Pro Evolution Soccer et la PS2, c'est une histoire d'amour qui n'en finit pas. Malgré l'apparition de rides impossibles à camoufler, d'un côté comme de l'autre, Konami entretient la passion. C'est décidé, comme EA Sports, l'éditeur nippon sollicitera la console de Sony jusqu'au bout.
Souverain sur PS2 et face à une concurrence relativement moribonde, PES n'a vraiment plus rien à prouver. C'est donc en roue libre ou presque que Konami met à jour sa série sur la désormais vieille console de Sony. Cela dit, pas question d'omettre quelques nouveautés et surtout de ne concentrer les efforts que sur les versions nouvelle génération, bien qu'elles en aient grand besoin. Ainsi, en termes de contenu pur et dur, on retrouve sur PS2 tout ce dont les versions PS3 et Xbox 360 profitent. Du mode Vers une Légende à la mini-refonte de la Ligue des Masters, tout y est. En revanche, en termes de gameplay, les développeurs ont été moins généreux et semblent, à l'instar de leurs potes d'EA Sports, résigner à ne plus trop effectuer de retouches, aussi minimes soient-elles. Une façon comme une autre d'immortaliser la période dorée qui a consacré PES simulation ultime. On ne touche plus au mythe.
Mais PES offre une nouveauté notable, le mode "Vers une Légende". Grossièrement, celui-ci reprend le principe du "Deviens Pro" du voisin FIFA, lui-même fortement inspiré de "Fantasista" de Winning Eleven 2007 qui pour l'occasion ressuscitait un concept inventé par Libero Grande. Ce que l'on retient de ce méli-mélo, c'est que Konami n'a fait que réagir au vice d'EA, pour ce qui est de l'Europe tout du moins. Quoi qu'il en soit, Vers une Légende propose quelque chose de différent, de plus hardcore et surtout de plus viable sur le long terme. Ici, il s'agit bien d'une véritable carrière que le joueur vit, de ses débuts à 17 ans jusqu'à ce qu'il se retire du monde du football, de longues années plus tard. Deviens Pro met plutôt l'accent sur l'équipe. Vers une Légende également mais en ne perdant jamais de vue qu'il s'agit avant tout de votre progression. Ainsi, le joueur passe par à peu près tous les états et si l'immersion n'a rien de comparable avec FIFA 09, techniquement sur une autre planète, les sensations sont bien là. D'ailleurs, Vers une Légende offre un challenge nettement plus relevé et progressif dans la mesure où le joueur a moins d'influence sur tout ce qui l'entoure.
Explications. Tout d'abord, dans Vers une Légende, vous ne pouvez qu'incarner un avatar créé et, forcément, dont les attributs sont au plus bas, en bon débutant qu'il est. Notons d'ailleurs qu'il n'est pas prévu de pouvoir incarner un défenseur mais uniquement un milieu de terrain ou un attaquant. Ensuite, vous ne choisissez pas immédiatement dans quel club évoluer. Si l'on vous demande bien dans quel championnat vous souhaitez faire vos classes, il faut attendre les offres de clubs intéressés par vos services pour entamer votre progression. Rassurez-vous, elles arrivent immédiatement après le premier match joué qui est organisé pour que se rencontrent jeunes talents et recruteurs. Après avoir fait de votre mieux au contact de joueurs que vous ne connaissez pas, trois équipes viennent vous proposer un premier contrat. Dans notre partie, en Ligue 1, Caen, Rennes et le PSG étaient prêts à nous donner une chance. Mais cette chance va tarder à venir. Car, dans un premier temps, le joueur enchaîne les matches d'entraînement entre le onze titulaire et le onze remplaçant dont il fait logiquement partie. Ce n'est qu'après avoir glané des points d'expérience pendant ces rencontres qu'un beau jour, le petit jeune est lancé dans le grand bain... sur le banc de touche. Eh oui, les première foulées, ce n'est pas encore pour tout de suite. S'en suit alors une attente insupportable qui va faire de vous un simple spectateur assidu des premiers matches de vos coéquipiers.
