Lorsque l'on veut développer un titre à fort potentiel de vente sur DS, on n'a que l'embarras du choix : party-game, jeu animalier, quiz... Les genres porteurs ne manquent pas. Animal Genius, lui, mange un peu à tous les râteliers afin d'optimiser ses chances : quiz animalier agrémenté de mini-jeux, il mise sur sa belle jaquette pour appâter l'utilisateur non averti. Une technique de chasse comme une autre.
Bien que cela ne soit mentionné nulle part sur la boîte, Animal Genius a été conçu à l'intention des plus jeunes joueurs. L'extrême simplicité des épreuves en témoigne, tout comme la présence des voix insupportables de niaiserie qui commentent les performances de l'utilisateur. On essaiera donc de tenir compte du public visé et de se montrer indulgent envers l'aspect basique et limité des épreuves proposées, tout en regrettant qu'Animal Genius fasse partie de ces jeux qui prennent les enfants pour des demeurés.
Après avoir rentré son pseudo, le jeune utilisateur doit sélectionner un des cinq milieux de vie proposés : jungle, Arctique, forêt, océan et savane. Chacun de ces environnements, vide au commencement, est matérialisé par une photo en haute résolution. L'objectif est de participer à des épreuves pour débloquer des animaux qui viendront alors le peupler. Par exemple, si vous sélectionnez la jungle, vous aurez la possibilité de débloquer le singe, le perroquet, le serpent, la grenouille arboricole et le jaguar. Le principe est le suivant : chacun de ces animaux coûte un certain nombre de points, et les points en question s'obtiennent en participant à une des quatre épreuves proposées par le jeu. Oui, quatre épreuves seulement auxquelles il faut prendre part encore et encore pour espérer débloquer l'ensemble des animaux. Sachant que le dernier de chaque zone coûte la bagatelle de 200 points et qu'une épreuve réussie octroie en moyenne une dizaine de points, on vous laisse imaginer le caractère extrêmement répétitif de Animal Genius, qui finira par lasser même les jeunes joueurs s'y adonnant de façon occasionnelle.
Considérons à présent les épreuves en elles-mêmes, qui se révèlent d'un intérêt inégal. Les deux plus intéressantes, car instructives pour les enfants, sont Pêle-Mêle et Zoologue. La première consiste à associer chaque animal à son trait caractéristique (pelage, partie du corps, régime alimentaire, mode de reproduction...). Il suffit de toucher l'animal voulu à l'aide du stylet et de le faire glisser vers le trait correspondant. Dans la seconde, il faut toucher, parmi une série d'animaux qui apparaissent à tour de rôle, ceux qui correspondent à la caractéristique énoncée sur l'écran supérieur (exemple : "Trouve les animaux à fourrure"). Les deux autres épreuves proposées sont plus anecdotiques : Animal Mystère consiste à gratter l'écran tactile à l'aide du stylet pour dévoiler une partie de la photo d'un animal, puis à essayer d'identifier ce dernier. Laby Gourmand est un mini-jeu dans lequel on incarne au choix une moufette, un lion, un poisson-clown ou un caméléon, évoluant au travers de petits labyrinthes. L'objectif est de récupérer de la nourriture tout en échappant à ses prédateurs naturels, avec utilisation possible d'un "super-pouvoir" (l'odeur pestilentielle de la moufette, par exemple). L'épreuve serait amusante si elle ne souffrait pas d'une réalisation atroce.
Une fois que l'enfant a glané, au fil de ces épreuves, suffisamment de points pour débloquer un animal, il est invité à participer à une sorte d'examen final qui prend la forme d'un petit quiz. Tout en répondant aux questions, il doit lutter contre le chronomètre - ce qui constitue d'ailleurs la seule difficulté réelle du jeu. Un succès au quiz lui permet de "gagner" l'animal et de passer au suivant. Ce principe est donc aussi limité que répétitif, mais constitue pourtant 99 % de Animal Genius. Qu'en est-il du 1% manquant ? C'est simple : il arrive qu'en naviguant dans les menus, l'utilisateur soit confronté à une "Alerte animale". Cette dernière consiste à retrouver, parmi les animaux qui ont déjà été débloqués, celui qui a changé de milieu de vie au nez et à la barbe de tout le monde. L'intrus sera peut-être ce zèbre remporté dans la savane et qui se dore désormais sur les plages immaculées de l'Arctique ? En tout cas, ce petit jeu occasionnel reste trop anecdotique pour apporter une quelconque variété à un gameplay bien trop redondant. Animal Genius est somme toute un titre à éviter, quel que soit son âge et ses centres d'intérêt.
- Graphismes11/20
Hormis le Laby Gourmand à la réalisation ignoble et hors de propos, le jeu ne s'en tire pas trop mal sur le plan graphique. L'interface est claire et colorée, les animaux sont facilement identifiables et les photos affichent une bonne définition.
- Jouabilité11/20
La jouabilité bénéficie du stylet et du double-écran et l'ergonomie ne connaît pas de réel défaut. En même temps, les épreuves sont si sommaires qu'il aurait été malvenu qu'il en soit autrement.
- Durée de vie3/20
Le contenu est d'une extrême pauvreté. Quatre mini-jeux basiques, c'est proprement scandaleux pour un titre vendu à 30 euros. D'autant que tout l'enrobage ne sert qu'à gonfler artificiellement la durée de vie.
- Bande son8/20
Les thèmes musicaux insipides ont le mérite d'être dans le ton. De leur côté, bien qu'employées à bon escient, les voix inutilement enjouées deviennent vite insupportables.
- Scénario/
Quiz animalier sans grand intérêt, Animal Genius n'est pas sans évoquer une certaine fable de La Fontaine. Ou quand un contenu pas plus gros qu'un oeuf s'enfle pour se faire aussi gros qu'un boeuf et finit par éclater à la face de l'utilisateur, dévoilant alors toute sa vacuité. Si vous aimez vraiment les animaux, ne vous faites pas pigeonner en achetant ce titre qui vous prend pour des vaches à lait.