Comme nous le redoutions l'an passé, Anuman a finalement décidé de publier un second épisode de Prison Tycoon. Et force est de constater que le résultat est bien à la mesure de nos angoisses...
A l'instar de Beer Tycoon, paru à la même époque, Prison Tycoon figure en bonne place au panthéon des pires jeux de gestion jamais parus sur PC. Pourtant, les développeurs de Virtual Playground se sont remis au boulot illico pour nous pondre au plus vite une suite à ce chef-d'oeuvre de mauvais goût vidéoludique. Difficile de comprendre les raisons qui les ont poussés à reprendre le concept ultra-limité et complètement bancal du premier volet. Toujours est-il que Prison Tycoon 2 est quasiment en tous points semblable à son aîné. Mis à part l'ajout de statistiques dans les fiches des personnages et la possibilité de donner des ordres aux employés ou aux détenus, il n'y a pratiquement rien de nouveau à se mettre sous la dent.
On se retrouve donc à nouveau avec un jeu de gestion mal équilibré et piètrement réalisé. Le mode Libre commence comme d'habitude par la construction d'un établissement pénitentiaire. Alors que quelques bâtiments ont fait leur apparition depuis le premier opus, on constate avec étonnement que notre capital initial ne permet pas d'acheter l'intégralité des locaux et fournitures dont on a besoin. Il est donc nécessaire de faire des concessions absurdes comme se passer des bureaux administratifs ou de l'infirmerie. On est toujours à temps de les construire plus tard me direz-vous. Oui mais voilà, il est tellement difficile de gagner de l'argent au début de la partie que l'on doit finalement s'en passer durant un bon moment. Or, la plupart du temps, cette attente nous est tout simplement fatale. En effet, si par malheur notre trésorerie vient à tomber à 0, le soft nous gratifie immédiatement d'un splendide "game over". Une manière bien particulière de résoudre le problème des déficits publics ! Je vous laisse imaginer la frustration que l'on ressent quand la prison qu'on a édifiée pierre par pierre fond les plombs bêtement au bout de dix minutes.
Si tant est qu'on survive assez longtemps pour pouvoir jouer, on tente alors d'assurer la "gestion" de notre établissement. Outre le développement des infrastructures, les déplacements des personnages et la validation des remises de peine, on peut à présent assigner des ordres aux résidents et au personnel. Quoique loin d'être révolutionnaire, l'idée était louable. Seulement il ne faut pas beaucoup de temps pour s'apercevoir que les consignes données ne sont pas systématiquement respectées par les individus. On passera donc son temps à dispatcher manuellement la population en pestant contre l'indigence de l'intelligence artificielle. De toute façon, il n'y a pratiquement rien d'autre à faire dans Prison Tycoon 2. De temps en temps, une bagarre éclate, ce qui a pour effet de déclencher une succession de bruitages pénibles. Parfois, un résident tombe malade tandis qu'un autre se fait la belle mais globalement les événements sont ultra-répétitifs et la lenteur des parties ne fait qu'ajouter à notre ennui. En cherchant bien, la seule innovation positive de Prison Tycoon 2 repose finalement dans l'affichage des jauges qui nous permettent d'anticiper les besoins des personnages. En un coup d'oeil, on se figure immédiatement ce qui ne va pas chez untel ou untel. Cela dit, lorsque la population carcérale monte à plusieurs dizaines de prisonniers, il est impossible de surveiller tout le monde.
Pour ceux qui aiment mener à bien des missions, un mode Défi est disponible. Surprise de taille : les consignes en français ne rentrent pas toujours dans l'écran ! Second choc : les missions rivalisent de mauvais goût. Ici, on doit empêcher les gardiens de trop tabasser les détenus. Là, il faut éviter que la population ne succombe en masse aux maladies. On joue à Prison Tycoon ou à "Goulag Tycoon", là ? On se demande parfois si les développeurs n'ont pas confondu les établissements pénitentiaires du XXIème siècle avec les pires camps de concentration des grandes dictatures. Qu'importe, certains de ces défis sont de toute façon si mal pensés qu'à moins de mettre le jeu en pause immédiatement on perd la partie en moins de vingt secondes. C'est du vécu ! Décidément, Prison Tycoon est une véritable calamité, truffée de bugs, malsaine et moche.
- Graphismes4/20
Les graphismes sont une nouvelle fois pathétiques. Les bâtiments sont affreux et les personnages ridicules. La caméra, héritée du premier opus, est toujours aussi crispante. Comble de l'exaspération, les briefings de missions sont incomplets.
- Jouabilité3/20
Malgré les efforts des développeurs pour renforcer l'interactivité du concept, Prison Tycoon 2 demeure aussi ennuyeux que son prédécesseur. La progression est lente, mal équilibrée, et les game over surviennent n'importe quand.
- Durée de vie5/20
Dès les premières parties, une féroce envie de faire fondre le DVD avec un chalumeau s'impose à nous inexorablement. Pour tester notre résistance psychique, on peut toujours essayer de remplir la quinzaine de missions ou de bâtir une prison dans l'un des trois environnements disponibles, mais gare à la crise de nerfs.
- Bande son2/20
Le thème ressemble furieusement à celui du premier épisode. En plus, il plante régulièrement. Les bruitages et les voix sont ignobles.
- Scénario/
Les scénarios sont irréalistes, violents, répétitifs et déséquilibrés.
Comment imaginer une seule seconde qu'un développeur puisse baser une série de jeux de gestion sur un concept aussi limité et malsain que celui de Prison Tycoon ? Quand on sait qu'un troisième opus existe actuellement en version anglaise téléchargeable, on prie pour qu'il ne soit jamais distribué chez nous.