obligeant à tirer la leçon de nos erreurs passées pour réussir, quitte à recommencer le niveau jusqu'à le connaître par coeur.
Le plus déroutant reste finalement le gameplay, toujours aussi rigide malgré l'apport du stylet sur cette version DS. Si l'aspect tactile offre un confort de jeu évident, il rend la jouabilité un peu plus intuitive mais ne résout finalement pas vraiment les défauts déjà évoqués dans la version originale sur PSP. On bataille donc un petit peu avec les commandes de jeu dès qu'il s'agit d'effectuer une action faisant intervenir plusieurs personnages à la fois. Malgré tout, le fait de pouvoir programmer le cheminement des personnages en indiquant à l'avance une série de points à franchir facilite les déplacements et permet de ne pas souffrir outre mesure de cette rigidité de gameplay. Les puristes pourront également se rabattre sur la maniabilité aux boutons mais les contrôles au stylet sont quand même largement plus intuitifs. Comportant une bonne centaine de niveaux et la possibilité d'enregistrer ses scores en ligne via la connexion Wi-Fi, Exit DS jouit d'une durée de vie très intéressante pour ses 30 euros. Destinée en priorité à ceux qui n'ont pas connu Exit sur PSP, cette version DS déçoit donc uniquement par son manque de nouveauté mais n'en perd pas moins tout ce qui faisait le charme du concept initial, à savoir sa subtilité et son côté diablement addictif.
- Graphismes14/20
L'esthétique si particulière de l'épisode original sur PSP a été conservée, mais le rendu n'est pas meilleur et l'écran supérieur se contente d'afficher le plan des niveaux.
- Jouabilité15/20
Le concept est réellement efficace bien que le soft souffre toujours de quelques lourdeurs malgré le confort de jeu apporté par le stylet. Une rigidité qui rend certaines combinaisons de mouvements inutilement fastidieuses mais à laquelle on finit tout de même par s'habituer.
- Durée de vie15/20
La cartouche comporte dans son ensemble un total de 100 missions à mener à bien, chaque situation étant un nouveau défi à relever. On peut désormais envoyer ses scores en ligne via la connexion Wi-Fi.
- Bande son14/20
Si les musiques d'ambiance passent plutôt bien, les appels incessants des victimes deviennent parfois gavants lorsqu'on essaye de se concentrer sur une situation difficile.
- Scénario/
Bénéficiant d'un concept toujours aussi redoutable, Exit profite de sa sortie sur DS pour se faire connaître d'un plus large public sans rien perdre de son efficacité. On regrettera simplement que le jeu ne profite quasiment pas de son changement de support pour se renouveler. Même le stylet ne suffit pas à compenser la rigidité de gameplay qui nuit un peu au plaisir de jeu. Malgré tout, Exit DS reste un titre à découvrir absolument si vous n'avez pas peur de vous laisser happer par son challenge.