Un simple coup d'oeil sur la jaquette de Super Hind suffit à remettre en mémoire les parties de Choplifter sur borne d'arcade et les épisodes de Supercopter diffusés sur La Cinq. Sans oublier Desert Strike, qui est justement la source d'inspiration de ce nouveau jeu d'hélicoptère. Hélas, malgré une réalisation agréable et une prise en main aisée, Super Hind est loin d'égaler cet illustre prédécesseur.
Certains titres témoignent d'un véritable fossé entre les ambitions affichées par leurs développeurs et le résultat final. Prenez ce Super Hind par exemple : le but avoué du studio Mountain Sheep était d'aboutir à un jeu aussi fun que pouvait l'être Desert Strike en son temps. Comme dans son modèle, le joueur y contrôle un hélico qui vole à hauteur et à vitesse fixes et ne peut jamais se crasher : cela lui permet de se concentrer à 100 % sur l'action, constituée d'une série de combats. Hélas, c'est là l'un des rares points communs que Super Hind partage avec Desert Strike. Pour le reste, c'est un titre à l'action ultra-répétitive qui devient très vite lassant.
Le scénario du jeu semble tout droit sorti d'un carton de Michael Bay. Il y a vingt ans, l'effondrement simultané des gouvernements chinois, américain et russe laisse le champ libre au Consortium, un collectif industriel privé qui en profite pour prendre la situation en main. Instaurant la loi martiale pour assurer le maintien de l'ordre et considérant comme rebelles les pays qui refusent de le rejoindre, le Consortium assoit également son autorité en développant une nouvelle génération d'armement. C'est ainsi que naît le Super Hind MI-45D, un hélicoptère de haute technologie dont on confie le pilotage au meilleur dans sa discipline : Dante Griffin. Le joueur prend le contrôle de Dante, qui passe les premières missions à appliquer aveuglément les ordres de ses supérieurs. Mais certains événements vont par la suite l'amener à douter du bien-fondé de la croisade du Consortium contre les rebelles. Sans rien dévoiler de plus, disons que l'histoire, qui fait intervenir un nombre non négligeable de personnages durant et entre les missions, se suit sans trop de déplaisir. On a même droit aux inénarrables répliques typiques des actionners américains, du style : "Ils ont commis l'erreur de vous laisser une chance, et c'était suffisant" ou bien encore "Soyez une machine à tuer, propre et efficace". A apprécier au second degré évidemment !
D'entrée de jeu, Super Hind fait valoir un atout d'importance : sa prise en main enfantine, qui permet au joueur de s'amuser immédiatement en s'épargnant une fastidieuse phase d'apprentissage. Le stick analogique de la PSP permet de déplacer l'hélicoptère dans les environnements en trois dimensions, tandis que les quatre boutons servent à cibler et à arroser les unités ennemies avec les mitrailleuses, les roquettes ou les missiles. Il est également possible de déplacer l'hélico latéralement à droite et à gauche en utilisant les gâchettes, manoeuvre qui peut parfois s'avérer bien utile. La jouabilité simple, accessible et efficace confère donc à Super Hind une dimension arcade plaisante. Le problème, c'est qu'elle est au service d'un gameplay basique qui ne s'étoffe jamais au fur et à mesure de l'avancée dans le jeu. Le joueur intègre vite la méthode la plus efficace pour abattre les appareils adverses : fondre sur la cible, tirer, se dégager pour éviter la réplique et revenir. Et comme le type d'opposition ne varie pas (les différentes unités terrestres, aériennes et navales restent désespérément les mêmes tout au long du jeu), un gros sentiment de redondance finit par s'installer. Les développeurs ont bien tenté d'intégrer une localisation des dégâts pour enrichir le gameplay (les appareils ennemis ont des failles qu'il est possible d'exploiter), mais son influence sur les affrontements reste anecdotique.
Il est particulièrement regrettable que la prétendue variété des missions proposées par Super Hind (destruction d'objectifs, défense, escorte...) ne soit que poudre aux yeux étant donné qu'elles consistent inéluctablement à tirer sur tout ce qui bouge. Dans le même esprit, les environnements ouverts ne sont qu'un leurre vu le déroulement extrêmement linéaire des niveaux : les objectifs successifs sont assignés au cours même des missions et matérialisés par un indicateur qu'il suffit de suivre pour se rendre sur le lieu du prochain combat. Rien à voir avec un Desert Strike où l'on pouvait remplir les objectifs dans l'ordre souhaité. Autre différence avec ce fameux modèle : les environnements de jeu ont beau être fins et bénéficier d'une excellente gestion de la lumière, ils sont en contrepartie peu détaillés et désespérément vides. Ils affichent toujours la même combinaison de plaines, de montagnes et de mers à perte de vue ; ils sont souvent dénués de tout bâtiment et ne proposent aucun élément de décor destructible. Sur ce dernier point, Super Hind est dépourvu d'un aspect qui faisait la force de la série des Strike. Le joueur n'a donc à se soucier que des unités adverses. Heureusement, celles-ci sont bien modélisées et on ne déplore aucun ralentissement à l'écran quand elles sont en nombre. Notons pour finir que le jeu n'est pas particulièrement difficile : l'hélicoptère dispose d'une jauge d'énergie qui remonte dès qu'il n'est plus sous le feu, et la présence de sauvegardes automatiques avant chaque combat permet au joueur de ne pas tout recommencer.
- Graphismes13/20
Super Hind offre des graphismes agréables à l'oeil, qui ont le bon goût d'afficher un aliasing peu prononcé. Hélas, les environnements vides et peu fournis desservent le rendu visuel.
- Jouabilité12/20
La jouabilité, simple et accessible, est quasi-irréprochable. On aurait pourtant apprécié que le gameplay basique s'étoffe un peu plus au fil des niveaux.
- Durée de vie8/20
La possibilité de débloquer de nouveaux hélicoptères n'ayant aucune influence sur le gameplay, on se lasse vite de la succession de missions proposées, qui se ressemblent toutes.
- Bande son10/20
Les thèmes musicaux très militaires sont bien dans le ton mais il faut baisser quelque peu leur volume pour espérer distinguer les bruitages, qui manquent d'impact.
- Scénario9/20
Dans la veine des superproductions américaines, le scénario ne casse pas des briques mais propose un retournement de situation sympathique. Les missions, par contre, sont inintéressantes.
En dépit de sa prise en main aisée et de sa réalisation plus que correcte, Super Hind souffre d'un gameplay qui se renouvelle trop peu et de missions inintéressantes qui conduiront le joueur à jeter rapidement l'éponge. Il faudra donc attendre encore pour voir enfin débouler un digne successeur de Desert Strike.