World of Warcraft fêtera bientôt ses quatre années d'existence, durant lesquelles les équipes de Blizzard auront travaillé d'arrache-pied pour lui permettre d'évoluer continuellement et de séduire toujours plus de joueurs. Beaucoup de ces évolutions, que certains jugent discutables, ont consisté à rendre ce MMORPG accessible au plus grand nombre. Mais les joueurs hardcore de WoW n'ont jamais été laissés pour compte, bien au contraire. Le contenu haut niveau, d'une grande richesse, est d'ailleurs pour beaucoup dans le succès rencontré par le jeu. Derniers ajouts en date : le Plateau du Puits de Soleil, les quêtes journalières et le système de hauts faits ont permis aux joueurs de niveau 70 de patienter en attendant la sortie de la seconde extension. Une extension qui leur est d'ailleurs exclusivement dédiée : contrairement à The Burning Crusade qui proposait en sus de l'Outreterre deux nouvelles races et autant de nouvelles zones de départ, Wrath of the Lich King intègre uniquement du contenu pour joueurs de haut niveau. C'est un choix délibéré de la part de Blizzard : désormais bien rodé et bien équilibré, WoW offre de toute façon une progression suffisamment rapide pour que les nouveaux venus puissent atteindre facilement le niveau 68, nécessaire pour profiter de cette extension. A côté de ça, les amateurs de nouveautés apprécieront l'apparition d'une classe de personnages dite héroïque : le Chevalier de la Mort, sur lequel nous reviendrons plus loin.

Wrath of the Lich King se démarque également de l'extension précédente par un retour aux sources salutaire en termes de background. L'exotisme dépaysant de l'Outreterre n'avait pas convaincu tout le monde ; nul doute que le classicisme épique du Norfendre fera davantage l'unanimité. Si le nom de ce nouveau territoire, situé au nord d'Azeroth et de Kalimdor, ne vous est pas inconnu, c'est que vous êtes sans doute un joueur de Warcraft III. Le Norfendre est en effet le continent gelé sur lequel le prince Arthas avait débarqué, après la chute de Stratholme, dans l'espoir de mettre fin au Fléau. C'est à cette occasion qu'il avait mis la main sur Deuillegivre, la lame runique grâce à laquelle Ner'zhul avait pu s'emparer de son âme, le privant du peu d'humanité qui lui restait. Arthas était alors devenu un des Chevaliers de la Mort aux ordres du roi-liche ; il avait même mené le Fléau contre son propre royaume, écrasant Lordaeron et tuant son propre père. Puis, comme vous le narre la superbe cinématique d'introduction, il était revenu en Norfendre libérer l'esprit de Ner'zhul de sa prison de glace et fusionner avec lui pour devenir le nouveau roi-liche. Aujourd'hui, il règne sur ses armées de serviteurs morts-vivants depuis sa forteresse de la Couronne de Glace et oeuvre pour répandre le Fléau à travers le monde. Que vous fassiez partie de la Horde ou de l'Alliance, vous débarquez en Norfendre dans le but de mettre fin à ses agissements.

A nouveau, cette extension marque sa différence puisque le Norfendre dispose non pas d'une, mais de deux zones de départ : le Fjord Hurlant, situé à l'est, est accessible côté Alliance depuis le Port de Menethil ou côté Horde depuis Fossoyeuse (chaque faction disposant bien entendu de sa propre ville d'ancrage) ; la Toundra Boréenne, située à l'ouest, est accessible par zepellin depuis Orgrimmar ou par bateau depuis Hurlevent (qui s'est récemment doté d'un magnifique port pour l'occasion). Cela devrait permettre de désengorger l'afflux de joueurs à la sortie de Wrath of the Lich King, mais c'est aussi l'occasion d'effectuer un vrai choix. Ces deux zones, de niveau 68/72 environ, disposent en effet chacune de son style graphique propre : les paysages escarpés et les villages boisés de type Viking du Fjord Hurlant contrastent avec les plaines rougeâtres et immenses de la Toundra Boréenne, émaillées de colonies en lutte permanente contre les autochtones. Quelle que soit celle qui remportera votre adhésion, un premier constat s'impose : World of Warcraft a beau être terriblement daté au niveau technique, cette extension a bénéficié d'un travail remarquable sur le plan artistique. La composition des environnements est excellente, l'architecture des bâtiments témoigne d'un travail d'orfèvre et l'accroissement du champ de vision permet de bénéficier de superbes panoramas, magnifiés par une aurore boréale qui parcourt un ciel très animé.

