Après nous avoir obligé à soutenir la cause des Chevaliers Jedi pendant trop longtemps, LucasArts nous pousse brutalement du côté obscur de la Force dans le camp du seigneur des Siths. Star Wars : le Pouvoir de la Force nous raconte en effet l'histoire et le destin d'un homme qui n'est autre que l'apprenti secret de Dark Vador, et dont le rôle est d'exterminer les derniers Jedi encore en vie. A présent que l'Empire a renversé l'Ancienne République, c'est toute la galaxie qui est plongée dans la terreur, et il était temps pour nous de changer de camp.

Star Wars : le Pouvoir de la Force nous offre donc l'opportunité de soutenir la cause des Siths en laissant de côté tout sentiment de justice et de pitié risquant de faire faiblir notre détermination au moment de porter le coup de grâce aux Chevaliers Jedi. Chaque mission se déroule ainsi d'une manière assez similaire et se termine systématiquement par un règlement de comptes farouche avec la personne que vous êtes chargé d'assassiner. A l'inverse des versions consoles de salon, cet opus DS surprend par la résistance peu nombreuse rencontrée dans les niveaux d'action. Bien que clairement orienté beat'em all, le jeu s'expédie d'autant plus facilement que l'adversité ne se bouscule jamais au portillon. Vient s'ajouter à cela une montée en puissance terrible du héros qui n'a franchement pas grand-chose à craindre de ses ennemis, y compris de la part des boss qui, pour la plupart, rendent l'âme en deux minutes à peine. Un compromis assez dommageable pour le soft en terme de difficulté puisque cela se répercute directement sur la durée de vie et le plaisir de jeu.

L'orientation choisie a donc l'inconvénient de rendre l'expérience de jeu trop facile, le challenge étant une notion totalement abstraite dans cette version DS. Armé de son unique sabre laser, l'apprenti hérite rapidement d'une panoplie de combos dévastatrice reposant sur un système d'icônes à activer simplement via l'écran tactile. Seuls les déplacements s'effectuent à l'aide de la croix directionnelle, tout le reste étant affecté au stylet. Efficaces jusqu'au bout de l'aventure pour peu que vous ayez la bonne idée de renforcer leur puissance, les enchaînements de base au sabre laser pourraient quasiment se suffire à eux-mêmes s'ils n'entraînaient pas une cruelle monotonie de gameplay. La présence des combos spéciaux est donc la bienvenue, même s'il n'est pas toujours évident de mémoriser l'ordre des icônes permettant de les déclencher. A titre d'exemple, la déflagration de force implique de relier rapidement les icônes de frappe, de saut et de frappe, moyennant une certaine quantité d'énergie qui se régénère continuellement lorsque vous ne recourrez pas à la force. Vers la fin du jeu, vous disposerez d'une bonne quinzaine de techniques de ce type-là qui vous permettront de faire le ménage autour de vous en un temps record.

En dehors des combos, le joueur peut se contenter d'activer les icônes d'action séparément pour faire léviter un objet instable, pour repousser un ennemi à distance, pour envoyer une décharge électrique ou encore pour utiliser son sabre comme un boomerang. Sans cette diversité d'actions, l'exploration des niveaux se révélerait désespérément creuse tant le level-design manque d'inspiration. Sans exagérer, le soft se résume à des parcours ultra linéaires où chaque interaction possible est mise clairement en évidence de façon à ce que vous fassiez obligatoirement ce que les développeurs ont prévu sans vous laisser la moindre possibilité d'improviser. Autant dire qu'entre cette linéarité navrante et le manque d'adversité constant, on traverse les niveaux d'autant plus rapidement. S'ils sont eux aussi trop faciles dans l'ensemble, les affrontements contre les boss font tout de même intervenir quelques nouvelles idées. A commencer par les chocs de sabres lasers qui vous demandent de scruter les mouvements de l'adversaire pour maintenir votre lame perpendiculaire à la sienne. Un exercice trop simple pour être réellement sympathique, mais qui permet d'augmenter un tout petit peu l'intensité des duels. Il arrivera également qu'on vous demande d'exécuter un ennemi coriace en réalisant une sorte de QTE à l'aide des icônes d'action, ce qui s'illustre par une chorégraphie mortelle totalement impossible à louper tant on vous laisse le temps de valider les commandes. Enfin, pour venir à bout des obstacles les plus imposants, l'apprenti sera parfois obligé d'aller chercher la Force au plus profond de lui-même, ce qui se traduira par une sorte de mini-jeu consistant à guider des orbes d'énergie dans un vortex pour le faire grossir le plus vite possible.

Entre chaque mission, l'apprenti retournera au Rogue Shadow, un vaisseau servant de point d'accès entre les différentes planètes, et offrant quelques services intéressants. En récupérant des cristaux rares, vous pourrez par exemple modifier la couleur de votre sabre laser ou simplement changer de tenue si vous en avez acquis de nouvelles. Selon l'avancée du scénario, vous pourrez aussi discuter avec les divers membres de votre équipage et décider de votre prochaine destination avant de passer en hyper-espace. Il vous sera également possible de répartir différemment les points utilisés pour booster vos capacités, une option à ne surtout pas négliger si vous voulez améliorer de façon radicale l'efficacité des talents de votre personnage, comme s'il n'était pas déjà assez surpuissant. En dépit de ces diverses possibilités, l'aventure solo est en grande partie gâchée par son caractère prévisible et son manque de difficulté. Les concepteurs ont tout de même pensé à rajouter dans la cartouche quelques possibilités de jeu en multi, pour des affrontements jusqu'à quatre joueurs sur des maps de type survie ou duel. Une initiative appréciable mais dont vous ne pourrez profiter que si vous disposez d'une cartouche par joueur. Tout ceci n'évite malheureusement pas à cette adaptation DS du dernier Star Wars de nous laisser un amer goût d'insatisfaction.