Alors que le surprenant Naruto Shippûden Dairansen n'est toujours pas programmé en version occidentale, les fans de l'oeuvre de Kishimoto vont devoir se contenter d'un nouveau Naruto Ninja Council pas très folichon sur DS. Un titre sorti depuis avril 2005 au Japon et qui témoigne assez bien du retard accumulé par les adaptations de Naruto en version européenne.
La chronologie des adaptations de Naruto sur notre continent commence à devenir assez chaotique, ne serait-ce qu'à cause du nombre croissant de titres édités au Japon et de l'écart faramineux entre les sorties nippones et européennes. La branche des Naruto Ninja Council sur DS est donc bien l'équivalent des Naruto : Saikyou Ninja Daikesshuu, mais alors que le premier volet européen était la réplique du quatrième opus japonais, Naruto Ninja Council European Version 2 s'avère être la réplique non pas du cinquième opus mais bien du troisième. Inutile de chercher à comprendre, la seule évidence est que nous nous retrouvons en présence d'un titre qui a déjà trois ans d'âge alors que la famille des Naruto : Saikyou Ninja Daikesshuu en est déjà à son sixième opus au Japon.
Sans s'embarrasser d'une narration qui permettrait réellement au néophyte de prendre le train en marche, le jeu démarre brutalement alors que Tsunade vient de devenir cinquième Hokage et que les membres de Konoha sont confrontés aux ninjas d'Oto no Kuni. Les niveaux de jeu verront donc Naruto et sa bande affronter un à un les représentants du quartet du son après avoir traversé un certain nombre de niveaux semés d'embûches et gardés par des dizaines d'ennemis qui vous foncent dessus comme de la limaille de fer sur un aimant. Vous l'aurez compris, Naruto Ninja Council European Version 2 est un pur beat'em all à l'ancienne, pas si éloigné que ça des premiers titres du genre sur les machines 8 bits d'il y a vingt ans. Pour autant, ne vous attendez pas à passer un doux moment de nostalgie avec ce soft car il accumule les défauts du genre et ne compte certainement pas parmi les adaptations les plus réussies du manga de Masashi Kishimoto. Pour commencer, le nombre de personnages jouables est limité à cinq, les autres n'étant là que pour assister le héros que vous aurez choisi dans son combat contre le pays d'Oto. Les heureux élus sont Naruto, Sasuke, Sakura, Lee et Neji, mais on constate bien vite que rien ne les démarque réellement les uns des autres, si ce n'est la nature des ninjutsus qu'ils peuvent exécuter en puisant dans leur chakra.
Le choix des membres de l'équipe n'en reste pas moins déterminant puisque, si les niveaux se parcourent généralement sans problème, les face-à-face contre les boss révèlent toute l'importance des techniques de ninjutsu et le manque d'efficacité des autres commandes d'action. A vous d'opter pour des personnages de soutien possédant des talents adaptés aux combats que vous allez mener, sachant que certains se focaliseront uniquement sur un ennemi en particulier tandis que d'autres attaqueront l'ensemble des ennemis présents à l'écran. Ces alliés peuvent être choisis à chaque début de mission et comptent parmi eux Shikamaru, Chôji, Kiba, Shino, Gaara, Ino, Kankurô, Temari, Hinata et Tenten. En avançant dans le jeu, vous pourrez débloquer d'autres ninjas plus expérimentés, comme Kakashi, Gai ou encore Jiraiya. Ces personnages n'interviendront que lorsque vous choisirez de déclencher leur technique spéciale, prise au hasard parmi les jutsus qu'ils possèdent. Le fait que ces techniques soient choisies aléatoirement par la console est assez déstabilisant et un peu frustrant dans le sens où ce ne sont pas toujours les plus efficaces qui sont exécutées. On ne peut d'ailleurs pas vraiment en abuser puisque chaque utilisation épuise complètement la jauge de chakra des personnages de soutien, il faut alors attendre plusieurs minutes avant de faire appel à eux à nouveau.
