Cela faisait longtemps que nous n'avions pas croisé la route d'un petit Terrorist Takedown des familles. Proposé une nouvelle fois à un prix défiant toute concurrence, ce nouvel opus renoue vaillamment avec les joyeux travers de ses glorieux ancêtres et nous livre une aventure inédite, pleine de terroristes en mousse, de turbans, de clichés, mais également de dialogues acides, dignes d'un Pulp Fiction. Fiers guerriers des temps modernes, Terrorist Takedown est de retour, il n'est pas content et franchement, on le comprend.
Se coltiner un épisode de Terrorist Takedown, cela revient un peu à s'infliger l'un des sublimes nanars dont Chuck Norris et Steven Seagal ont le secret : c'est rigolo quelques minutes, si on ne l'a pas payé. Pour donner un petit peu plus de poids à cette comparaison fumeuse, jetons un oeil au scénario du monstre, un scénario de la trempe d'un épisode de Plus Belle La Vie, sans doute écrit sur le string d'une lilliputienne un soir de beuverie. Il y est donc question de soldats, balancés dans un pays moyen-oriental fictif pour y délivrer des otages et massacrer tout ce qui porte un turban, une ceinture d'explosifs, ou simplement une barbe. Voilà pour le pitch. Allons, ne soyons tout de même pas trop mauvaise langue et saluons l'effort de localisation de City Interactive : les US Navy Seals de la version d'origine ont effectivement fait place à des troufions français, membres de la "Brigade Spéciale". Brigade de quoi, on ne saura jamais, mais toujours est-il que de jolis écussons tricolores ornent les belles épaules de trois combattants que l'on suivra tout au long du jeu. Amis tueurs, veuillez donc accueillir le fougueux Pierre Bernelle (vous), le félin Jean et le grassouillet Philippe. Trois bonshommes qui, au cours de leurs pérégrinations, s'adresseront aux autochtones dans un anglais magnifique, suintant le cassoulet et le sauciflard. Sans ironie aucune, rien que pour ses dialogues, Terrorist Takedown 2 vaut franchement le détour.
Le vieux Pierre nous gratifiera ainsi de superbe "bouleshite !" ou de répliques d'anthologie, types "it iz opeune sizonne one youre ass". Tout simplement succulent. Le jeu réserve donc quelques généreuses surprises, involontaires certes, mais tellement plus efficaces que les pitoyables tentatives de rebondissements des scénaristes. Car très vite - attention au spoiler - on observera nos alliés initiaux nous cracher au visage par derrière et nos anciens ennemis nous tapoter dans le dos par devant. Dans le même registre, notez que les fameux otages, pour lesquels on se fait quand même trouer les miches rappelons-le, disparaîtront de votre vue, sans raison particulière, pour ne plus jamais revenir. Du coup, les deux trois civils effarouchés que l'on croisera sur notre route pourront être joyeusement descendus, sans qu'on soit pénalisé pour autant. Ne restera donc plus qu'à se débrancher le cerveau et à partir dégommer tout ce qui bouge dans des niveaux linéaires, jaunâtres ou grisâtres, selon l'environnement du moment. Les fans de la série peuvent donc être rassurés, Terrorist Takedown 2 conserve tout le charme des opus précédents. On profite une fois encore d'une plongée bon marché vers le néant, vers les abysses insondables de la médiocrité vidéoludique.
Tout cela, on le devra en grande partie à des scripts misérables, placés çà et là pour tenter de dynamiser une action qui sans être totalement molle, ne casse pas trois pattes à une endive non plus. Et tant qu'on est dans les endives justement, autant en profiter pour évoquer les ennemis et leur IA. Bon ben là encore, on va pas tergiverser pendant 107 ans, on se retrouve encore en pleine foire au pâté. On a bien droit à quelques contournements, à quelques tirs en aveugle et à quelques grenades balancées au petit bonheur la chance quand vous êtes trop statique, mais diantre, rien n'a vraiment été fait pour inculquer les fondamentaux à cette bande de potirons. Faudrait quand même leur apprendre à viser, à se cacher correctement et à prendre le réflexe de riposter quand un collègue se fait dessouder juste sous leurs yeux porcins. Et puis, pourquoi, franchement, pourquoi s'amuser à faire des roulades dans tous les sens pour au final, venir se planter au milieu de la rue, à découvert ? Et faudrait vraiment penser à leur dire que sauter par-dessus une même caisse cinq fois d'affilée, sans jamais se décider à avancer ou à reculer, ben ça fait quand même désordre.
Bref, ce Terrorist Takedown reste, comme ses congénères (sauf le premier qu'on qualifiera plutôt de rail-shooter), un FPS-navet. Un navet qui tente pour la première fois de donner dans le multijoueur, avec des modes ultra-classiques, et une dizaine de joueurs qui s'étripent vigoureusement sur trois ou quatre pauvres serveurs. Certains auront peut-être plaisir à essayer quelques minutes ce multi, qui fait tout simplement figure de révolution pour la série, mais qui n'en accuse pas moins quelques années (siècles ?) de retard sur la concurrence. Mais pour le commun des mortels, il faudra quand même faire preuve de beaucoup de tolérance et d'abnégation pour vous frotter à cette nouvelle sortie de la série Terrorist Takedown.
- Graphismes11/20
Soutenu par le moteur de F.E.A.R., Terrorist Takedown paraît un tout petit peu plus sexy que ses ancêtres. Dommage que la gestion de la physique, plus poussée que jamais, ne serve franchement à rien. Bousiller des vases et faire péter des vitres, c'est bien joli, mais ça reste tout de même très limité. Puis au final, quoi qu'on en dise, on navigue toujours dans le domaine du moche mal dégrossi. Néanmoins, observer un soldat décédé, le popotin vissé au mur ou à une porte, reste toujours aussi divertissant.
- Jouabilité7/20
Terrorist Takedown 2 est linéaire et bête à souhait. Trop facile, le titre nous oppose une IA au stade embryonnaire qui se perd dans un level-design d'un autre âge et sans aucune mise en scène un tant soit peu convaincante.
- Durée de vie6/20
Comptez entre 5 et 6 heures pour torcher le soft (si vous ne rencontrez pas de plantage). Le mode multi est tout ce qu'il y a de plus oubliable.
- Bande son11/20
Des thèmes sans âme, souvent kitch, qui ont tout de même le mérite de nous ramener à l'époque du premier Delta Force et du vigoureux Chuck. Les amateurs d'anglais parlé avec un accent franchouillard en seront pour une bonne poilade. En cela, Terrorist Takedown 2 se montre donc plutôt réaliste.
- Scénario6/20
Le scénario tient sur un timbre-poste, tente quelques malheureux rebondissements et accumule de fait tous les lieux-communs possibles et imaginables. Mais bon, on aura quand même la chance d'incarner la "Brigade Spéciale" et ça franchement, ça pète.
Avec une IA à faire pleurer de honte, un level-design sans envergure et un gameplay au ras des pâquerettes, on ne saura vous conseiller qu'une seule chose : passer votre chemin. Néanmoins, les personnes disposant de quelques euros en trop, animées de surcroît par le désir de découvrir un petit navet vidéoludique, auront peut-être plaisir à suivre les efforts de Philippe, Pierre et Jean. Bref, on associera volontiers Terrorist Takedown 2 aux sorties pelliculées de Chuck Norris : rigolotes tant qu'on ne paie pas pour les voir.