Les fans de hack'n slash commençaient à désespérer. Depuis des années, ils n'avaient presque rien à se mettre sous la dent. On pouvait les voir errer par certaines nuits claires, hagards, tels des zombies. Au bout du rouleau, ils finissaient par réinstaller Diablo II à nouveau, arpentant encore et toujours les mêmes niveaux en tuant des démons par centaines pour tromper l'ennui. Puis, un beau jour de juin 2008, Il est enfin arrivé sur Terre, le messie, annoncé par la voix de son prophète Blizzard. Diablo III existe bel et bien, il prend forme, il mûrit, dorloté comme il se doit dans les forges du développeur de légende. Et même si le temps n'est pas encore venu pour nous de poser nos petites mains avides sur la bête, un petit résumé de ce qui nous attend n'est sans doute pas de trop.
Depuis la sortie de Diablo II, plus de huit années se sont déjà écoulées. Mais dans le monde de Sanctuaire, le temps semble passer plus vite, car le troisième opus se déroule vingt années après les événements de Lord of Destruction. Depuis que les démons primordiaux Méphisto, Baal et Diablo ont été vaincus, un semblant de paix est revenu. La plupart des gens ont même oublié cette période troublée, et beaucoup considèrent les récits de ces temps glorieux comme de simples légendes, tout juste bonnes à effrayer les enfants qui refusent de manger leur soupe. Pourtant, le Mal existe toujours et n'est pas si endormi qu'on pourrait le croire. Les puissances infernales grandissent chaque jour et s'apprêtent à déferler de nouveau sur le monde des mortels pour leur plus grand malheur. Et heureusement pour nous autres joueurs finalement, puisque cela va nous permettre d'enfiler une fois de plus l'armure rutilante d'un héros pour sauver Sanctuaire de la destruction.
Le premier de ces valeureux héros est le barbare, une classe déjà bien connue des amateurs de la série. Bien sûr, il a subi un léger lifting et se trouve donc plus couturé de cicatrices que jamais. Mais de ce qu'on a pu en voir pour l'instant, il se joue sensiblement comme dans Diablo II. Les bourrins en herbe retrouveront donc avec joie des compétences tout en finesse comme le tourbillon, qui transforme le barbare en une véritable tornade de lames affûtées, prêtes à démembrer le premier homme-bouc qui osera s'approcher. Le terrible cri de guerre est également de retour, ainsi que le traditionnel saut dans le tas, qui a pour effet de repousser les ennemis. Blizzard ne s'est cependant pas contenté de reproduire le barbare à l'identique et lui a octroyé de nouvelles capacités, comme la broderie au point de croix à l'épée à deux mains. Le puissant guerrier au torse musculeux se voit doté de deux frappes au sol : choc terrestre et volée sismique. La première attaque permet d'étourdir les monstres situés alentour, et même de faire tomber leur bouclier, très pratique face à une armée de squelettes. La seconde les fera carrément tomber en leur infligeant pas mal de dégâts au passage. Bref, vous l'aurez compris, on a affaire à une sorte de bulldozer médiéval, un John Rambo des temps anciens.
L'autre classe de personnage présentée par Blizzard, inédite et beaucoup plus subtile à jouer, est le sorcier-docteur, qui ne manquera pas d'éveiller la curiosité des fans du Nécromancien. Appartenant aux Umbarus, une race peuplant les jungles de Torajan, le sorcier-docteur est spécialisé dans la pyrotechnie, l'invocation de bestioles diverses et d'autres joyeusetés que nous allons voir en détail. Le premier de ces pouvoirs, c'est la bombe incendiaire, qui se passe de commentaire, son nom étant déjà suffisamment explicite. On trouve ensuite la nuée de sauterelles qui, telle une plaie d'Egypte s'abattant sur le pharaon, dévore tout ce qui se trouve devant elle avec un appétit insatiable. Toujours dans le rayon des invocations, on pourra aussi compter sur les chiens, assez impressionnants à voir en action. Et si l'un d'entre eux est proche de la fin, il est possible de le faire exploser au milieu des ennemis, c'est toujours mieux que de le laisser mourir bêtement ! Encore plus fort, les chiens peuvent être combinés avec les autres pouvoirs : le sorcier-docteur est capable de les enflammer avec la bombe incendiaire, ou de les infecter avec les sauterelles, pour des combos toujours plus dévastateurs. Enfin, ce personnage possède quelques capacités de protection, ce qui est toujours bienvenu lorsqu'on se promène vêtu d'un simple pagne et d'une coiffe en plumes... Le mur de zombies offre un bon écran, tandis que la compétence "horrifier" repousse les ennemis environnants avec presque autant d'efficacité qu'un single de Lorie.
