Deuxième épisode de la série Brothers in Arms, Earned in Blood tente à son tour de transformer votre Wiimote en fusil Garand et votre salon en champ de bataille. Se déroulant juste après les évènements du premier opus, au coeur d'un jour J tirant en longueur, le titre vous place cette fois dans la peau de "Red" Hartsock, jeune sergent, catapulté sans ménagement à la tête d'une escouade de quelques hommes qu'il faudra mener au combat.
Miné par les combats, votre héros débute le jeu en s'asseyant lourdement à la table du colonel Marshall. Il va alors se confier à ce supérieur désireux d'en connaître davantage sur le déroulement de ses dernières missions. C'est ainsi que va se construire l'histoire à laquelle vous allez prendre part, constellée de flash-back déclenchés par les questions de votre supérieur. Conservant sa logique première, Brothers In Arms met donc l'accent sur des situations de combat et des anecdotes diverses. Il tente d'impliquer le joueur émotionnellement par l'intermédiaire de codes cinématographiques bien connus et de nombreux scripts destinés à forcer l'immersion. Earned in Blood cherche notamment à vous rapprocher des hommes que vous allez mener au combat. Effectivement, pas seulement concentrés sur leur tâche guerrière, ces derniers vous feront également part de récits inintéressants, parfois terriblement maladroits, mais toujours en accord avec une certaine humanité. De plus, il n'est pas rare que deux personnes aux caractères incompatibles s'opposent, avant d'être remis à leur place par une troisième, poussant peut-être encore un peu plus loin le principe de l'immersion émotionnelle.
Si cet aspect particulier fait immanquablement office de marque de fabrique de la série, nul doute que la majorité d'entre vous se trouve ici pour en apprendre plus sur le système de jeu. Eh bien que cela soit dit, pas du surprise, Brothers in Arms : Earned in Blood reprend à l'identique les mécaniques de son prédécesseur. Il sera donc toujours question de vous battre, fusil en mains, mais également de commander vos troupes dans le feu de l'action. Le soft offre une part stratégique non négligeable dans le placement et le déploiement des unités. Aussi intuitives qu'auparavant, les dispositions tactiques répondent simplement à la sollicitation de votre curseur et du bouton A. Il vous suffit en résumé de pointer un endroit avec la Wiimote pour ensuite sélectionner une façon d'agir pour un ou plusieurs groupes d'assaut. Entre la couverture, la charge héroïque et le déplacement en groupe, le titre d'Ubi offre la possibilité de composer des attaques structurées et finalement relativement diversifiées. Vous devrez de fait apprendre à maîtriser la célèbre stratégie du tir nourri, suivi d'un contournement et d'un assaut final, dans le but de passer outre l'intelligence artificielle nettement enrichie des ennemis.
Car si dans l'épisode précédent, un adversaire ne se retournait même pas alors que vous passiez dans son dos en marchant dans la boue avec de grosses rangers, désormais il faudra vous y reprendre à plusieurs fois si vous souhaitez miser sur l'effet de surprise. Mobiles et sensibles à la moindre de vos incartades, les soldats allemands n'hésiteront pas à contourner des bâtiments pour vous prendre à revers, à changer de point de tir s'ils se rendent compte de la difficulté de résister à vos assauts, ou encore à attendre sagement votre venue bien cachés derrière un obstacle. Pourtant, et de façon paradoxale, vous croiserez à de nombreuses reprises vos opposants en train de recharger leur arme debout, en plein milieu du champ de bataille alors que vous vous trouvez à dix mètres de distance de ceux-ci, bien en vue. Vos alliés en revanche, semblent en être restés au premier épisode. En effet, il suffit par exemple qu'un obstacle les empêche de se mouvoir pour qu'ils annulent purement et simplement votre ordre, ne tentant même pas de venir à votre rescousse lorsque les choses se gâtent.
Dans le même ordre d'idée, il est tout de même gonflant de devoir les appeler pendant 30 secondes pour chercher à les faire s'abriter derrière un tronc d'arbre, alors qu'ils restent stupidement se faire plomber à découvert. Dommage que cet aspect précis du jeu n'ait pas vraiment été amélioré entre les deux épisodes. Cependant, on dénombre quelques sympathiques ajouts et modifications qui contribuent à faire passer la pilule. Les cartes ont effectivement été considérablement agrandies et impliquent donc que vous fassiez preuve de plus d'agressivité. Il est très important de ne pas rester inactif trop longtemps sous peine de passer à côté d'effets de surprise pratiquement indispensables à une victoire sans heurts.
D'autre part, le système de visée se montre un tantinet plus stable, nous autorisant à ajuster un tir en souffrant un petit peu moins. Reste que la Wiimote offre moins de précision qu'un stick et encore moins qu'une souris. Quoi qu'il en soit, on se retrouve face à un ensemble un peu décevant de "transformations", améliorant certes le jeu, mais ne gommant pas certains défauts encore trop imposants, comme par exemple le déséquilibre relatif à la difficulté globale, passant d'anecdotique à particulièrement coriace en deux ou trois niveaux. D'autant que l'on remarque assez continuellement des bugs graphiques peut-être assez mineurs mais qui contrarient un poil la fameuse volonté d'immersion mise en avant précédemment. Au final, Brothers In Arms : Earned In Blood évoque en quelque sorte la version 1.5 de son prédécesseur, proposant un plaisir de jeu plus important, un côté stratégique plus poussé, et un environnement graphique très légèrement plus fin.
- Graphismes12/20
En retrait par rapport à ce qui se fait actuellement sur Wii, le titre de Gearbox parvient néanmoins à créer une ambiance prenante. Celle-ci découle une fois encore de la variété des environnements et d'une mise en scène largement inspirée du cinéma. L'animation reste malheureusement hésitante, le framerate limite, et les textures loin de faire dans le haut de gamme.
- Jouabilité13/20
Les commentaires employés pour décrire le premier épisode restent applicables à cette suite. La Wiimote ne permet pas d'être véritablement précis lors des affrontements, mais on n'éprouvera pas de difficulté particulière à se déplacer et à commander les soldats. L'aspect tactique du soft est bien présent et se matérialise mieux grâce à une IA ennemie plus performante ainsi qu'à des niveaux plus vastes.
- Durée de vie15/20
Brothers In Arms : Earned in Blood demande pas mal de concentration et propose souvent des missions s'étalant sur des périodes assez longues. Vous devrez donc batailler longuement pour venir à bout d'un soft qui n'est pas franchement évident. Là encore, le mode multijoueur est tout simplement passé à la trappe.
- Bande son15/20
Un petit peu plus épique que celle de son prédécesseur, la bande-son s'avère bien orchestrée et colle parfaitement à l'ambiance générale. Entre des montées symphoniques prenantes et des morceaux plus posés, Brothers In Arms dévoile un environnement sonore crédible et immersif. Les voix françaises sont correctes.
- Scénario14/20
Brothers in Arms met clairement l'accent sur la dimension humaine de ces sinistres événements et tente plus ou moins habilement de lier le joueur aux différents protagonistes de l'histoire. L'approche est moins froide que chez la concurrence mais elle sombre parfois dans quelques séquences maladroites dont on aurait pu se passer.
Dans la droite ligne de son prédécesseur, Brothers In Arms : Earned In Blood parvient à affiner un tantinet la formule. Offrant des ennemis aux réactions relativement crédibles et des environnements sensiblement plus vastes, le titre de Gearbox permet au joueur d'exprimer ses qualités de chef, sans perdre de vue l'immersion et le côté spectaculaire des affrontements.