C'est alors que les premières limites de Vers une Légende surgissent. Bizarrement calibrée, la fréquence à laquelle on est invité dans un premier temps à jouer une vingtaine de minutes en fin de match n'est pas d'une logique implacable. Par exemple, si votre joueur a un profil offensif, vous ne serez pas forcément appelé à rentrer dans un match où votre équipe est pourtant menée. Inversement, il arrive fréquemment que l'entraîneur ne cherche pas à gérer un avantage en cours en vous lançant aux avant-postes. Peut-être un moyen de brouiller encore davantage la progression du joueur, déjà très délicate à plus d'un titre. Par exemple, sur le terrain, vos coéquipiers ont une fâcheuse tendance à vous oublier même si ce phénomène est moins présent que dans la version preview que nous testions en août dernier. Cela dit, il est possible de forcer les passes en matraquant la touche R2, mais parfois sans réussite. Ainsi, malgré vos appels, ils peuvent opter pour une autre solution. Au final, tout ce que peut faire le joueur, c'est réclamer une aide au pressing pour récupérer le ballon plus rapidement. Mais cette possibilité doit être utilisée à bon escient et dans des circonstances bien précises tant elle a tendance à mettre la pagaille entre les lignes et à désorganiser complètement le marquage. C'est ce que l'on retient de ce mode-là qui propose en sus, tout une gestion de carrière, avec appels en équipe nationale, transferts au mercato et augmentation du salaire, assez proche du principe de la Ligue des Masters. Une Ligue des Masters au passage munie d'un système de transferts amélioré où les arrivées et départs de joueurs peuvent influer sur le moral du reste de l'effectif.
Si tout ceci n'a rien d'exclusif à la version PS2, le gameplay, lui, n'a rien à voir avec ce que proposent les itérations PS3 et Xbox 360. Calqué sur celui de PES 2008, il se base sur un rythme beaucoup plus lent, parfois trop d'ailleurs et sur une gestion des passes moins automatisée. Après avoir touché des simulations plus récentes, FIFA pour ne pas le citer, on a quelques peines à se ré-adapter à une telle lenteur. Une fois de plus, l'anticipation est de mise et effectuer des passes ou crochets à l'arrache ne fonctionne quasiment jamais, à moins de contrôler l'un des bulldozers du jeu. Ce qui est plus appréciable en revanche, c'est le fait de pouvoir doser assez précisément la puissance de ses passes. Un temps d'adaptation est cependant là aussi nécessaire, les premières transmissions étant souvent interceptées, la faute à une pression trop flemmarde sur la touche de passe. Mais au final, on a le sentiment de jouer à PES 2008 tant les différences se font rares voire inexistantes, que ce soit dans le comportement et le placement des joueurs ou dans leurs frappes, toujours soumises à de nombreuses conditions pour être transformées en but. Un challenge relevé mais qui manque un peu de mouvements et subtilités de gameplay additionnels.
- Graphismes12/20
Voilà près de 4 ans que l'on se coltine le même moteur de jeu. Si, pour une machine qui va sur ses 9 ans, les animations demeurent de très bon niveau, la fadeur des couleurs et la stagnation technique commencent à nous peser.
- Jouabilité14/20
S'il fut jadis d'exception, ce gameplay-là n'a plus la saveur d'antan. Certes, les sensations sont tantôt grisantes. Certes, PES 2009 a un côté élitiste qui sert de conservateur de l'age d'or de la série. Mais au final, pourquoi ne pas conserver son PES 6 ou son PES 2008 si l'on ne fait attention qu'au gameplay ? Peut-être pour profiter de la vue exclusive offerte par PES 2009 en Vers une Légende...
- Durée de vie15/20
L'arrivée du mode Vers une Légende va de paire avec la cessation du jeu en ligne sur PS2. A partir de là, on ne saura que trop conseiller aux acharnés du multijoueur de continuer à sévir sur PES 2008.
- Bande son12/20
"C'est beau, c'est très beau, que la victoire est belle ! Elle est toujours belle mais aujourd'hui, elle est vraiment très très belle." C'est pas faux. Mais que c'est lourd de devoir supporter Christian Jeanpierre et ses interventions répétitives inchangées depuis la saison passée... Heureusement que les stades ont pas mal de vie et que les bruitages s'avèrent crédibles...
- Scénario/
PES sera à n'en pas douter, la simulation ultime sur PS2 jusqu'au dernier souffle de la machine de Sony. Son héritage est trop solide pour que les déceptions (disparition du jeu en ligne, stagnation technique et esthétique...) suffisent à faire rompre les rouages de cette machine à bénéfices. On apprécie notamment de profiter d'un contenu à la hauteur des versions nouvelle génération.