Les onze zones qui constituent le Norfendre sont plus vastes encore que pouvaient l'être celles de The Burning Crusade. Elles offrent surtout une variété très importante en termes de paysages : vous traversez successivement des plaines gelées, des vallées à la végétation luxuriante ou encore des terres calcinées (plantées d'arbres qui brûlent encore), pour finalement tomber sur un aéroport gnome ou une cité troll aux temples rituels. Cet aspect un peu fourre-tout ne nuit heureusement pas à leur identité : vous vous souviendrez longtemps de la blancheur immaculée de la Désolation des Dragons, des escarpements vertigineux de la Couronne de Glace ou de l'ambiance féérique de la forêt du Chant de Cristal. Les thèmes musicaux soulignent admirablement cette diversité : les mélodies celtiques et les notes de piano éthérées laissent la place à des compositions plus sombres et plus atmosphériques à mesure que vous vous rapprochez du coeur glacé du Norfendre. Enfin, l'impression de vie qui en émane est plus crédible qu'à l'accoutumée. Mammouths et Brochepelles se déplacent en troupeaux, dont seuls les mâles sont susceptibles de vous attaquer. De même, les nombreux monstres rencontrés ne sont plus disposés en échiquier mais patrouillent aux abords de leur camp ou le défendent des invasions ennemies. A côté de ça, le level-design n'échappe pas toujours à l'écueil du remplissage : certains lieux sont trop chargés, à la manière d'un enfant qui ne veut laisser aucun blanc sur sa feuille de coloriage.

Bien que de nombreux "classiques" soient réutilisés, nombreuses sont les créatures inédites que vous serez amené à croiser en Norfendre. La simple rencontre avec un géant Vrykul, un Tuskarr (sorte de morse sur pattes), une Wyrm des glaces ou encore un Gorloc (lointain cousin du Murloc) suffit à assurer le dépaysement. Jusqu'au niveau 77, c'est à pied ou à dos de monture que vous explorez le continent, avec bien entendu la possibilité de passer d'une zone à l'autre sans aucun chargement, chose dont ne peuvent se targuer tous les MMORPG. Puis vous pourrez acheter une compétence vous permettant d'utiliser votre monture volante acquise en Outreterre : à vous le survol du Norfendre et l'accès à Dalaran, magnifique ville flottante qui a fait le voyage depuis Hautebrande. Plus petite et plus intimiste que les autres capitales (malgré son réseau d'égouts souterrains), elle est truffée de boutiques au ton décalé (animalerie, pharmacie, magasin de jouets...), qui sont l'occasion d'afficher des effets inédits de verre transparent. Wrath of the Lich King vous propose également de nouvelles montures spéciales sur lesquelles deux personnages peuvent prendre place. Mention spéciale à l'imposant Mammouth laineux ou à cette moto issue de l'ingénierie. Les joueurs qui hurlent sur l'orientation de plus en plus steampunk du jeu doivent avoir oublié les plates-formes pétrolières de Warcraft II.

