En 2004, Sony nous sort son propre survival-horror du nom de Forbidden Siren. Désireux de s'accaparer une part du gâteau détenu par Konami et Capcom, la firme nous offre une véritable variation sur le thème de l'horreur vidéoludique via quelques idées de gameplay tout simplement diaboliques. Après un deuxième épisode lui aussi fort réussi ainsi qu'un film sorti en 2006, la franchise nous revient dans un épisode plus ou moins original puisque se déroulant à nouveau dans le village d'Hanuda.
En premier lieu, il convient de remettre les pendules à l'heure. Si Blood Curse a beaucoup fait parler de lui, c'est en grande partie à cause de son mode de distribution. En effet, à l'heure actuelle, on peut uniquement le trouver sur le Playstation Store en version complète ou scindé en plusieurs packs d'épisodes. Au final, la première solution est à envisager puisque vous pourrez récupérer le titre pour la somme de 29.99 euros. Cependant, avouons que cette façon de faire a le désavantage de nous demander de télécharger chacun des 12 chapitres de l'aventure puis de les installer sur le disque dur. Cependant, si l'énorme lourdeur inhérente à ce mode de distribution ne vous rebute pas, sachez que vous aurez droit néanmoins à un excellent divertissement dans la lignée de ses aînés. Notez tout de même qu'une version packagée devrait être disponible à la fin de l'année en Europe et qu'elle bénéficiera de contenus bonus. Malheureusement, comme aucun prix n'a été avancé, je ne peux vous dire d'opter pour telle ou telle version. Quoi qu'il en soit, plongeons dans les ténèbres afin de faire la lumière sur les événements étranges qui s'y passent.
Comme je le disais plus avant, le synopsis de ce Blood Curse a le mérite d'innover en reprenant la plupart des éléments de ses grands frères. De fait, si le tout renvoie à la vague de remakes US de films d'horreur asiatiques de ces dix dernières années grâce à un groupe d'Américains débarquant sur l'île maudite, cette occidentalisation n'est en rien préjudiciable à l'ambiance. Néanmoins, le plus important est conservé et on retrouve avec délice nos Shibitos toujours aussi décharnés et promptes à nous éviscérer. La construction, elle, est plus linéaire qu'auparavant et si on devra encore passer d'un personnage à l'autre en fonction des chapitres, nous n'avons plus affaire à cet enchevêtrement de scénarios. Ceci s'explique par le fait que le titre a tout d'abord été pensé comme une sorte de feuilleton à suivre de façon régulière sur plusieurs semaines avec tout ce que ça implique de découpage télévisuel, de teasing de chapitre final nous annonçant les grandes lignes du suivant, etc. En somme, un épisode, contenant plusieurs chapitres eux-mêmes composés de missions, vous demandera en moyenne entre 20 et 40 minutes pour être bouclé. On notera à ce sujet qu'il est désormais possible de choisir son niveau de difficulté (normal ou facile), ceci nous évitant de trop nous fracasser la tête contre un mur.
Du coup, l'esprit éclairé se dira que la durée de vie ne doit pas excéder sept, huit heures environ en prenant son temps. Et l'esprit éclairé aura raison sauf que ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il y a pléthore d'objets à récupérer. Pourquoi donc ? Eh bien, pour en avoir un petit descriptif via un glossaire regroupant les armes et autres items importants qui nous en apprennent un peu plus sur la situation actuelle. Sachant que certains objets sont difficiles à trouver ou vous demanderont un minimum de jugeote pour être accessibles, vous pourrez à loisir prendre votre temps afin d'éviter de traverser les niveaux comme un fantôme. Toutefois, on regrettera quand même qu'il soit impossible de porter plus d'une arme à la fois. Cependant, il est permis à certains personnages de récupérer des outils particuliers (piège à ours, fusée de détresse) puis de les utiliser en passant par la croix de direction. C'est d'ailleurs cette dernière qui vous servira aussi à crier, pour attirer vos ennemis, ou à donner des ordres sommaires aux jeunes demoiselles en détresse qui vous accompagneront par moments.
