Fils spirituel du très oublié et pourtant fort sympathique Metal Masters, Monster Lab reprend à son compte l'univers de Frankenstein sous l'égide du jeu de combat. Tout en faisant du gringue au roman de Mary Shelley, les développeurs de BackBone ont eu l'idée de nous faire endosser le rôle du créateur et de la créature pour un résultat explosif. L'expérience a-t-elle réussie ? C'est ce à quoi le compte rendu ci-dessous essaie de répondre.
Reprenant l'esthétique et les plus célèbres gimmicks du roman Frankenstein ou le Prométhée moderne, Monster Lab profite dès le départ d'un univers établi et extrêmement codifié. De fait, sans avoir besoin d'être pris par la main, le joueur pénètre dans l'antre du scientifique sans aucun a priori et aura ainsi beaucoup plus de facilité à endosser la blouse blanche du génial créateur. Car oui mes bons amis, il va ici s'agir de créer, de donner la vie mais aussi d'envoyer vos ouailles de fer blanc au combat tout en suivant la trame narrative. Cette dernière fait état de l'Alliance des savants fous, dont vous faites partie, qui accueille les savants les plus déjantés de la planète. Votre but ? Gravir les échelons de votre nouvelle entreprise, inventer les monstres les plus puissants qui soient et affronter le baron Mharti afin d'obtenir le statut d'immortel au sein de la fraternité de Monster Lab. De ce pitch découlera des pérégrinations dans la vallée Mystère où vous attendront de dangereux adversaires mais aussi des pièces indispensables à la customisation de votre créature.
Si vous avez déjà quelques années au compteur, cette présentation succincte vous évoquera peut-être quelques souvenirs. Mais si, souvenez-vous de Metal Masters, un jeu de Incal Products sorti en 1991 sur Amiga. Si l'univers futuriste était aux antipodes de celui de Monster Lab, le principe de création, customisation et d'affrontement (entre robots) était déjà au centre d'un jeu très accrocheur. De fait, il est agréable de retrouver tout ceci dans le titre de BackBone d'autant que le concept a quand même évoluer depuis le temps, notamment grâce à diverses possibilités et plusieurs mini-jeux tirant partie des capacités de la Nintendo DS. Toutefois, l'idée de départ reste basique. Vous débutez dans votre château dans lequel vous pourrez créer votre monstre. Pour se faire, vous aurez accès à trois laboratoires (mécanique, biologique et alchimique) afin de mélanger des pièces de différentes natures pour créer l'ultime créature. Basé sur le principe du Pierre/Feuille/Ciseaux, une pièce mécanique sera plus puissante qu'une pièce biologique qui elle-même sera plus forte qu'une pièce alchimique, cette dernière surpassant une pièce mécanique. Vous comprendrez alors l'intérêt d'avoir un monstre éclectique. Ne vous privez donc pas de faire des expériences en associant plusieurs objets pour obtenir des éléments uniques pouvant booster les capacités de votre poulain. Néanmoins, avant d'en arriver là, vous devrez passer par une phase de soudure synonyme de mini-jeu. Ici, il suffira de suivre un tracé prédéfini avec votre stylet tout en soufflant sur le micro de votre DS afin de refroidir le fer à souder. Marrant même si suivre le chemin et souffler en même temps est parfois un peu casse-gueule.
Ensuite, dès que vous aurez suffisamment d'items, foncez dans la tour Eclair pour assembler toutes les pièces. Vous pourrez alors choisir la tête, le torse, les jambes et les deux bras de votre champion en fonction des caractéristiques d'attaque et de défense des éléments. Une fois baptisé votre création, il ne restera plus qu'à lui donner la vie. Vu qu'il est possible d'affronter le monstre d'un ami en wi-fi, n'hésitez pas à multiplier les expériences pour avoir une armée de soldats en réserve. Ceci vous servira aussi durant la quête principale s'étalant sur six lieux, accessibles par le biais du Troublescope de votre manoir. Une fois opté pour une destination, vous atterrirez sur une sorte de jeu de l'oie. Vos déplacements étant limités, il suffira de reluquer l'écran du haut pour savoir où aller, votre objectif consistant la plupart du temps à trouver un personnage qui se fera un plaisir de vous confier une quête histoire de faire avancer le scénario. Ne restera plus qu'à s'exécuter tout en évitant ou non les nombreux monstres patrouillant dans le secteur. Bien sûr, la logique veut que vous participiez au plus grand nombre d'affrontements possible sachant qu'à l'issue de chaque bataille victorieuse, vous récolterez des pièces.