A l'inverse, les jutsus du personnage principal se régénèrent plus rapidement mais requièrent une étape intermédiaire pour être réussie. Vous devrez par exemple faire tourner une roue dans le bon sens le plus vite possible, puis désigner une série de symboles précis pour lancer l'attaque au maximum de son potentiel. Le chakra est également mis à contribution à chaque fois que vous effectuez une permutation ou que vous vous mettrez à courir sur les parois verticales pour traverser sans encombre les niveaux piégés. Plus vous avancerez dans le jeu, plus vous aurez affaire à des obstacles vicieux : des trous, des rondins mobiles, des plates-formes instables, des rochers roulants ou encore des murs hérissés de pieux. La progression est d'ailleurs rendue laborieuse à cause d'un level-design impitoyable et beaucoup trop axé sur la plate-forme. Les ennemis, en revanche, n'opposent généralement aucune résistance et n'incitent pas le joueur à renouveler sa façon de jouer autrement qu'en enchaînant bêtement les combos. Les armes de jet n'ont que très peu d'utilité car on ne peut en conserver qu'une seule à la fois et qu'elles disparaissent au moindre coup reçu. On se contente donc d'utiliser uniquement les frappes de taijutsu durant toute la traversée des niveaux, puis de faire appel aux techniques de ninjutsu lorsqu'on se retrouve face aux boss.
Les combats contre ces derniers sont en effet totalement impossibles à remporter si vous n'abusez pas des jutsus évoqués plus haut. La faute à une difficulté très mal dosée et surtout à une gestion des collisions catastrophique. Les boss ont même la possibilité de se transformer et de déclencher leurs techniques à volonté comme s'ils n'avaient aucune limite de chakra, et réussissent à vous toucher même lorsque vous êtes largement hors de leur portée. On retrouve là des erreurs de gameplay qu'on n'avait plus revues depuis l'époque 8 bits, et on finit pas saturer d'autant plus rapidement qu'on a l'impression d'avoir affaire à un titre fait à la va-vite et non testé. Même les mini-jeux qui sont censés nous permettre de diminuer la jauge de vie des boss à l'aide du stylet sont mal calibrés. L'idée n'est pourtant pas mauvaise puisqu'elle exploite les talents propres à certains personnages, comme la manipulation des ombres de Shikamaru, le boulet humain de Chôji ou l'essaim d'insectes destructeurs de Shino. Dommage que le résultat manque totalement de fun et qu'on se force à débloquer les niveaux à la sueur de son front sans retirer le moindre plaisir de jeu. Car en l'état, Naruto Ninja Council European Version 2 n'a rien pour mériter de figurer dans la ludothèque d'un fan de l'oeuvre de Kishimoto.
- Graphismes12/20
Le jeu date de 2005 et la réalisation nous offre des décors tout simples en scrolling, agrémentés de quelques effets de brouillard et d'une animation très sommaire.
- Jouabilité8/20
Le gameplay multiplie les énormités et se révèle presque moins efficace que certains beat'em all de l'époque 8 bits. Les niveaux d'action ne présentent vraiment aucun intérêt et les affrontements contre les boss se résument presque toujours à déclencher à la suite les techniques de ninjutsu liées à l'écran tactile. Même le système d'alliés ne compense pas le fait que cinq personnages seulement soit jouables.
- Durée de vie7/20
Le soft ne comporte que sept niveaux de jeu mais la difficulté très mal dosée et les nombreux problèmes de jouabilité sont un réel frein à la progression. Aucun mode multijoueur n'est à signaler.
- Bande son8/20
La bande-son passe totalement inaperçue. Tant mieux pour elle.
- Scénario5/20
Les bulles de dialogues se comptent sur les doigts de la main et ne font vraiment pas honneur à cet arc clé du manga Naruto.
Proposant un déroulement plus classique que son prédécesseur, Naruto Ninja Council European Version 2 n'en reste pas moins très mauvais et ne mérite aucune considération de la part des fans du manga original. Préférez-lui sans hésiter un jeu comme Naruto Shippûden Dairansen, déjà disponible en import et proposant un cocktail aventure/action beaucoup plus réussi.