Parent pauvre de la plupart des MMORPG, les quêtes ont été particulièrement soignées dans Wrath of the Lich King. Non qu'elles se révèlent très inspirées : hormis quelques situations atypiques (sur une monture contrôlée par un PNJ, aux commandes d'un canon...), vous retrouvez les inévitables quêtes de drop ou d'éradication de monstres. Mais Blizzard a fait un effort pour relier le plus possible d'entre elles au background. Certaines vous amèneront à rencontrer le roi-liche en personne au cours de votre ascension vers le niveau 80, contrairement à The Burning Crusade où seuls les groupes de raid avaient le plaisir de croiser Illidan. En ce qui concerne les récompenses, elle ont encore été tirées vers le haut, avec des équipements qui rendent bien entendu obsolètes la plupart de ceux que vous aviez si difficilement acquis. Mais que serait une extension de WoW sans ses nouvelles instances ? Sur ce point, les développeurs de Blizzard ont adopté un double parti pris. D'une part, proposer des donjons situés à proximité directe des zones de départ : c'est le cas pour Utgard, situé dans la ville d'arrivée au Fjord Hurlant, mais aussi pour le Nexus, magnifique donjon situé sur une île de glace de la Toundra Boréenne. D'autre part, rendre les instances accessibles à tous les types de public, y compris ceux qui ne jouent pas en guilde ou disposent d'un temps de jeu limité : un certain nombre d'entre elles contiennent donc différentes sections à parcourir à 5 (en mode héroïque ou non), ou en raid par groupes de 10 ou de 25.

Le Norfendre n'est pas non plus en reste dans le domaine du PvP, puisqu'il propose une zone entière, le Lac Joug d'Hiver, dédiée exclusivement aux affrontements entre joueurs. La Horde et l'Alliance s'y disputent un fort situé au nord de la carte : l'une des deux factions doit le défendre contre les attaques incessantes de l'autre. Pour pouvoir détruire les nombreuses murailles qui protègent le fort, les assaillants disposent de véhicules de siège : béliers, catapultes et bombardiers peuvent être construits en prenant possession des ateliers dédiés répartis dans la zone. Les assiégés peuvent quant à eux se retrancher derrière leurs fortifications et les défendre à coups de canon, ou bien aller au-devant de leurs adversaires. Concrètement, cela donne lieu à des affrontements dynamiques et très fun, qui impliquent des centaines de joueurs aux heures de pointe vu que la zone n'est pas instanciée (au détriment d'un juste équilibre entre les forces de l'Alliance et celles de la Horde). Sachez que les assaillants disposent de 45 minutes maximum pour prendre le contrôle de la zone : à ce terme, il faut attendre 2 heures 30 avant qu'elle soit réinitialisée. Durant ce laps de temps, la faction qui l'a emporté bénéficie de divers bonus. Et que les amateurs de PvP les moins patients se rassurent : Blizzard a pensé à inclure un nouveau champ de bataille, nommé le Rivage des Anciens, qui reprend le principe de la prise de fort mais cette fois à 15 contre 15.

Venons-en enfin aux ajouts qui ne concernent pas exclusivement le Norfendre. A commencer par le Chevalier de la Mort, la classe de héros accessible aux joueurs disposant déjà sur leur compte d'un personnage ayant atteint le niveau 55 (c'est d'ailleurs le niveau auquel le Chevalier de la Mort démarre sa progression). Doté d'un équipement plus que correct à sa création, il peut être de n'importe quelle race et de n'importe quelle faction puisqu'il débute inféodé au roi-liche mais finira par se libérer de son emprise. Les premières heures de jeu, instanciées (avant qu'il soit téléporté dans les Maleterres pour poursuivre sa mission), s'appliquent à immerger le joueur dans son background particulier marqué par l'influence de Warcraft III. On retrouve notamment, parmi ses compétences, le fameux Death & Decay ainsi que la possibilité d'invoquer des serviteurs morts-vivants. Le gameplay se fonde sur un système de runes (de trois types : Sang, Givre et Impie), que le Chevalier doit préalablement graver sur son arme pour pouvoir lancer les compétences dédiées. Leur utilisation fait monter une jauge de puissance runique qui permet d'en utiliser d'autres. Dans les faits, le Chevalier de la Mort a un profil de DPS/Tank. Bien entendu, les autres classes disposent elles aussi de compétences et de talents supplémentaires leur permettant de progresser jusqu'au niveau 80. Sachez, pour finir, que Wrath of the Lich King intègre également un nouveau métier, la calligraphie, qui permet d'améliorer l'effet des compétences des personnages.