Trois autres classes sont également prévues, mais elles n'ont pas encore été dévoilées par Blizzard. En revanche, on sait déjà qu'elles seront toutes jouables sous les traits d'un homme ou d'une femme, une petite révolution dans la série. Il faut dire que si Diablo III reste la suite directe de ses ancêtres, et qu'on y retrouve donc beaucoup d'éléments communs (comme la célèbre cathédrale de Tristram), le jeu marque un bond technologique considérable. Blizzard évoque également la possibilité, encore marquée par de nombreux doutes, de faire revenir certaines anciennes classes de personnage par le biais d'extensions. Ceux qui désespéraient de ne pas pouvoir retrouver leur amour de jeunesse peuvent donc se permettre de rêver. Sachez en outre que le moteur 3D employé est au moins aussi impressionnant que celui de Titan Quest, qui avait fait son petit effet en son temps. Diablo III profite surtout de l'intégration du moteur physique Havok, et il n'est pas là que pour faire joli. Le bougre a vraiment un impact sur le gameplay, les environnements destructibles pouvant être utilisés pour mettre à mort les hordes d'ennemis (déjà plus très vivants à la base pour la plupart, mais là n'est pas la question). D'un point de vue purement artistique, l'aspect visuel du jeu a déjà fait couler beaucoup d'encre, certains jugeant le design trop proche du style cartoon de World of Warcraft. C'est discutable, Diablo III conservant tout de même la patte sombre et gothique qui a fait le succès de son univers dark fantasy. Et si les couleurs apparaissent légèrement plus claires que dans les épisodes précédents, elles permettent finalement de jouer plus habilement des contrastes, sans que la nature fondamentalement obscure d'un Diablo n'en soit véritablement altérée.
On apprend en outre que les créatures qu'on rencontrera seront nettement plus variées que par le passé. Une fois découpées, ces dernières lâcheront généralement des orbes de vie qu'il faudra ensuite absorber afin de se refaire une santé. C'est par ce biais que Blizzard entend mettre fin à la tactique de base qui consistait à fuir un combat pour se gaver de potions de soin, et ainsi repartir à l'assaut avec la fraîcheur d'un jeune jouvenceau. Si certains joueurs s'imaginent sans doute que le jeu en deviendra presque totalement injouable car trop difficile, c'est qu'ils ne connaissent pas le génie de Blizzard lorsqu'il s'agit d'équilibrer un jeu, d'en tailler le gameplay jusqu'à frôler la perfection. Ainsi, les créatures qu'il conviendra de vaporiser seront probablement moins puissantes que celles des deux premiers jeux. En contrepartie, elles disposeront d'attaques spéciales, posséderont par exemple la faculté de ralentir le joueur, et devront donc être abordées intelligemment. Pour autant, il n'est pas question de ranger les bonnes vieilles potions des familles dans l'armoire de mémé. Vous pourrez toujours en dénicher dans le monde de Sanctuaire, mais elles se feront bien plus rares qu'auparavant. Quoi qu'il en soit, la somme de ces petits changements et autres nouveautés préfigure tout de même la venue d'un excellent action-RPG. Le digne successeur de ses aînés, tout simplement. Ne nous reste plus qu'à attendre patiemment d'en apprendre plus sur le multi, les quêtes spécifiques à chaque classe et bien d'autres éléments sur lesquels Blizzard communiquera en temps voulu. Quant à une éventuelle date de sortie, comme toujours avec Blizzard, c'est le grand flou. On pourra néanmoins tenter une vague conjecture, puisque la plupart des jeux du développeur ont fini par débarquer dans les rayons environ un an et demi après leur annonce...