Pour évoquer un couple mal assorti, on parle "du mariage de la carpe et du lapin". En matière de jeu vidéo, c'est plus l'union du nounours et du zoziau qu'il faudrait évoquer. Et s'il s'agit effectivement d'une association inattendue, il faut reconnaître que le tandem Banjo et Kazzoie fait des étincelles et que leur série a su séduire en renouvelant le principe des jeux de plates-formes. Nous avons pu jeter un coup d'oeil en profondeur sur le prochain opus de leurs aventures qui, accessoirement, marquera un double événement : les dix ans de la licence et son premier volet à sortir sur console de salon depuis le rachat de Rare par Microsoft.
Débarrassons-nous sans attendre du scénario en forme de prétexte de ce Nuts & Bolts. Pour cela, il nous faut avant tout faire connaissance avec L.O.G., acronyme de "Lord Of Games" soit Le Seigneur des Jeux. Des jeux vidéo s'entend... Imaginez un vieux téléviseur à tube cathodique diffusant l'image verdâtre d'une partie de l'ancestral Pong. Maintenant, figurez-vous que ce poste de télé se déplace en lévitation et que quelqu'un, certainement dans un souci de style, lui a adjoint une magnifique cape de velours mauve bordée d'un galon d'or. Cet être en a assez des querelles à répétition qui opposent le binôme Banjo et Kazooie à leur ennemie jurée : Gruntilda. Pour en finir une bonne fois pour toutes, il va imposer au tandem différentes épreuves se déroulant dans le monde qu'il a créé. On retrouve le principe de zones à atteindre ou à déverrouiller en obtenant un certain nombre de clefs et des objets essentiels dans les endroits où l'on peut évoluer. Cette ballade assez peu linéaire s'appuie entre autres sur la mémoire du joueur. En effet, une fois qu'il aura obtenu les éléments indispensables pour progresser, il lui faudra se souvenir où il convient de les utiliser, à quel endroit il est resté à trépigner de rage en ne trouvant pas la solution pour mettre la main sur un objet ou un bonus qui lui aurait grandement facilité la vie.
Dans Nuts & Bolts, l'ingéniosité du joueur à trouver des solutions aux problèmes posés se concrétise dans la conception, la fabrication et l'utilisation de véhicules divers et variés. Sous la très haute autorité de Mumbo Jumbo, le sorcier vaudou, Banjo et Kazooie vont avoir accès à un atelier de mécanique où ils pourront apporter les pièces glanées dans les différents niveaux et les assembler afin d'obtenir des "voitures" aux capacités parfois étonnantes. Le meilleur exemple pour illustrer le principe général de ce prochain Banjo & Kazooie est une épreuve dans laquelle il faut faire tomber un maximum de dominos disposés verticalement et en cercles parallèles, en suivant les motifs d'une cible géante. De prime abord, le défi paraît simple. Il existe pourtant une restriction de taille : dès que le premier domino bougera, on perdra le contrôle du véhicule. Après avoir tenté de foncer dans les objets en dérapant une demi-seconde avant l'impact, il a fallu nous rendre à l'évidence : nous étions loin de faire tomber la majorité des quelques 140 dominos pourtant posés sur leur plus petit côté.
Prenant alors le pad en main, un des développeurs nous a apporté la solution. Tout d'abord, il fallait choisir un véhicule étrange en forme de croix horizontale doté d'un réacteur disposé verticalement au bout de chaque branche. Après un décollage vertical, on va poser ce délire mécanique dans la zone libre au centre des dominos, comme on le ferait aux commandes d'un hélicoptère. Bien entendu, c'est bien plus facile à écrire qu'à réussir et il faut faire preuve de doigté pour ne toucher aucun des monolithes. Une fois qu'on est posé, on sort le plan du véhicule pour le modifier. Le jeu permettra en effet qu'on se livre à des customisations sur le terrain, à condition de ne rien enlever ni ajouter au véhicule. Et c'est effectivement ce qui se passe ici puisqu'on se contente de modifier la position des réacteurs. Ainsi, ils se retrouvent au même endroit dans le véhicule ; toutefois, ils ne sont plus alignés verticalement mais horizontalement. Vous l'aurez compris, on vient de transformer notre hélico-jet en ventilateur au souffle dévastateur. Précisons également qu'il est muni d'un système d'autodestruction qui aura son rôle à jouer par la suite. Dès la mise en route des réacteurs, le véhicule tourne sur lui-même et balaie comme une tornade les rangées de dominos qui tombent en cascade. Et pour les quelques récalcitrants qui parviennent à rester en équilibre, il suffit de mettre en route le système d'autodestruction pour que le souffle de l'explosion les fasse tomber à leur tour. Radical, encore fallait-il y penser...
De notre premier essai en profondeur du jeu, il ressort que ce Banjo & Kazooie va proposer un contenu vraiment pléthorique en solo. L'aventure nous a paru démesurée et, à vue de truffe, il faudra des dizaines d'heures pour venir à bout de toutes les épreuves que L.O.G. réserve à nos deux héros. Et ce n'est pas tout. En effet, le multi n'est pas en reste, loin de là. Danc ce mode aussi, le maître mot sera "le bon véhicule pour le bon usage". Comprenez qu'on changera de bolide en fonction du principe de la partie qui se préparera. Par exemple, il sera important de prendre les commandes d'un engin capable de pousser et de maintenir un minimum un gigantesque ballon de foot lors de la version mécanique d'un match de ce sport. Mais il vaudra mieux compter sur de puissants ressorts montés à l'avant pour éjecter ses adversaires de la zone de combat si on entame une échauffourée de sumos. Seront également proposées des parties de sauts en longueur (ressorts montés sous le châssis impératifs...) ou encore une version intéressante du jeu consistant à transporter un oeuf posé dans une cuillère qu'on tient dans sa bouche.
Pour cela, il faut choisir un véhicule disposant d'un plateau afin d'y poser un oeuf géant et, surtout, se méfier de la justesse du moteur physique, Havok pour ne pas le nommer. Au moindre cassis sur le parcours, la fragile cargaison valdingue par-dessus les bords du plateau. Non seulement elle risque de se casser mais, en plus, on doit alors perdre du temps pour descendre du véhicule et remettre l'oeuf en place avant de repartir. Et pour peu que cet incident survienne sur une partie inclinée de la carte, on se retrouve vite à courir bêtement après son oeuf, ajoutant ainsi à la somme de temps perdu. Mais ce genre d'inconvénient rend les parties multijoueurs totalement survoltées et particulièrement drôles. On peut donc attendre avec impatience ce prochain Banjo & Kazooie car il a de toute évidence énormément de choses à offrir.