Gros succès de la fin de l'année dernière, Léa Passion Bébés se voit logiquement doté d'une suite : Léa Passion Baby-Sittter, toujours développée par Visual Impact Productions. Léa y garde encore des bouts de chou, mais elle s'émancipe en troquant sa tenue de ménagère contre une vie estudiantine. En attendant de pointer à l'ANPE, la voilà donc baby-sitter officielle d'un quartier cosmopolite et huppé.
Léa Passion Baby-Sitter. Le titre laisse songeur. On peut avoir la passion des bébés, mais de là à être touché par la fièvre du baby-sitting... Destinée à procurer un peu d'argent de poche à de jeunes étudiantes qui n'aiment pas spécialement déblayer la neige ou tondre les jardins, cette activité est-elle vraiment une vocation ? Et puis le baby-sitting, c'est dangereux : on peut être dérangé, comme Jamie Lee Curtis dans Halloween, par un psychopathe sanguinaire, quand ce ne sont pas les mioches eux-mêmes qui sont les monstres de la soirée. Reste que pour financer ses études de puéricultrice, notre jeune héroïne doit y couper. N'ayant pas un sou en poche, elle tente de gagner un peu d'argent en gardant de jeunes enfants, et crèche au dortoir universitaire. C'est toujours mieux que travailler chez McDo, non ?
Par chance, Léa n'a pas trop à trotter : le quartier universitaire regorge de demeures huppées dont la bourgeoise a toujours mieux à faire que de s'occuper de ses enfants. Léa dispose donc d'un vrai vivier de bambins, toutes nationalités confondues, qu'elle va garder à tour de rôle. Il lui suffit de sonner à la porte d'une des demeures en surbrillance sur la carte pour la voir immédiatement mise à l'épreuve. Concrètement, elle peut se voir confier deux types de tâches : faire de la "simple" garde ou mettre en place des activités pour éveiller l'enfant. Cela ne change hélas pas grand chose, le gameplay se résumant dans les deux cas à une succession de mini-jeux. Pourtant, dans les épreuves de garde, on vous demande de bien observer le bébé pour essayer d'en comprendre les besoins (jouer, manger, être changé, dormir...). Mais c'est tout bonnement inutile, puisque le p'tit loup se dirigera systématiquement lui-même vers son objectif, votre tâche se résumant à cliquer sur une petite flèche verte pour démarrer l'activité. Que les choses soient claires : Léa Passion Baby-Sitter n'a que faire de vos initiatives et ne sollicite votre libre arbitre que lorsqu'il s'agit d'aller dépenser vos deniers durement gagnés dans des séances de shopping.
Léa peut en effet acheter des tenues à la mode, changer de coupe de cheveux ou encore refaire la déco de son nid douillet (qu'on mettra rapidement à sa disposition, signe de sa progression dans l'échelle sociale). Il lui est aussi possible d'acheter des jouets pour occuper les bambins dans les épreuves de garde. Hélas, cette fonction ne donne lieu qu'à une animation scriptée et toujours identique, avec un effet trop modéré sur le degré de satisfaction de l'enfant. Ce dernier, précisons-le, est représenté par un gros coeur situé sur l'écran supérieur, qui se remplit progressivement au fur et à mesure de vos succès dans les mini-jeux. Vous l'aurez compris : quels que soient les artifices trouvés par ses concepteurs pour en étoffer le principe, ce sont bien les mini-jeux qui restent le coeur de Léa Passion Baby-Sitter. Et le souci, c'est qu'ils sont loin d'être convaincants. Ce n'est pas leur gameplay qui est en cause : si agiter des maracas avec le stylet ou toucher des cercles colorés avant qu'ils ne disparaissent peut donner une impression de déjà-vu, cela reste amusant pour le public visé. Le vrai problème, c'est que leur principe est souvent en décalage total avec celui du baby-sitting.
En effet, dans la plupart des activités, vous avez vraiment l'impression que c'est bébé qui vous garde et pas le contraire. Qu'on en juge : il faut tantôt reproduire la séquence qu'il joue sur un tam-tam, tantôt mémoriser et retrouver la carte qu'il vous montre, tantôt reproduire sur une ardoise l'objet qu'il vous demande... Des mini-jeux sympathiques mais hors de propos, qui vident le concept de sa substance. Il est d'ailleurs regrettable de constater que les activités les plus légitimes (le repas, les boîtes à meuh...) proviennent directement de Léa Passion Bébés. Si l'on ajoute qu'une séance de baby-sitting dure en moyenne une dizaine de minutes et qu'elles se succèdent sans beaucoup de variations, le jeu peut rapidement s'avérer répétitif, même dans le cadre d'une utilisation occasionnelle. Heureusement, toutes les épreuves sont dotées d'une difficulté progressive : elles se complexifient au fur et à mesure, ce qui permet d'en maintenir l'intérêt sur le long terme et d'assurer à Léa Passion Baby-Sitter une durée de vie convenable. De toute façon, la réalisation efficace, qui s'appuie sur des graphismes colorés et chatoyants et des bruitages de bonne qualité, permettra certainement au jeu de trouver son public.
- Graphismes10/20
La modélisation du quartier dans lequel évolue Léa est convenable pour de la DS. On n'en dira pas autant des personnages, qui manquent de détails et souffrent d'une animation perfectible. Reste que la palette de couleurs fera son petit effet auprès du public visé.
- Jouabilité12/20
Les mini-jeux souffrent d'un gameplay souvent simpliste et pas assez évolutif, qui les rend un peu répétitifs à la longue. Sur le plan de la jouabilité, il n'y a pas grand-chose à reprocher, si ce n'est une certaine difficulté à sélectionner les objets dans les environnements 3D.
- Durée de vie10/20
Pratiqué via de courtes sessions occasionnelles, le jeu garde son intérêt grâce à une difficulté progressive et à sa dimension "collectionnite". La fonction de partage incluse permet d'envoyer deux mini-jeux à un(e) ami(e). Le mode multijoueur, par contre, est complètement anecdotique.
- Bande son11/20
Les thèmes musicaux, assez quelconques, ont le mérite de varier en fonction de la nationalité des bébés gardés. Les effets sonores et les voix des bébés (ainsi que celles des adultes, qui s'expriment dans un langage imaginaire) sont corrects mais sans plus.
- Scénario9/20
L'ascension sociale de Léa s'étale sur plusieurs jours, au fil desquels elle progresse socialement et durant lesquels elle retrouve des personnages de l'épisode précédent (la grand-mère, Storky...). Hélas, l'absurdité de certains mini-jeux ruine le côté "mature" du scénario.
Léa Passion Baby-Sitter se repose paresseusement sur le concept de son prédécesseur, Léa Passion Bébés. Le côté "mature" du scénario, qui voit l'héroïne progresser socialement, est sabordé par des mini-jeux souvent hors de propos durant lesquels on a davantage l'impression d'incarner le bébé que sa baby-sitter. Voilà pourquoi on ne conseillera ce titre qu'aux enfants de 7 à 12 ans qui n'auraient pas joué au premier épisode. A ceux-là, le jeu est susceptible de plaire.