Vous broyez du noir ? De Blob se propose de vous faire voir la vie en rose. Cette bombe de peinture ambulante débarque en effet sur Wii pour combattre la morosité du quotidien. Il compte bien en faire voir de toutes les couleurs au pouvoir despotique qui a pris le contrôle de Chroma City. Partez à la découverte de cette aventure chromatique qui bénéficie d'une ambiance musicale aux petits oignons.
L'histoire du jeu de Blob a de quoi faire rêver tous les petits développeurs en herbe. En effet le concept de base a été imaginé par neuf étudiants en Game Design à l'Université des Arts d'Utrecht, en Hollande. Ils avaient ainsi conçu un jeu où l'on incarnait un extraterrestre, le fameux Blob, qui dévorait les habitants d'une ville pour s'emparer de leurs couleurs. Cela lui permettait de repeindre les bâtiments de la cité qui étaient tous uniformément gris avant son arrivée. Un tel concept n'est pas sans rappeler celui de la série des Katamari : dans les deux cas on contrôle une créature ou un objet sphérique qui grossit progressivement en absorbant son environnement. Le résultat de ce travail universitaire a beau être incroyablement innovant, il n'en reste pas moins très limité. Si cette version Wii reprend le concept de base du jeu, elle y inclut donc un scénario et une véritable progression. L'une des principales transformations concerne le statut de Blob lui-même : il n'était plus question qu'il représente une menace extraterrestre. Il devient ainsi le défenseur d'une population opprimée par une dictature qui bannit toute forme d'expression chromatique.
L'odieuse ENKR compagnie s'est en effet emparée de Chroma City. Elle prive les citoyens de couleurs et les oblige à travailler comme des esclaves. Blob et ses quatre compagnons révolutionnaires vont tenir tête à cette organisation en libérant la ville quartier par quartier. Votre meilleure arme pour organiser ce coup d'Etat et briser les chaînes des citoyens sera votre capacité de repeindre le monde qui vous entoure. La ENKR se sert de chromabots pour isoler les couleurs de leurs supports. Véritables pots de peintures ambulants, ces robots sont autant de réserves de munitions pour Blob qui absorbe leur contenu en les écrasant. Une fois qu'il est gorgé de couleur, il lui suffit de toucher un élément du décor pour le repeindre. Les chromabots ne peuvent contenir que l'une des trois couleurs primaires : le rouge, le jaune ou le bleu. Si vous voulez repeindre le monde en vert, il vous faudra donc combiner le bleu et le jaune. Attention, vous pouvez aussi devenir tout pâle si vous entrez en contact avec de l'eau. Vous rapetissez alors progressivement en perdant vos réserves de peinture. Ne blâmez pas pour autant la première fontaine venue, en effet celle-ci peut vous sauver la vie si jamais vous êtes tombé par mégarde dans une flaque d'encre noire ou que l'un des agents de l'ENKR vous a touché.
Blob ne dispose pas d'une énorme panoplie de mouvements pour faire face à ces menaces : il faut qu'il se débrouille en sautant sur ses ennemis et en roulant le long des murs. En conséquence les commandes du jeu sont extrêmement simples à assimiler : on se déplace en utilisant le stick du Nunchuk et on saute en secouant la Wiimote. Il est aussi possible de cibler les ennemis, les chromabots ou les interrupteurs en maintenant le bouton Z enfoncé. Cette fonction vous permettra aussi de faire des sauts impressionnants en visant des repères situés dans des endroits inaccessibles. On peut enfin avoir une idée de l'emplacement des fontaines, des réserves de peintures et des objectifs en faisant apparaître une boussole avec le bouton A. Vous n'aurez ainsi aucun mal à retrouver vos compagnons révolutionnaires qui vous demanderont d'accomplir certains défis. Il s'agira de repeindre toute une zone dans une couleur déterminée, de suivre un parcours en temps limité, de détruire un certain nombre d'ennemis ou de s'attaquer à un monument en particulier. Vous vous rendrez compte en effet que certains bâtiments restent ternes malgré vos tentatives de les gribouiller. Pour les transformer, il vous faut la peinture adéquate en grande quantité, vous coller sur un point précis du bâtiment et secouer rapidement votre Wiimote. Il est impossible de faire totalement l'impasse sur ces missions car elles vous remportent du temps supplémentaire et surtout des points en grande quantité. Il est en effet indispensable de faire un certain score pour débloquer la sortie d'un niveau.
