Pour les joueurs, le Prince de Perse est un personnage de légende, un héros dont les exploits nous ont été maintes fois contés. Au fur et à mesure de ces relectures, il est devenu difficile de séparer ce qui est vrai de ce qui est faux. Et voilà que ce bondissant jeune homme s'apprête à nous dévoiler une page importante de son passé. Comme toutes les grandes histoires, cela commence par...
Il était une fois, dans un désert écrasé de soleil et balayé par les vents, un jeune homme qui courait en tous sens et criait "Farah ! Farah !". Habillé de guenilles mais toujours frais malgré la chaleur ambiante, il semblait bien déterminé à remettre la main sur cette jeune fille qu'on ne pouvait qu'imaginer fort séduisante. Pensez ! Pour pousser un jeune homme bien sous tous rapports à vous chercher au fin fond du désert, il faut au moins que vous soyez d'une beauté comparable à celle de la Reine de Saba ! Et justement, voilà qu'au fond d'une gorge encaissée, il tombe sur deux gardes en uniforme malmenant une séduisante jeune femme brune. Sans hésiter, le jeune homme s'interpose et, sabre au clair, met en fuite les deux rustres. Il engage la conversation avec la jeune femme et elle se présente à lui sous le nom d'Elika. Mais alors, qui est cette Farah que ce brave garçon cherchait en ces lieux. La réponse ne se fait pas attendre : en fait, il s'agit de sa mule qui s'est enfuie.
Elika et "ce héros qu'on ne connaît pas encore sous le nom de Prince" décident de continuer leur route ensemble. Mais, rapidement, ils sont rattrapés par les acolytes des deux premiers gardes que le héros affrontera les uns après les autres. Elika conduit son protecteur jusqu'à un temple construit dans le tronc d'un arbre gigantesque. Là, le jeune homme fait la connaissance avec le père de la demoiselle, roi de son état. L'affrontement entre le pauvre hère et le souverain est inévitable et l'issue du combat sera tragique. En effet, durant l'estoc, l'arbre de lumière qui trône au centre du temps est fracassé par le roi, sans que l'on sache trop pourquoi d'ailleurs. Et avec lui, c'est la dernière défense empêchant le mal de se libérer et de corrompre le monde qui tombe. Dès lors, les deux héros n'auront de cesse que de ramener la sérénité dans le royaume en reconstituant l'arbre de lumière pour y emprisonner à nouveau les méchants.
Voilà pour l'argument. Quittons maintenant le monde des contes pour voir ce que ce prochain Prince of Persia donnera concrètement. De ce que nous avons pu voir, c'est-à-dire le premier acte qui tient lieu de didacticiel et de lancement du scénario, il ressort que l'accent de cet opus sera mis sur les acrobaties du Prince et de sa nouvelle meilleure amie. "Meilleure" car, si le damoiseau manque son envol ou une prise et se précipite vers une mort certaine, Elika utilisera ses pouvoirs magiques pour le ramener sur la dernière plate-forme sûre qu'ils ont foulé. Un jeu dans lequel on ne peut pas mourir peut-il manquer d'intérêt ? Peut-être, en effet.
Autre point qui appuie ce doute qui nous étreint : la facilité avec laquelle on peut accomplir les acrobaties. En général, il suffit d'appuyer sur la bonne touche de la manette pour passer d'une plate-forme à un mât puis du mât à une poutre puis de la poutre à un buisson de lierre courant sur un mur et finalement grimper pour atteindre la plate-forme suivante. Contrairement à ce qu'on avait pu voir dans les opus précédents, la notion de gestion du corps pour profiter au mieux d'un élan a été complètement laissée de côté. La seule vraie surprise lors des déplacements vient du fait que certains espaces trop larges ne peuvent pas être traversés par le héros seul. Dans ce cas, on le fait sauter puis, toujours avec une seule touche, on appelle Elika qui lui redonne de l'élan afin qu'il atteigne son but. Il apparaît rapidement comme clair que le véritable intérêt de ce jeu ne résidera pas dans la réalisation à proprement parler des différentes figures mais dans l'utilisation judicieuse du mouvement idéal dans le catalogue dont dispose désormais le héros.
Le Prince en devenir peut désormais tout faire : sauter, s'agripper et grimper le long d'objets très divers (du lierre donc mais aussi des poutres verticales ou la moindre aspérité...), courir le long des murs sur de courtes distances, allonger ce type de course en reprenant appui sur un gros anneau en métal enchâssé dans le mur. Les développeurs lui ont même octroyé la capacité à courir quelques instants sur les plafonds. Cela peut paraître complètement abracadabrantesque mais comme des anneaux sont généralement présents dans le décor au moment où il se lance dans cet exploit, on parvient à y croire. Autre élément important à prendre en compte pour les déplacements : le gant en métal qu'il porte à la main droite. Celui-ci peut être planté dans un mur et freinera la chute du personnage le long de la paroi verticale. Très pratique quand il s'agira d'atteindre une plate-forme tout en négociant les émanations de corruption qui courent le long de certains murs.
Cela nous amène tout naturellement à évoquer les ennemis. Outre la pesanteur et les vagues noires qui lui feront parfois lâcher prise, le héros devra affronter des monstres venus de cette dimension corrompue dont il tente de réparer les dégâts. Plutôt grands et balèzes comme on les aime, ces affreux ont un talent indéniable pour l'art de l'épée. En fait, ils se servent avec dextérité d'une arme à trois lames particulièrement redoutable pour attaquer mais aussi pour parer les coups. Les combats qui les opposent au héros et à Elika mettent en avant l'utilisation de combos divers : passes d'arme, acrobaties pour esquiver les coups ou corps-à-corps dans lequel le personnage principal se servira de son gant pour frapper ses ennemis. Lors de ces duels très libres, la réussite dépendra d'une parfaite gestion de la distance et du timing pour porter les attaques et parer celles de l'adversaire. En fait, dans une certaine mesure, on retrouve là les ingrédients des combats du tout premier Prince of Persia.
Donc vous avez réussi à atteindre un arbre de lumière et, après avoir vaincu le gardien posté là par la force maléfique qui sévit dans la région, vous avez utilisé Elika pour qu'elle chasse la corruption. Pour autant, vous n'en avez pas encore terminé avec votre tâche dans la zone concernée. Maintenant, il s'agit de récupérer des orbes de lumière qui viennent d'apparaître dans le décor. Durant cette nouvelle phase, la pression mise sur le joueur change de nature puisqu'il s'agit de faire preuve d'astuce pour atteindre certains d'entre eux qui sont disposés dans des endroits vraiment très escarpés. Il n'y a plus de vrai danger si ce n'est celui de ne pas pouvoir progresser au cas où on ne réunirait suffisamment d'orbes. En effet, ceux-ci servent à activer des pouvoirs qui permettront d'atteindre des endroits interdits à celui qui ne les possède pas. Ce n'est que grâce à eux qu'on pourra explorer l'intégralité de la carte conçue comme un réseau d'endroits à visiter et sur laquelle il sera possible de se téléporter si on ne veut pas perdre de temps en se rendant à destination à pied. Avec son principe de jeu à deux vitesses, le prochain Prince of Persia proposera donc un contenu conséquent. Et si on reste encore dubitatif sur le système de sauvetage qui rendra le héros immortel, on est d'un autre côté plutôt conquis par le graphisme original dont bénéficie ce titre. On vous reparlera de tout cela plus en profondeur lors d'un prochain test.