Toutefois, avant d'obtenir votre butin, vous devrez dans un premier temps régler le compte de vos homologues. Et c'est là que le bât blesse car si la difficulté est progressive, les combats ont parfois tendance à traîner en longueur. Cependant, avec un peu de jugeote et de tactique, vous pourrez écourter les rencontres en fuyant (bof, bof) ou choisir où vous allez frapper (beaucoup mieux). Pour réaliser cette action, il suffira de toucher avec le stylet un de vos membres en fonction de l'élément de l'adversaire que vous voulez détruire. Par exemple, en cliquant sur vos jambes, vous pourrez effectuer une glissade qui abîmera les membres inférieurs de votre opposant. Choisissez votre bras droit si vous voulez détériorer la tête de votre ennemi et ainsi de suite. Au final, le combat se terminera dès que le torse (ou les bras, jambes et tête) d'un des deux monstres sera totalement démoli. Intéressants, ces affrontements montrent vite leurs limites et ce malgré le fait de pouvoir réaliser une esquive ou un rechargement d'énergie, indispensable pour lancer des attaques. Quoi qu'il en soit, une fois la rixe finie, vous pourrez réparer votre monstre à l'aide d'un autre mini-jeu. Il faudra dans ce cas choisir l'élément à réparer puis tourner rapidement une roue pour que la pièce retrouve son efficacité d'antan. En parlant de ça, Monster Lab multiplie ces petits challenges qui ne sont pas tous aussi funs les uns que les autres mais qui ont le mérite d'être nombreux puisqu'on en dénombre une bonne vingtaine. De quoi assurer une bonne durée de vie à un jeu ne manquant pas de charme et dont les défauts sont souvent contrebalancés par des qualités.
- Graphismes12/20
L'esthétique générale est réussie (hormis des robots se fondant parfois dans l'arène) et profite d'une 3D très correcte. On regrettera toutefois que les déplacements dans les villages soient limités tout comme l'immobilisme des combats sans parler de la pixélisation outrancière des combattants et des effets spéciaux. A signaler également des séquences en images de synthèse de qualité apportant un peu de vie à vos expériences et au jeu dans son ensemble.
- Jouabilité14/20
Si les combats ont un petit quelque chose de stratégique, ils n'en restent pas moins limités. A contrario, la création de vos poulains est plutôt poussée et dynamisée par des mini-jeux bien intégrés. Les capacités de la console étant mises à profit, le gameplay s'enrichit à mesure qu'on joue même si on reste dans une mécanique (c'est le cas de le dire) s'essoufflant assez vite.
- Durée de vie13/20
La longévité du jeu est davantage basée sur la création du monstre parfait que le suivi de l'histoire parsemée de combats. La difficulté progressive sera surtout liée à vos talents de scientifique induisant des expériences diverses et variées. Si le mode deux joueurs vous occupera le temps de quelques affrontements, n'oublions pas non plus la vingtaine de mini-jeux, réussis dans l'ensemble, qui pourront vous faire ressortir la cartouche de sa boîte.
- Bande son12/20
On eut apprécié quelques digits vocales d'autant que les bruitages sont discrets et moyennement convaincants. Heureusement que les thèmes musicaux synthétisent parfaitement cette ambiance horrifico-gothique chère à Mary Shelley et renvoyant aux grands monstres de la Universal ou aux productions de la Hammer.
- Scénario/
Bonne surprise que ce Monster Lab. Sans être pétri de qualités, le soft de BackBone tire son épingle du jeu grâce à son ambiance gothique, sa customisation de monstre relativement poussée et sa vingtaine de mini-jeux. Dommage que les combats ne suivent pas vraiment et que l'architecture du mode principal soit si limitée. Nonobstant ces approximations, ce titre reste une expérience intéressante pour qui n'a pas peur des dérives de la science.