Les conditions pour venir à bout de chacun des dix quartiers de la ville ne sont pas pour autant difficiles à réunir. Il est ainsi possible de voir le bout de l'aventure en passant une dizaine d'heures de jeu. Les choses sérieuses commencent lorsque vous essayez de débloquer les deux niveaux bonus pour chaque quartier, d'effectuer toutes les missions et de repeindre tous les bâtiments. Grâce à un mode peinture libre, on peut aussi revenir dans les quartiers déjà visités pour le simple plaisir de les arroser de couleurs chatoyantes. Vous êtes sceptiques devant l'intérêt d'une telle fonction ? C'est tout simplement parce que nous n'avons pas encore abordé ce qui est certainement l'aspect le plus réussi du jeu : sa bande-son. En effet au début de chaque niveau, il est possible de choisir la musique de fond qui vous accompagnera. En plus de rythmer votre aventure, cette mélodie aura une influence sur les bruitages du jeu. Partez par exemple sur une base "funky" et des notes de saxophones résonnent à chaque fois que vous peignez un élément en rouge. Les couleurs que vous répandez ont ainsi chacune une identité musicale, mais ces bruitages ne sont pas pour autant incongrus, il s'agit toujours d'un nouvel élément sonore qui se fond parfaitement avec la mélodie. Vous l'aurez compris, de Blob est un excellent jeu, le seul véritable défaut que l'on pourrait lui trouver tient à la gestion des caméras. Vous aurez ainsi souvent besoin de modifier l'angle de vue par vous-même. On pourrait aussi reprocher au mode multijoueur de devenir rapidement confus. En effet sur un écran splitté et en l'absence d'indicateurs, il est souvent bien difficile de retrouver ses concurrents. Ces quelques bémols ne suffisent cependant pas à gâcher l'expérience colorée et rythmée que nous propose de Blob.
- Graphismes15/20
Les décors sont tout simples mais le fait de pouvoir les colorier à souhait leur apporte un beau supplément d'âme.
- Jouabilité14/20
On peut noter quelques petits problèmes de caméra qui vous obligeront à modifier par vous-même l'angle de vue. Le fait d'avoir peu de mouvements disponibles permet de proposer une maniabilité accessible même aux plus jeunes.
- Durée de vie16/20
Il est possible de traverser les dix quartiers au pas de course et de finir le jeu en une dizaine d'heures mais ce serait se priver de tout l'intérêt du titre et du plaisir de repeindre toute la ville en musique.
- Bande son18/20
Le fait que chaque couleur ait son identité musicale sans que cela ne vienne troubler la mélodie de base est une prouesse. On se pique ainsi rapidement au jeu en variant les tons simplement dans le but d'entendre tel ou tel instrument.
- Scénario16/20
Tout à la fois naïf et critique, le scénario du jeu est un savant mélange de références à l'oeuvre d'Orwell et de notes d'humour. La dictature monochromatique que combat de Blob rappelle en effet certaines pages sombres de l'histoire du XXème siècle.
De Blob propose une aventure tout à la fois colorée et musicale qui pourra plaire aussi bien aux adultes qu'aux plus jeunes. En alliant un gameplay accessible, un univers accrocheur et une bande-son particulièrement soignée, ce titre a toutes les chances de pousser les joueurs à prendre le pinceau de la révolte pour mettre un peu de couleurs dans leur vie.