Pour en finir avec le gameplay de cet opus, signalons que nous avons ici aussi le pouvoir de pénétrer l'esprit des Shibitos pour savoir où ils se trouvent ou s'ils nous ont dans leur champ de vision. Si cela est pratique pour éviter des combats fastidieux, ce pouvoir s'avère vital en fonction des héros. En effet, bien que la plupart des personnages puissent se défendre, vous devrez à un moment incarner une fillette coincée dans un hôpital dont elle devra sortir sans être vue une seule fois. Frissons garantis. Pour user de ce pouvoir, rien de plus simple vu qu'il vous suffira d'une pression sur le bouton L2 pour vous concentrer puis d'appuyer sur L1 pour scanner votre entourage afin de posséder un ennemi. Ensuite, vous aurez le choix d'opter pour un split-screen afin d'avancer tout en voyant par les yeux du Shibito possédé ou simplement de continuer votre route en utilisant à nouveau les touches mentionnées plus haut pour connaître la position des malandrins dégoulinants. Si l'idée est originale, elle ne masque en rien d'énormes problèmes de caméra qui nous empêchent constamment d'avoir une vision précise de ce qui se déroule autour de nous. D'autant plus vrai que la plupart des chapitres se déroulent de nuit ou dans des endroits parfois confinés. Dommage que Sony n'ait pas résolu ce souci qui faisait déjà partie intégrante des deux précédents volets. En revanche, les actions contextuelles, limitant notre liberté de mouvements, sont synonymes de jouabilité plus souple, à l'instar de la carte nous renseignant sur les objectifs à accomplir. En revanche, la map à l'intérieur des bâtiments est loin d'être un modèle de visibilité et vous demandera un petit temps d'adaptation avant d'être utilisée de façon optimale.
En conclusion, si Siren : Blood Curse n'est pas dispensé de défauts, il semble inconcevable de passer à côté de ce survival pour qui possède une PS3. A l'aide d'un excellent rapport qualité/prix, le soft se pose comme un très bon divertissement ne faisant que peu de concessions en matière de violence. On saluera à ce titre l'ambiance sonore de haute volée, le graphisme agréable ainsi que de surprenantes animations dont le réalisme accentue encore un peu plus l'immersion. De plus, le concept d'incarner nombre de protagonistes au sein d'une même aventure permet de relancer la machine qui n'évite tout de même pas le piège des allers-retours. Néanmoins, ce n'est pas une véritable tare en soi tout comme le fait que le scénario semble parfois décousu ou expédié, cette impression étant renforcée par la segmentation en chapitres. Mais qu'importe, cette nouvelle incursion dans un Japon balayé par des flots de malédiction ne se refuse pas et si vous avez assez de cran pour allumer votre lampe-torche pour voir ce qui se déhanche à quelques mètres de là, vous ne regretterez pas votre élan de courage. Amen.
- Graphismes15/20
Bien qu'on ne puisse pas dire que le jeu mette les capacités de la PS3 au pied du mur, le graphisme de Blood Curse est de bonne facture. Les animations sont très convaincantes, tout comme la modélisation des personnages. En revanche, on regrette que le titre baigne souvent dans des teintes trop sombres en nous empêchant de profiter du travail des artistes de Sony.
- Jouabilité13/20
Loin d'être optimale, la jouabilité a le mérite de profiter des acquis de ses aînés. Si on ne peut toujours pas porter plus d'une arme à la fois, la croix de direction est utilisée à bon escient en nous permettant d'utiliser plusieurs objets ou de donner des ordres en fonction des personnages. Malheureusement, si on peut opter pour deux angles de caméra, ceci ne résout pas complètement les soucis de visibilité. Il faut aussi se faire au split-screen lié à notre don de possession. Néanmoins, rien ne nous oblige à user de cet artifice pour voir continuellement par les yeux des Shibitos.
- Durée de vie12/20
En mode normal, entre huit et neuf heures vous seront nécessaires pour voir le bout de l'aventure. Moins élitiste que Forbidden Siren 1 & 2, Blood Curse nous offre néanmoins moult items à découvrir pour qui serait désireux de connaître les tenants et les aboutissants des événements narrés.
- Bande son15/20
Le doublage japonais et anglais, qui cohabitent, sont d'un très bon niveau tout comme l'ambiance musicale privilégiant, à l'instar de Silent Hill, les atmosphères musicales aux véritables morceaux.
- Scénario13/20
Le scénario tarde à se mettre en place et paraît un peu trop découpé à cause de la segmentation en épisodes qui dessert finalement le jeu dans sa version complète. Pourtant, le jeu est suffisamment intelligent et dynamique pour nous donner envie de connaître le fin mot de l'histoire.
Blood Curse fait fort pour un petit prix de 30 euros. Sans révolutionner la série et devant cohabiter avec plusieurs soucis de gameplay, sa réalisation et son intérêt ne s'étiolent nullement à mesure qu'on avance. Plus accessible que ses ancêtres, aussi sanglante et parfois vraiment flippante, cette nouvelle itération de Siren dérange autant qu'elle séduit.